Mauvaise parodie d’une dualité à la Dr Jekyll & Mister Hyde, adolescent turbulent wannabe excentrique mal assumé, Sylvester enfant sauvage est inconstant (et non pas incontinent).
Bagarreur s’il le faut, casse-cou & va-sans-peur, il nourrit sa curiosité maladive à l’aventure au pied levé, aux longues balades quand l’envie l’en prend, dans la nature. Il aime s’enfoncer aussi loin qu’il le peut dans les bois, s’écarter des sentiers battus, sauter de pierres en pierres et s’allonger à la cime des arbres, entres les racines tortueuses et rassurantes, comme les bras d’une mère qui accueille un enfant. Si à l’aise en extérieur, à grimper dans les arbres, courir dans les hautes herbes et marcher dans les ruisseaux qu’il en devient maladroit, gauche et veule en intérieur ; comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, comme un albatros sur le pont d’un bateau.

Il préfère la nuit au jour, l’obscurité ténue & la lumière de la lune, les astres et constellations qui dansent dans le ciel au bleu d’un ciel dégagé de nuages & transpercé de rayons du soleil. À moitié insomniaque, il passe une belle partie de la nuit à lire assis sur l’encadrement d’une fenêtre, discuter sur les toits avec le club des insomniaques et autres couche-tard, ou encore se bricoler un sandwich au cheddar dégoulinant incrusté de noix de cajou au curry.
Il n’a certainement jamais vu plus d’une dizaine de fois dans sa vie le soleil se lever, puisqu’il s’endort systématiquement un peu avant que les premiers rayons pointent à l’horizon. Athlète de haut niveau en matière de sieste, il est doté de l'incroyable capacité de s'endormir n'importe où , dans n'importe quelle position. On pense d'ailleurs que sa facilité à apprendre la langue des monstres lui vient de la diversité des grognements qu'il est capable d'émettre si l'on vient à le réveiller au moment inopportun.

Faux introverti, il a l’air lent, à l’ouest, un peu bêta, pas bavard. Il aime bien cultiver cette image de mollasson rêveur, et toute la paix qu’elle peut lui procurer ; et sous les apparences, il peut soutenir de longues conversations quant aux sujets qui lui tiennent à coeur, ponctuer ses phrases de grossièretés & vulgarités, voir même de renvoyer la balle dans un concours de punchline. Vif d’esprit selon la position du soleil dans le ciel, c’est un gentil moqueur, qui vous nargue d’un sourire-rictus sans mots.
Peu adroit quand il faut avoir la bonne réaction au bon moment, il est persuadé que prendre quelqu’un dans ses bras est la meilleure des thérapies qu’il puisse offrir à la colère, la peine et l’angoisse ; et que la fuite est une réelle solution face à la crise.

Un jour il a disparu dans la forêt et ça a été un drame. Il en veut un peu à ses parents de l’avoir nommé d’après Sylvester Stallone, et déteste qu’on lui chante The eye of the tiger.

Sa mère a épinglé sur la porte de sa chambre l’article de la gazette locale qui relate l’étrange épisode de sa disparition dans les bois, quand il avait 9 ans. Il a arrêté de décrocher la feuille de sa porte, puisqu’il sait que presque comme par magie, elle réapparaît quelques heures plus tard.

Enfant bagarreur, rapidement craint des autres gamins du village, il a passé une grande partie de son enfance paisible à parcourir la forêt et longer la rivière, à la recherche des nombreux trésors, plumes d’oiseaux, glands, coquilles d’oeufs, cartouches de fusils, champignons & fleurs fanées,…  Ils emplissent ses poches et débordent, ils envahissent pêle-mêle, toute surface disponible dans la petite chambre mansardée qu’il occupe dans l’appartement de ses parents, juste au dessus de l’épicerie qu’ils tiennent comme un bataillon perdu dans une guerre face aux grandes surfaces.

Sale môme fugueur, il se planquait dans les bois à la moindre contrariété, quand ses parents venaient à se disputer, ou que ce qu’il étudiait à l’école le dépitait. Souvent trouvé par les chasseurs, dormant entre les racines d’un vieux chêne pluri-centenaire, couvert de boue, il était ramené les larmes aux yeux chez lui, et puis privé de sortie.

Sa rencontre dans les bois avec Ambrose ressemble à un film d’aventure pour 6-10 ans ; quand il est tombé nez à nez avec un type qui lui racontait de si jolies choses, son premier réflexe a été de prendre la fuite.
Mais il ne regrette pas d’avoir été à l’encontre de toutes les précautions soigneusement inculquées par sa mère, et d’avoir plongé dans le monde merveilleux de la magie. À chaque fois qu’il entre dans le dortoir des helvelles, drôle de bicoques envahie de végétation, il ressent cette vague de chaleur réconfortante au creux du ventre ; il sait qu’il est là où il devrait être.

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