Coco, Colie, Lily, certains se tentent à Lelette mais on ne sait pas ce qu’il est advenu d’eux.
14/09/2005 Vierge
Femme
Son anxiété lui cause une maladie magique, causant d’insupportables infections de ses cordes vocales. Elle a aussi attrapé le Mal Moderne avant Hellébore, qui se soigne depuis qu’elle a quitté la Nouvelle Orléans
Arrivée il y a deux ans, elle a suivi une année spécilisée l’an dernier
Options Biologie Magique - Histoire - Langue druidique et des esprits
Esmerlalda (Le Bossu de Notre Dame) // Zendaya (IRL)
La magie l’intrigue comme elle la fascine. Sa famille proche n’avait aucun lien avec les arts occultes et elle voyait elle-même ça comme des histoires de grand-mères ou une quelconque pseudo science pas fiable avant qu’Ambrose vienne la chercher. Cela dit, du fait de son historique médical magique un peu tumultueux, elle a une relation assez compliquée avec le domaine. Si elle a encore les yeux qui brille face au potentiel complètement sous-côté de la magie, elle craint aussi les effets qu’elle peut avoir et ses dangers.
régime alimentaire Omnivore
phobie Agoraphobe et très, très mal à l’aise avec les insectes.
snack préféréCheerios mais c’est plein de cancer et avec ses problèmes de santé elle évite. Elle se contente de croquer des carottes crues avec toute sa haine quand elle a faim entre les repas.
boisson préférée Chocolat chaud au chamallow.
Elle apprend des langues pour déstresser. ★ Parle à différents niveaux Français, Anglais, Allemand, Mandarin, Italien, Espagnol, Japonais et ASL ★ Relation assez toxique à la connaissance et passe beaucoup de temps la tête dans les livres pour apprendre, apprendre, apprendre, tous les petits faits divers et savoirs inutiles possibles et imaginables. ★ Notions globale d’un très grand nombre de concepts mais peu de sujets qu’elle maîtrise à fond ★ Sauf l’astronomie ★ Passe ses nuits à regarder le ciel, à compter les étoiles et réciter les constellations ★ Adore bricoler et fabriquer des choses de manière générale, ★ Intérêt particulier pour la poterie et menuiserie, mais elle galère un peu avec le dernier, notamment pour trouver le matériel adéquat. ★ Weeb ★ Juge de ouf ceux qui passent leur temps à courir derrière un ballon ou on besoin d'alcool pour s'amuser.
A tendance à couper la parole aux gens ou finir leurs phrase ★ Se ronge les ongles ★ Tappe son index contre les murs / table / sa cuisse quand elle commence à stresser ★ Tape ses meilleures siestes quand elle se sent overwhelmed pour éviter les responsabilités★ Par contre dormir la nuit ? ptdr ★ Peut littéralement se tourner et partir en plein milieu d’une conversation sans rien dire quand elle fatigue trop socialement ★ Inspire fort, comme si elle reniflait quand elle ment ★ Ne regarde pas dans les yeux et aimerait qu’on en fasse de même ★ Exercices de respirations à des moments qui ont l’air random ★ En vrai c’est quand elle commence à tomber dans un cycle de pensées négatives, elle essaie de faire le vide ★
Une peau mate aux reflets dorés qui va de paire avec ses yeux clairs dont la teinte semble varier du bleu au vert avec la luminosité ★ Longs cheveux châtain foncé bouclés à tendance sèche, très épais et toujours emmêlé, elle pourrait presque y cacher des trucs dedans ★ Toujours au naturel. Elle les a lissé une fois : plus jamais ★ Longue giraffe d’un mètre soixante-dix qui grandit toujours ★ Mince mais pas du tout athlétique ★ A du muscle dans les bras tho ★ Elle se ronge les ongles ★ Jamais maquillée ★ Pas très expressive ★ Voix grave pour une fille ★ Posture très masculine ★ Aucune constance dans son style ★ Le fait est qu’elle a deux mood : les robes étoilées sophistiquées, et l’oversize bat les couilles ★
L’ouvrage de langue des esprits se clos bruyamment entre ses paumes, attirant l’attention des élèves fautifs. Un soupire résonne un peu plus loin dans le salon. Ce n’est pas la première fois, et probablement pas la dernière, que Colette perd patience pour ce genre de trivialité. Ses pieds glissent du bord du sofa à ses pantoufles restées sur le plancher grinçant du dortoir, pour la hisser jusqu’au haut de son mètre soixante-dix. Deux pas suffisent pour l’amener jusqu’au groupe coupable qu’elle toise, silencieusement, les iris fixes et les lèvres inexpressives.
