i will be brutal
identité ;
ciarán hennessy, l'irlande injectée dans la moindre syllabe de son patronyme. on l'appelle parfois cia (prononcé kee).âge et date de naissance ;
dix-neuf ans, premier avril.origines ;
inconnues, orphelin ramassé au détour d'un refuge par un couple homosexuelascendance ;
l'appel de la nature, méphitique et brutal.genre ;
masculin.orientation sexuelle ;
pansexuel.maison ;
helvelles, plus pour l'ambiance que les matières étudiées. il trouve, dans l'indépendance réhaussée d'idéologie familiale, une domesticité rassurante plutôt qu'étouffante.année d'études ;
neuvième.depuis ;
ses quatorze ans. juste assez de temps pour que le collège l'accable.options choisies ;
langage des monstres et biologie magique.son impression sur ambrose ;
réticence affectueuse - ambrose a l'allure d'un messie, l'aspect sibyllin d'un prophète, et c'est ce qui irrigue les veines de ciaran d'une certaine appréhension. c'est comme un mauvais pressentiment, un instinct que tous les autres étouffent dans l'oeuf. à terme, ambrose l'a extirpé des mains inexpérimentées d'un couple perdu et, en cela, la dette est pérenne.son avis sur la magie ;
si la magie en elle-même fait partie intégrante de sa vie, c'est une aubaine nécrosée - car dans ses artères circule un venin méconnu, générant pulsions et sentiments désagréablement sauvages. sans solution pour lui venir en aide que l'abandon de sa précieuse humanité, ciaran estime que la magie est insuffisante en tant que telle.avatar ;
ekko - league of legends + jaden smithsigne astrologique ;
bélier.catalyseur ;
ses propres mains.matière favorite ;
langage des monstres, biologie magique.familier ;
il n'a pas encore osé tenter l'expérience, mais y réfléchit depuis longtemps.particularités physiques ;
aveugle d'un oeil, par-dessus lequel est peinte une énorme croix bleue. il en a perdu l'usage avant l'adoption et, si le temps a brouillé les souvenirs, le mal était fait - aussi a-t-il décidé de tatouer - à l'avènement de l'adolescence à même son visage - un rappel, constant, de ce que son passé lui a coûté. sa langue est percée, en plus des cartilages de ses deux oreilles. il est toujours habillé d'un élément jaune vif ou violet électrique - généralement une écharpe, ou un bonnet, en plus d'un casque bluetooth qu'il ne quitte presque jamais.sa façon de porter l'uniforme ;
non sans tout un tas d'accessoires variés, entre bracelets, bagues, épingles à nourrice et autres chaînes en tous genres.groupe sanguin ;
b+.tics et manies ;
fumeur endurci incapable d'arrêter. autophage à en avoir les lèvres constamment sanguinolentes. à défaut de se ronger les ongles, il arrache la peau autour. tendance à se gratter jusqu'au sang s'il reste trop longtemps humain.passions ;
tout ce qui a trait à l'art, entre dessin et lyrisme. parolier amateur de rap, sans qu'il ait l'intention de concrétiser quelque carrière que ce soit. mixe aussi, assez discrètement. il n'est rien qui lui fasse plus plaisir que de s'enfoncer dans la forêt et d'y faire une sieste, cependant.phobie ;
claustrophobe aiguë, incapable de dormir si sa fenêtre n'est pas grande ouverte. phobie sociale qui entre en collision sévère avec le besoin primal de réunir une meute. une autre peur, plus pernicieuse mais pas moins brutale, le tétanise à l'idée d'être abandonné.but ;
chercheur en biologie magique.rêve ;
guérir.régime alimentaire ;
omnivore, quoi qu'aux tendances carnivores prépondérantes.snack préféré ;
tout bonbon particulièrement acide, de type têtes brûlées.boisson préférée ;
jus de mangue et de goyave.→ quasiment incapable d’obéir, animal dans son insoumission ; pour qu’il reconnaisse l’autorité d’un autre, il lui faut l’inscrire dans une hiérarchie bien précise. en cela, il ne respecte ses aînés qu’une fois qu’ils ont prouvé l’avoir mérité - et s’est souvent vu finir le nez ou les côtes fêlés.
→ pas susceptible pour un sou, partisan de la franchise brutale et des mots durs. ciaran ne mâche pas ses discours, mais se trouve en deçà de sa violence un ami loyal et féroce, quoi que légèrement envahissant.
→ plutôt petit, le mètre soixante-dix à peine effleuré par ses dreads. il se lamente de sa taille, mais la compense au détour d’un physique ciselé par ses soins. le trop-plein d’énergie est souvent dépensé dans divers sports, en plus d’excursions régulières au creux de la forêt la plus proche.
→ il sent le feu de bois et la pomme au four, sans réellement savoir pourquoi.
