Aloïs est tout sauf un ange. Ca se voit à sa tête. C'est marqué sur son front " je vais t'entuber sévère ". Avant d'aborder la partie dramatique de sa vie, Al' s'est forgé un tempérament bien ancré dans la réalité : cynique, caustique, même si la magie existe, il ne croit pas en une quelconque forme d'amour et méprise les humains, ainsi que certains types de sorciers. Il est assuré que le monde va s'écrouler a cause de la cupidité et de la trop grande vague d'egoisme humaine.

Alois c'est le genre de gars qui surprend, toujours, tout le temps. Tu te dis à sa vue qu'il va encore t'agripper par le bras et jouer les lover ou les gros lourds, mais il peut très bien te ghoster et tracer sa route. Son humeur est un tantinet changeante, notamment parce que malgré ses longues années à Hellebore et sa cruelle mauvaise foi car assuré d'avoir évolué et mûri, il lui est encore difficile de se comporter en une seule et même personne. Le fait de se transformer en Cerf l'a invité à reconcevoir le monde et à apprendre à aimer un monde trop méconnu de l'homme.

Il a developpé son caractère à la sueur de ses fanfaronneries, à coup de 400 coups faits aux profs ou aux élèves, et surtout aux élèves trop propres sur lui. Il déteste les binoclards, pour commencer. Les premiers de la classe et les arrogants peuvent aller se brosser, martine.
Ensuite, il ne se retient jamais d'être aussi lourd que graveleux avec la gente masculine ; ca lui permet de déculpabiliser son attirance exacerbée pour le genre masculin, d'autant que même si le désir est là, il ne connait rien à la sexualité et bien que grande gueule, c'est celui qui en dit le plus qui en fait le moins.
Avec la gente féminine, Aloïs est diantrement plus classe et chic. Il est même trop beau pour ces dames.
Il est surtout souvent recallé parce que les filles s'aiment trop entre elles, c'est si injustes

Mais Al' est en vérité quelqu'un de foncièrement fidèle, dissimulant des sequelles profondes et graves, qui le rongent à chaque instant. Le désir de devenir animal est chaque jour plus puissant, plus prenant, plus envoutant. Adieu les responsabilités à venir, adieu monde hypocrite, adieu tout court. Il aime la sensation de brume sur ses naseaux lorsque l'aube se lève, il aime sentir l'air caresser ses bois, et il aime par dessus tout découvrir la faune animale. .. ce qui l'éloigne de plus en plus des sentiments humains. Et de tout ce qui touche au rationnel.

Terminons sur une note plus joviale, quoiqu'un peu awkward. Si Aloïs est bien entouré, c'est parce qu'il s'intéresse à tout le monde. C'est l'antagoniste du timide intellectuel introverti. Il aime à se glisser au dessus de ton épaule pour te susurrer des insanités, ou te faire "bouh!" , il est le genre à te dessiner des moustaches à l'encre indélébile quand tu dors, il adore spoiler, tout spoiler, tu voulais connaitre la fin de ta série préférée, il lâchera la bombe. Et il tient un carnet dans lequel sont repertoriés la plupart des noms des élèves de l'ecole, sur lesquels il enquête h24 pour passer le temps, parce que le pauvre gosse s'ennuie à mourir. A part étudier, il ne lui reste que stalker ceux qui l'entourent, et casser des couples, lâcher de fausses rumeurs sur autrui ou juste... être méchant.

Et.. si bagarre s'ensuit... il trouvera toujours le moyen de jouer la victime.