“Votre dortoir est peut-être une porcherie, mais on n’est pas au manoir des aconits ici.”
“Oh, désolé”
L’élève incriminé bafoue quelques justifications, récupère ses papiers un peu honteux entre deux échanges de regards avec ses amis. Mais il y a ce moment de malaise, quand ils réalisent que la française est toujours là, stoïque. Son attention n’a fait que se déplacer des roses à ses camarades. Et tandis qu’elle fait balancer son point d’équilibre sur sa jambe droite, ses bras se décroisent pour désigner d’un mouvement dédaigneux les étudiants invités.
“Ca vaut pour vous aussi. C’est pas parce que vous les laissez sur le canapé que c’est moins crade.”
“Pardon?!” “Colette, tu pousses un peu loin, là.”
Ses prunelles roulent jusqu’au plafond tandis qu’un râle exaspéré s’échappe de sa bouche. Colette n’a pas la patience pour une autre querelle. Pas la force. Pas la motivation. Aujourd’hui aussi, elle s’est réveillée avec ce grand sentiment de vide. Cette impression d’ennui perpétuel. Cette envie de rien, qu’elle comble avec des phrases compliquées dans des bouquins qui ne sont pas de son niveau, pour faire taire les piques désagréables que lui assènent son esprit.
Et entre la fatigue de son insomnie de la veille, et les pensées obscures qui la hantent, elle est à bout, tout le temps, à fleur de peau, à chaque fois. Et qu’importe à quel point elle déteste, après coup, son comportement pète-sec et ses remarques acerbes, elles fusent comme des évidences, à la moindre irritation. Elle se laisse déborder par ses sentiments qu’elle déteste tant.
“Tsss. C’est pour ça, que je traîne jamais ici.”
Volte face brutal, sa main libre passée dans sa tignasse désordonnée, Colette quitte le salon commun, sous le regard désabusé de ceux qui ont déjà été spectateurs de ces scènes de mauvais goût. Et disparaissant jusqu’à son dortoir, elle prétend ne pas entendre les remarques de ceux qu’elle a confronté un peu plus tôt, à travers le grincement des escaliers en colimaçon.
“C’est quoi son problème à celle-là?” “Laisse tomber, elle est toujours comme ça.” “RIP les sureaux, vraiment, elle est insupportable.”
t’es insupportable, t’entends?
ça y est, tu t’amènes à la poubelle, toi aussi?
comment tu parles des gens, colette? tu te prend pour qui?
pour qui? on est clairement meilleur que ces abrutis.
Le bout de ses phalanges heurte continuellement la rampe des escaliers sur son chemin, et l’adolescente se souvient des conseils de sa cousine. Respire profondément. Inspire pendant huit secondes… et relaches longtemps, compte avec moi. Un… Deux…
Elle entre dans sa chambre, et se laisse tomber mollement dans ses draps désordonnés. Le manuel de langue des esprit vient s'empiler sur d'autres ouvrages qui trainent sur le matelas, entre notes éparpillées et crayons qu’elle n’a pas pris la peine de remettre dans la trousse qui siège dans le renfoncement de la tête de lit. Ses bras fins tremblent encore, mais elle a pu faire le vide assez vite pour ne pas retomber dans la spirale de pensées négatives. Self-control. Rester à l'affût. Ne pas se laisser emporter. Parce que c’est tellement irrationnel. Même dans ses pensées, c’est dit avec tellement de dédain.
Et elle ferme les yeux, Colette, pour essayer d’analyser. Ce qu’il vient de se passer. Ce qu’elle vient de penser. Analyser, toujours. Faits, actions, et sentiments sans distinction. Ça lui donne cette sensation de contrôle si rassurante. Parce qu’une pensée est forcément plus poussée, plus juste, plus pure qu’une émotion. La logique triomphe toujours, pense-t-elle, et pour cela, il faut donc se débarrasser de tout ce qui n’en est pas. Pour prendre la bonne décision.
