Esprit, tu nous entends ?
Si tu nous entends :
emmerde plutôt Iseut stp.

Les mots de sa rivale percutèrent les oreilles indiscrètes de Jemma alors qu’un secret était découvert : elle donnait rendez-vous à Camille le soir-même pour explorer le dortoir abandonné. Celui que l’Helvelle s’était toujours attachée à éviter.

Sans aller jusqu’à admettre que le bâtiment lui filait les miquettes, elle discutait volontiers des rumeurs au sujet de l’endroit, et était donc au fait des explorations qui avaient déjà eu lieu. La blonde souhaitait à tout pris s’éviter maux de tête et saignements de nez supplémentaires – comprendre «  en plus de ses habituelles gueule de bois. » Et qu’est-ce qu’elle aurait été y faire, d’ailleurs ? À Hellébore, on enseignait quand même une matière nommé «  langue des esprits », ce qui voulait bien dire ce que ça voulait dire. Malgré son absence d’expérience en la matière (et l’absence de bonnes notes dans celle-ci comme dans les autres), Jemma n’avait aucun doute : les esprits, ça existait. Alors, quand elle cherchait un coin tranquille où batifoler avec sa dernière conquête, elle optait plutôt pour un endroit où Casper le fantôme pervers ne serait pas là pour assister au spectacle.

Mais si Iseut avait décidé de faire encore son intéressante, ça changeait tout ! Arrivée deux ans auparavant, la meilleure élève des Sureaux s’était vite imposée comme son adversaire principal ; dès que leurs regards s’étaient croisés, le sang de Jemma n’avait fait qu’un tour. Pimbêche de la pire espèce, l’ado – que disait-elle, la petite fille – s’était immédiatement targuée d’être la plus intelligente, la plus maligne, la plus belle… sans penser une seconde que la place pouvait être déjà prise. Notre héroïne, princesse originelle d’Hellébore désormais rongée par la rancœur, tentait inlassablement de la remettre à sa place, tout en évitant les jets de venin. Alors, si l’ennemie numéro un s’intéressait au dortoir…

Qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir à trouver, dans ces ruines ? Est-ce qu’elle avait mis la main sur un rituel pour asservir un fantôme, ou un truc du genre ? Cette pensée rendit Jemma tout à fait jalouse (elle aussi voulait bien d’un majordome invisible, qui lui servirait des cocktails et ferait léviter les objets divers qu’elle était censée faire léviter en cours d’enchantements). Et pourquoi est-ce qu’elle emmenait Camille avec elle, ça avait un rapport avec la divination ? À nouveau, les joues de la blonde se teintèrent de rouge lorsqu’elle pensa que cette sorcière (littéralement) allait essayer de monter sa pote contre elle. Camille n’était pas sa plus proche amie mais, tout de même, c’était un allié de taille dans son apprentissage de la seule matière à laquelle Queen Gem s’intéressait. Si Iseut croyait pouvoir retirer son atout à la reine, elle se mettait le doigt dans l’œil jusqu’à l’épaule.

Si quelqu’un avait eu accès aux pensées de l’Helvelle un peu plus tôt dans la journée, il aurait donc aisément compris la raison pour laquelle elle s’était retrouvée en pleine nuit près du porche du dortoir laissé à l’abandon. Accroupie dans l’herbe et dans un ensemble sombre et fitté de chez Prada, la jeune femme faisait claquer nerveusement l’ongle manucuré de son pouce entre ses incisives, guettant ses deux comparses. Au-dessus d’elle, le bois de la bâtisse craquait et le vent s’engouffrait par les trous aux fenêtres dans un hululement presque animal, aussi Jemma espéra-t-elle que les deux autres n’étaient pas déjà entrées.

Elle, qui ne perdait aucune occasion de vanter son courage et sa force de caractère, n’aurait sûrement pas le courage de s’aventurer à l’intérieur toute seule.

Comme promis je poste aujourd’hui
car je n’ai qu’une parole  
On commence soft pour l’instant, mais dès que vous-savez-qui va arriver, ça va devenir folklo