6h49.
L'horizon est flamboyant de teintes chaudes et sombres. Le son des pinces sur l'herbe sont calfeutré, bien malgré le poids de l'animal. En levant la tête, il n'apercoit que la fuite d'un monde nocturne, les ombres vespérales s'échappant de la lumière. Il sait que son retour se fera en trainant la patte. Lorsqu'il entend un son d'un rouge-gorge, que le chant s'entame, le cerf brame. De toute ses forces. D'abord ses cordes s'enraillent, mais ensuite le roi de la forêt se fait entendre de ses pairs jusqu'au confin des bois. Puis,quelques secondes plus tard, quelques réponses de la part de divers êtres sylvestres se font entendre.
L'apaisement est tel qu'il se refuse à retourner en arrière. Il lui arrive de se demander si le point de non-retour est passé. Les flash de sa vie magique et d'une jeune fille sèment le doute, une énième fois. ...
En se retournant, ses pinces se ramollissent, pour se transformer en chair humaine. Le corps reprend forme bipède. Singe. Homme. Jeune homme pour tout dire. S'il revient dans sa nudité la plus exquise, le jeune éphèbe n'a qu'un mot à scander pour que ses vêtements réapparaissent. Aloïs les affectionne bien assez pour ne pas avoir envie de les déchirer à chaque transmutation corporelle.
Il le cache bien malgré l'absence complètement d'hommes dans les parages, mais ses doigts sont recourbés et contractés avec une tonicité douloureuse des muscles mais aussi des os. Quand bien même il lui est aisé de se transformer en son animal totem, il ne sait si l'ancien rejet de cette malédiction ou ses tatouages runiques altèrent la sensation de la transmutation et empêchent la douleur indicible de lui vriller le corps.
Ces sauts dans l'espace animalier et la souffrance qui l'accompagne l'aident cependant à marquer le pas entre ce qu'il est et ce qui l'appelle. Il ne sait pas encore quand... mais le jour de la libération est proche. Il n'en a parlé à personne de son désir de les abandonner tous. .. mais il se persuade qu'on l'oubliera les jours qui suivront son départ.
"Bonjour, j'aimerai commander une pizza sans gluten svp"
" Bonjour, .. euh.. une pizza sans gluten ?"
" Oui, une pizza sans gluten s'il vous plait."
" Mais... je.. attendez, je reviens, ne quittez pas."
Aloïs serre les dents comme jamais pour empêcher la menace d'éclater de rire.
" T'as pas mal à la tête ? "
" Chut, ta gueule"
"Monsieur ?"
"Oui ?"
"Je suis desolée, nous n'avons pas de pizza sans gluten."
" Alors, j'aimerai une pizza sans la pâte svp."
"....." "............" ..."....................."... "je vous fais une salade ?"
" Non, une pizza sans la pâte. La sauce tomate, faites la bien carbonisée pour qu'elle soit aussi dure que la pate"
La conversation ne put continuer lorsqu'une main attrapa le telephone et mit fin à ce qui semblait être une conversation douloureuse.
" Ptaiinn, t'es impitoyable avec elle !"
Mais avant même qu'il ne le lui fasse remarquer, le chatain était aux proies à l'hilarité la plus totale. Il avait bel et bien mal au crâne, mais c'était toujours meilleur de prendre les gens pour des billes, et le rire guérissait de tout.
Ahhh, les aconits. Le cervidé avait bien choisi sa classe. Son monde. Aloïs n'avait pas l'air de souffrir d'un moindre mal. Et jamais ce dernier était seul. Dra-couille dormait toujours au creux de ses bras, entourés de multiples veilleuses afin d'éviter de se retrouver seul, et dans le noir.
Siobhan lui manquait. Enormement. Mais o grand jamais il irait lui dire la vérité. Garder un oeil sur sa soeur était tout ce qu'il pouvait faire en hommage à leurs dix ans de relation fusionnelle. Et au sang qu'ils partagent.

Aloïs avait hérité du nom de "monstre à la pupille carré". Une ou deux fois l'anomalie s'était présentée à des étrangers. D'abord la sage-femme, quelques jours après sa naissance ; puis avec Arthur, l'un de ses copains. Heureusement, sa soeur jumelle avait toujours été là pour le défendre et prétendre à des fantasmes de la part des autres. Aloïs devait être normal. Pourtant, ce dernier avait surpris un soir d'automne, une conversation des parents Kristjan. Il apprit cette nuit-là  l'existence d'un sceau qui le retiendrait de libérer une sois-disante malédiction. S'ils avaient vu la tête du gamin au moment où il entendit ça, ils ne s'en seraient pas remis. Les yeux exorbités, les sourcils défiant les lois de la gravité avec le front.
L'information tourna, tourna et tourna encore  dans sa petite caboche, bien malgré l'égrènement des jours. Il n'en dit rien à sa soeur, mais elle comprit néanmoins l'entourloupe. Al' ne vivait de toute façon que pour elle, et comme aucune manifestation de malédiction ne s'était présentée ni à lui, ni à elle, rien ne paraissait les empêcher de vivre leur vie comme des enfants normaux.
Pourtant. 11 ans.
Des cornes firent leur apparition sur le haut de sa tête. Très légères, très petites, la classe entière l'avait appréhendé avec cette émotion qui terrifie aujourd'hui Aloïs. La peur. Le dégoût. Le rejet. N'être pas comme les autres, ou être différent. C'était un caractère dont il voulait se passer. Etre populaire en classe, tirer les cheveux des filles, avoir les meilleures notes, tout en choyant sa soeur, voilà ses seules motivations de l'époque. La pupille carrée s'était tout de même rajoutée à la vision des camarades de classe quelques jours plus tard, qui obligèrent ces dernier à les délaisser, lui et sa soeur. Aloïs s'en voulut de savoir sa soeur abandonnée de ses amies, à cause de lui. ... outre leurs brimades et la véhémence de leurs propos plus que déplacés.
Les parents Kristjan furent informés de tout cela avant même qu'Aloïs ne daigne le leur avouer et, les enfants firent la connaissance d'Ambrose six mois plus tard pour apprendre l'existence d'une école de magie qui les accepteraient, elle, lui et sa tare.

La suite dans le prochain épisode de « Aloïs et ses magouilles ! »