Alors elle a comme ce besoin de tout savoir. Cette imbuvable madame je sais tout, puit de science qui ne cesse de déblatérer sur ses dernières lectures. Parce que derrière cet aspect froid et détaché, la jeune femme est aussi cette gamine qui s’excite pour un rien, et qui s’émerveille devant l’inconnu, les capacités jamais vues et toute nouvelle découverte. Cette passionnée de tout, qui adore partager son savoir, et apprendre de celui des autres. Et qui de ces connaissances désorganisées, tisse un tableau surprenant et coloré, qu’elle adorerait montrer à quiconque pourrait se montrer intéressé… sans vraiment y parvenir.
Lèves-toi, putain!. Retenant la porte, sa colocataire se tient contre l’encadrement de la porte et, inquiète, lui jette un dernier regard avant de consulter une énième fois sa montre. Ca fait bien trois fois qu’elle a secoué le corps mou de la française, caché sous ses draps de soi.
“Colette… T’as déjà raté le dîner d’hier et le petit-déj, et les cours commencent dans dix minutes… Si tu ne viens pas maintenant, je pars sans toi.”
Un simple grognement répond à la jeune femme, qui rétorque par un soupire exaspéré. Elle n’ose sortir la tête de sa couette que quand elle entend la porte claquer derrière son amie. Les yeux bouffis, des mèches rebelles structurant son expression coupable, la brune contemple avec dépit son incapacité à faire le moindre geste. Le mal de gorge rayonne sur ses bronches, ce matin, creuse ses poumons et rend sa respiration difficile. C’est toujours comme ça, quand sa santé mentale se détériore. Quand elle a passé trop de temps à sur-analyser la journée précédente, au point de ne pas aller se doucher, de ne pas répondre à sa coloc qui était rentrée après le repas du soir. A n’avoir rien fait, si ce n’est dormir, depuis la confrontation. Et si ça l’aurait pas empêché d’aller en cours ce matin, même si elle aurait bien eu du mal à appliquer quelque forme de magie vue la façon dont sa voix était enrouée par la maladie magique, c’était une bonne excuse pour ne pas avoir à faire face aux autres cravates bleues.
Tout le monde doit me détester, maintenant…
Parce que tu crois qu’ils pouvaient voir ta gueule, avant?
Elle profite des dortoirs vides pour se délecter des bains déserts. De l’eau chaude pour relaxer ses muscles crispés par les pensées destructives. Pour purifier son corps et son esprit, et faire face à son reflet dans les grands miroirs de la salle de bain commune. Le silence le détend, la solitude aussi. Elle n’a pas peur de tout ça, alors que, ironiquement c’est pourtant la première à souffrir dès qu’il s’agit de se retrouver seule avec ses pensées. Et il est donc temps de venir les occuper avec un peu de matière à stocker dans ses neurones. Ils sont probablement trop occupés à essayer de faire le tris de tout le bazar qu’elle a foutu dans ses méninges pour retenir quoi que ce soit, mais ça n’a pas d’importance. Elle ne cherche pas à tout savoir. Juste à se rappeler les concepts. Pouvoir dire “je sais!” quand quelqu’un aborde un sujet. Avoir l’air d’être la plus intelligente dans la pièce.
Ce besoin incontrôlable. Pas pour les autres, ou pour leur regard, pour elle-même. Elle a besoin de se prouver qu’elle réussit quelque part, et le domaine académique c’est tellement simple. Il suffit d’apprendre. Elle aimerait pouvoir brandir des 20/20, mais le système d’hellébore est différent. Ca a ce côté frustrant, mais d’un autre, aussi rassurant de pas avoir à entrer en compétition avec d’autres, ni faire face à d’autres qui pourraient la devancer.
Elle songe un instant, en faisant les lacets de ses chaussures, qu’elle devrait arrêter de penser à tout ça, et se contenter de travailler pour atteindre ses rêves, se concentrer sur la médecine magique, mais elle en est incapble. Curieuse de tout, et avec ce besoin de renouveau continue, de stimulation, Colette s’attaque toujours à quelque chose d’autre, avant d’avoir fini son projet précédent.
Mais le bruit dans les couloirs l’arrache à ses songes. Vérifications des chambres? Pas le temps de traîner, elle chope son sac, son cardigan, et ouvre la fenêtre avec énergie. Deux étages. Si elle s’arrange bien, en atterrissant sur le rebord de la fenêtre de l’étage du dessous… Elle a une assez bonne maîtrise de son corps, et une bonne forme physique. A priori, c’est gérable. Et si elle rate… L’image de son crâne ensanglanté flash une seconde dans son esprit. Pas grave.
Muffin Tim est sur le point de vérifier les présences au petit déjeuner quand elle attrape son t-shirt. Sourire plaintif, bref silence. Il a l’habitude de la voir se pointer trop tard. “Aller, pointe, qu’on en parle plus.” Mais ses cordes vocales ne sont pas en état. Et quand elle expire, fort, dans la gorge, rien ne sort. Le pâtissier soupire, et te donne une de ses préparations encore sur la table du réfectoire. “File.” Colette, elle n’a pas peur d’utiliser ses maladies permanentes comme excuse. D’utiliser par pitié pour se sortir des problèmes. Elle se fout pas mal de la morale, au fond, même si les questions éthiques sont des choses auxquelles elle aime à penser, en théorie.
L’école, vidée de ses élèves, a quelque chose de charmant, aux yeux de la jeune fille. Quand elle sèche les cours, elle aime traîner dans les couloirs. Il y a cet aspect du danger de se faire prendre qui l’amuse. Son Muffin dans une main, l’autre main bien accroché à la lanière de son sac à dos, elle écoute aux portes, elle s’aventure à droite à gauche. Des fois, elle s’acharne sur les escaliers infinis, ou part à la recherche de passages secrets. L’âme de l’exploration, de l’aventure, quand ses pensées sont sereines. Et dans ces ballades solitaires, le vent frais irlandais entre ses mèches, avec le soleil filtré par les grandes fenêtres de l’école qui réchauffe sa peau, elle retrouve petit à petit son état normal. Celui où elle peut avoir une conversation avec son cercle proche, sans crainte incontrôlable que les rires du fond de la classe lui soit destiné, que l’hésitation avant de lui répondre soit signe d’ennui. Ou elle peut plaisanter, et accabler ses amis de ses pires blagues et jeux de mots avec un sourire espiègle, les mettres au défi et s'amuser de tout. Où elle peut enfin ordonner son lit et ses affaires, se remettre à ses passe-temps, s’excuser à ses amis. Et prétendre que tout va bien, un temps, parce que c’est tellement plus simple que de se montrer vulnérable.
Peut-être attendez-vous une histoire tragique, des drames, voire même la mort d’un chaton dans cette histoire. Parce qu’on aime bien avoir une explication, quand les choses vont mal dans la tête de quelqu’un, et que vous avez été témoin des bourrasques qui font chavirer l’esprit de Colette. Vous serez probablement surpris d’apprendre qu’on est, en réalité, loin de cette tragédie qui ferait pourtant une coupable toute désignée.Notre protagoniste du jour serait probablement la première à vous le dire : rien, dans notre univers, n’a vocation à avoir un sens. “Nous ne sommes que des poussières, habitant sur un grain de sable dans le cosmos”. Et sur ce grain de sable, c’est à un endroit qu’on a choisi de nommer Nouvelle-Orléan, qu'elle a vu le jour, un quatorze septembre, il y a tout juste quinze ans.
Il faut savoir que la famille Berlioz, n’a, pour commencer, aucun rapport avec le célèbre compositeur. Si le fameux musicien venait du Sud-Est de la France, la famille qui nous intéresse, elle, a plutôt vécu au Nord-Ouest. Des fidèles résidents de la côte Normande, qui avaient bien longtemps eu comme seule mélodie celle des marins titubant sur le port en pleine nuit, et leur chansons graveleuses à la taverne. Mais ça, c’était bien, bien avant la naissance de Colette. Cependant, ces aventures du milieu du dix neuvième siècle ont pourtant bel et bien un intérêt dans notre narration.
Deux frères. Les papiers n’ont pas vécu jusqu’à notre époque pour nous rappeler leurs noms, mais nous les nommerons par commodité Jean et Michel. Probablement qu’une lectrice à l’esprit tordue le lira Jackie et Michel au moment de valider ces écrits, allez savoir. Mais je me dédouane de toute responsabilité dans cette déformation. Bref, on s’égare déjà, et on n’est qu’en dix-huit-cent-trente-six. Dire que je voulais faire court…
Jean et Michel, malgré leur complicité, étaient deux individus fort différents, et s’ils n’étaient pas nés de la même mère pour leur inculquer les mêmes valeurs et leur mettre un coup de tatanne dès qu’ils commençaient à se chamailler, ils n’auraient assurément jamais pu se supporter. Jean était un rêveur, un homme doux et optimiste qui rêvait d’aventures, de découvertes, du Nouveau Monde. Michel, lui, c’était plus ton oncle un peu raciste au repas de famille. Toujours là pour critiquer, pas vraiment ouvert d’esprit, et surtout convaincu que c’était mieux avant. La différence avec ton oncle raciste, en revanche (enfin, j’imagine, je suis pas allé lui taper la causette), c’est que Michel était quelqu’un de brillant, malgré ses idées bien arrêtées. Je veux dire, il avait appris à lire à l’Eglise, comme à peu près tout, d’ailleurs, et à l’époque, on prônait pas tout à fait la tolérance. Et soyons honnête, il n’était pas non plus un exemple d’empathie et d’humanité.
Les enfants Berlioz n’étaient jamais d’accord sur rien, et forcément, quand leur petite maison dans la périphérie du Havre dû être détruite pour la construction du chemin de fer reliant la ville portuaire à Rouen, ils ne s'accordent pas sur quoi faire. Jean voulait en profiter pour partir, loin, tandis que Michel ne voulait pas de bouleversement dans sa vie, ni même quitter sa petite paroisse. Et l’un comme l’autre savait que le sacrifice que devrait faire son adelphe pour rester à proximité finirait par les éloigner plus encore. Alors leur chemin s’est séparé en 1845, avec une promesse de ne jamais cesser de s’écrire.
Bien que indiscutablement plus passionnantes que l’histoire que je dois vous compter, je vais faire l’impasse sur les aventures de Jean, et des échanges épistolaires des ancêtres berlioz à l’époque où on imprimait seulement les premiers timbres de l’humanité. Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il ne tarda pas à s’installer en Louisiane, dans une ville fréquentée par une certaine Marie LaVeau. Le nom de Berlioz disparut pourtant vite des Amériques. Par un enchainement de circonstances que l’on ne détaillera pas, une balle perdue emporta une des testicules du français expatrié, le laissant ainsi incapable de produire un héritier. En revanche, cet accident eut pour répercussion de rendre d’autant plus fort le lien de ce dernier avec sa fille unique, qui prit le relais des échanges postaux avec son oncle à la mort de son père. Puis avec son cousin quand ce dernier rejoint son frère dans la tombe. Et croyez-le ou non, mais ces échanges ont duré pendant plus d’un siècle. Pendant cent cinquante ans, des générations de Berlioz se sont présentées, ont raconté leur quotidien, sans jamais se rencontrer, au travers de longs courriers transatlantiques, et ont passé le flambeau à leur descendance.
Cent cinquante ans, si t’as fait le calcul, ça fait jusqu’à 1995, si t’as bien fait le calcul, et c’était pas tout à fait le “il y a tout juste quinze ans” dont je parlais plus tôt, à mon grand désarroi. Mais ne t’inquiètes pas, Invité, on y est quand même presque. T’as fait le plus gros.
Dix ans avant la naissance de Colette, ses parents ont tous les deux quitté leur France natale pour obtenir une licence à l’Université de la Nouvelle Orléans, Louisiane. Si on voit comment l’héritier de Michel a choisi cette faculté, Céleste Payet s’est un peu retrouvée là par hasard, disons-le. Si on aurait pu invoquer la proximité géographique avec Fort-De France, ça serait oublier que la liaison entre les deux n’est pas des plus simple à effectuer par avion. La vérité, c’est que tout ce qu’elle voulait, c’était un MBA de n’importe quelle école américaine qui la prendrait pour faire bien sur le CV. Pas nécessairement rencontrer l’homme de sa vie.
Bref. L’histoire est assez longue comme ça, donc on va aussi éclipser les histoires romantiques que Ernest et Céleste (oui, presque comme le livre pour enfant, vraiment, le destin), bien qu’elle soit franchement adorable. Mais tout ça pour dire que : nous y voilà, huit paragraphes plus tard, au début de la vie bien monotone de Colette. Maman a bien sué, vu que quelques semaines avant la venue au monde de sa première fille, Katarina avait frappé la Nouvelle Orléan avec une force jamais enregistrée en Amérique. Hôpitaux débordés, maison de la famille éloignée d’Ernest ravagée, l’accouchement se déroule sous la supervision de l’une des “tantes Berlioz”, Maple Keller.
Maple n’est pas médecin, disons-le. Ni sage-femme. Elle n’a, à vrai dire, aucun rapport avec le monde médical. Maple est une sorcière, comme pas mal de membres de sa famille. Elle ne pratique pas la magie du vieux continent, cependant, mais les Arts Vaudoux qui se passent de générations en générations.Elle ne vit pas de la sorcellerie, parce que l’époque est passée, mais s’en sert occasionnellement, bien que sa pratique se fasse de façon la plus discrète, tant qu’elle n’est pas nécessaire à ses proches. Et faute de pouvoir accéder à la médecine traditionnelle qu'il aurait aimé Céleste pour accompagner l’arrivée de sa fille, c’était tout de même mieux que rien.
Ce n’est que quatre ans plus tard que les Keller quittèrent la maison qui les avait hébergé depuis le cyclone, avec l’arrivée d’un second petit Berlioz. On aurait eu du mal à entasser Sage, Colette et les deux cousines de douze et quatorze ans dans la même pièce. Cela dit, ça ne sonna pas la séparation des deux familles pour autant. Colette était faiblarde, depuis toujours. Souvent malade. Pas grand appétit. Les antibiotiques n’y faisaient pas grand-chose, et puisque les symptômes relevaient plus du coup de froid que de quelque chose d’inquiétant, on se contentait de l’envoyer chez Maple quand ça allait pas, pour qu’elle garde un œil sur elle pendant les heures de travail.
L’air de la campagne semblait lui faire du bien, à chaque fois. Elle revenait en forme pour les deux semaines suivantes, avant que la situation se remette à se dégrader sur sept à dix jours, retourner un week-end dans la périphérie, pour faire son retour à la maison presque guérie… Vous avez compris le principe. Ce manège dura longtemps. A vrai dire, jusqu’au décès de Maple. Le médecin avait dit crise cardiaque. Mais ses filles étaient persuadées que c’était une vengeance de la sorcière du bout de la rue. D’après elle, elle ne cessait de se disputer avec leur mère depuis quelques mois et le ton avait rapidement monté depuis quelques semaines. On avait retrouvé des rats morts dans le jardin et chaque jour un nouveau corbeau apparaissait sur le toit jusqu’au jour du décès, ou les treize animaux disparurent, tout d’un coup.
Colette avait dix ans, et déjà l’âge de ne plus “croire” à ces bêtises. Oui, la sorcellerie avait existé, elle avait mêem essayé quelques fois avec ses cousines, mais les malédictions? C’était plus quelque chose qu’on faisait, si? Son père lui disait souvent : les gens cherchent des explications où il n’y en a pas, parce que ça fait du bien de penser que tout à un sens. Et elle aimait le discours cartésien de son paternel. Elle aimait sa logique, sa clarté, son nihilisme éclairé. Même s’il n’a pas trouvé de travail en relation avec son doctorat en philosophie, l’homme est le modèle de la fillette. Elle veut tout le temps le suivre au bureau, regarder les étoiles avec lui, écouter les contes mythologiques qu’il connaît sur le bout des doigts.
Mais le mal ne disparaît pas. On se demande si on ne va pas déménager un peu plus en périphérie, chez les Berlioz, mais ça serait compliqué pour Céleste de continuer de faire vivre son entreprise dans ces conditions. Les douleurs sont de plus en plus fréquentes, de plus en plus intenses. Colette ne va presque plus à l’école. L’isolation ne lui fait pas du bien. Et l'hospitalisation qui finit par suivre est le début des problèmes.
Au début, toute sa classe venait lui rendre visite. Par groupe de deux, régulièrement. La compagnie était agréable, malgré sa tendance naturelle à apprécier la solitude. Ça changeait du scrolling infini sur le net, à attendre que les heures passent en regardant des vidéos sur youtube. A apprendre le français pour comprendre les discussions secrètes de papa et maman. Et si les discussions semblaient appréciées par tous au début, quelque chose à vite changé dans le comportement de ses camarades. Au début, sans qu’elle ne sache vraiment de quoi il s’agit. Puis, petit à petit, de plus en plus visible, évident.
Elle voyait les élèves arriver en riant, dans les couloirs de l’hôpital, et étouffer leur sourire en passant la porte. Ils posaient toujours les trois mêmes questions en arrivant. “Tu vas mieux?”, “Tu as eu des interventions?” et “est-ce qu’ils savent ce que c’est, maintenant?”. Puis, une fois les réponses énoncées, les mêmes que la semaine précédente, le silence prenait le relais. Des fois, quand elle essayait de relancer un quelconque échange, on finissait par lui reprocher à mi-mot de ne pas être à l’école. On lui disait à quel point elle avait de la chance de ne pas avoir à venir. Et quand sa voix a fini par s’éteindre, six mois après son admission, une de ses anciennes amies lui a finalement demandé, en refaisant son sac une fois son interrogatoire terminé : “tu pourras dire au professeur que je suis restée jusqu’à 17h? J’ai des amies à voir.”
Quand son professeur est venu en fin de semaine lui donner les copies, elle a posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis trop longtemps. Et, sans surprise, la réponse était oui, ses camarades étaient obligés de venir la voir. De prendre de ses nouvelles et d’en informer la classe à tour de rôle. Elle n’était pas en colère, pourtant. Colette a juste hoché la tête, et murmuré un “je vois”. Elle a remercié son professeur, et lui a dit qu’elle avait besoin de repos. Et sa situation s’est par la suite violemment aggravée.
Le reste, elle n’en a que des souvenirs flous. La fièvre constante, presque délirante. Les journées entières plongées dans le sommeil. Les appareils qui sonnent à tour de rôle. Un coup la fréquence cardiaque, un coup le taux d’oxygène. Le Mal Moderne ne lui a rien épargné, mais elle n'a appris le nom de la maladie que quelques mois plus tard, quand Ernest & Céleste finirent par faire le choix de partir dans la campagne française. Les factures médicales du Nouveau Continent était bien au-dessus de ce qu’ils pouvaient se permettre, et en tant qu’expatriés, c’était devenu ridicule de ne pas rentrer au pays.
Pont-l’Evèque est une de ces toutes petites villes de quatre milles habitants en Normandie qui, étrangement, a son propre hôpital. Une ville sans caméra à tous les coins de rue, sans panneaux publicitaires digitaux, sans lumière allumée en permanence, sans smart-xyz. Et une fois passé le rapatriement, les symptômes commencèrent à s’adoucir. La fatigue, la fièvre, les vertiges, les nausées, convulsions, tout s’arrêta en l’espace d’un mois. Mais ces étranges douleurs à la gorge, elles, n’étaient que plus intenses.
Quand on finit par lui laisser reprendre une vie de jeune adolescente de son âge, Colette est comme perdue. Dans un pays qu’elle ne connaît pas. Dans une école où on parle une langue dont elle ne maîtrise pas toutes les subtilités. Et les gens… ils la terrifient. Ce n’est pourtant pas dans leur regard. Pas dans leur façon de lui parler. Pas dans leur intonation ni leur choix de mot. C’est dans sa tête, que quelque chose cloche. Après quinze mois d’isolement, la simple présence de ces personnes la paralyse. Et chaque fois, lui rappelle cet évènement.
Je me rends compte que j’ai complètement échoué dans ma mission de “faire court”. World counter m’indique qu’on en est à quelques 11 minutes de lecture à voix haute, alors pour préserver les cordes vocale de la personne qui sera chargée de cette lecture, et ne pas rentrer plus que ça dans les problèmes de Colette, je vous propose qu’on fast forward à l’arrivée d’Ambrose. Comment s’est-il retrouvé dans un village du fin fond de la Normandie? Allez savoir. Pile pendant que les cousines Berlioz et leur connaissance superficielles de la étaient en vacances? Oui, la coïncidence est frappante. Mais elle était probablement nécessaire pour que cette histoire arrive à son terme. Pour ne pas qu’on ait écrit tout ça, juste pour terminer en disant que la demoiselle refusa de rejoindre l’académie et vécue une vie recluse et triste, limitée par la maladie, son incapacité à aller vers les autres et l’anxiété.
C’est donc à l’âge de treize ans, que la française fit son arrivée à Dunleen. Et si sa santé psychique est toujours là pour faire vivre sa maladie magique, le Mal Moderne a lui, complètement guéri en une année à Hellébore. Et, espérons-le, le reste finira peut-être, lui aussi, par s'apaiser avec quelques années supplémentaires.
Dernière édition par Colette M. Berlioz le Mar 3 Nov - 17:43, édité 11 fois