Animal blessé - Ciarán est un survivant. C’est percevable dans le sursaut de ses doigts, arrimé à une faim de vivre intarissable ; et si les rouages se dérèglent, machine infernale à la mécanique boiteuse et cap vers le Styx, c’est l’instinct écoeurant de la bête qui prend le pas, qui l’extirpe d’un brasier dans lequel lui-même s’était jeté.
Ce qui détonne, à la vue timide du mioche, c’est la croix azurine courant le long de son visage ; c’est l’oeil infirme, appliqué à suivre vainement son jumeau sans qu’il n’y brille la même lueur ; c’est la torsion mauvaise de son nez, mal réparé à force de se le faire péter ; c'est la longueur, parfois, des canines pointant au-delà des lèvres charnues, si perlées qu’on en devine la coupure d’un simple coup d’oeil.
Ciarán a toujours l’air amoché. Il y a toujours un bouquet de sang qui l’entoure, parmi ceux du feu de bois et de la pomme enduite de miel - toujours une ecchymose fleurie quelque part, la mâchoire douloureuse ou les doigts tordus, tachés vermeil. Ce qu’il dissimule derrière de larges sourires insouciants, c’est qu’il en est souvent le responsable ; c’est lui qui s’ouvre les ongles quand ils poussent trop longs, lui qui s’enfonce le crâne dans un mur pour repousser le molosse et lui, lui, toujours lui qui provoque les plus enragés en dépit des risques - en raison des risques.
Dans le creux faisandé de sa cage thoracique pulse un cœur sauvage, dégoulinant de haine ; envers lui comme le monde, Ciarán hurle à une lune aphone et en dévorerait les étoiles si ça pouvait panser ses plaies. La frustration d’un névrosé hors de contrôle polit ses murs de sang et d’anxiété, qu’il enterre et enferme et cloisonne en les plus obscurs recoins de sa conscience. Il se découvre muselé par ses propres soins mais la bête erre à pas feutrés, guette le moindre faux-pas qui ferait basculer l’adolescent - l’enfant - entre ses griffes mauvaises.
A la lumière des faits, sous le projecteur infâme de l’affection, Ciarán se dévoile garçon perdu, les lambeaux de sa candeur encore discernables sous ses griffes rougies ; çà et là on y voit le désir, brutal, d’exister en dehors des stigmates prédateurs et orphelins. A terme, en-deçà de la barbarie, c’est l’ingénuité d’un rejeton des enfers qui suinte, et l’angoisse viscérale de l’attachement qui résonne en insupportable rengaine.
Brutal.
C’est une répétition - un refrain - une rengaine. C’est inscrit dans un système labile, comme les rouages d’une tragédie aux saveurs d’inévitable. Ciarán est né dans les entrailles d’une Galway vénale, et ne garde de ces quelques années maudites que l’angoisse, continue, d’une pauvre femme et de son familier crevé.
Le souvenir se présente en analepses, glissé sous des paupières closes au creux de nuits trop sombres, antipathiques. Il se fait subtil, pernicieux dans son assaut, et s’applique à remplacer moult détails par les éléments cauchemardesques d’un gamin impressionnable. Cependant, une constante : les larmes, vocales - hurlées, scandées, irriguées d’une souffrance inégalable - d’une femme. A ses côtés, penché au-dessus d’elle, un homme au sourire plein de dents, le visage obscurci par des ombres mouvantes. Plus près et surtout plus bas, un corps encore sursautant, pauvre lapin dommage collatéral d’une guerre qui n’était pas la sienne.
Quelque part, la magie a toujours fait partie inhérente de sa vie ; il n’en gardait juste pas le moindre souvenir. Non, tout ce dont il se rappelle est flou - les traits, déformés par les larmes, d’une mère qui le jette sans doute en pâture au premier orphelinat possible. Une mère qui n’en a alors que la génétique, car il ne reste de cette charogne que l’incommensurable tristesse, bien déchirante, de s’être fait arracher un pan de son âme ; un père qui a taillé dans sa carne un rappel perpétuel de ce qu'il est.
Et, ah - l’enfance est douce, sucrée. Elle est rehaussée par la maladresse des nouveaux parents, à peine la vingtaine mais le cœur assez gros pour pallier aux erreurs ; elle est décorée de fraternité, Ciarán puîné d’une portée de cinq. Enfin, portée, le terme est sans doute malhabile - mais aux yeux candides des enfants, comme du couple, il n’est rien de plus réel que cette famille fendue et réparée de résine-ichor. Kintsugi, qu’ils murmurent, le japonais massacré par un accent trop épais.
On leur a donné le soleil - ils en ont fait de l’or.
Les premiers problèmes, quant à eux, surviennent dans la tendresse sensible de l’adolescence. Ils surgissent d’ombres et de chimères, l’onirisme des nuits qui le poursuit jusque sous l’ombre estivale d’un chêne ancestral. Ciarán se tient, le souffle rauque et chaud, les yeux injectés de sang, au-dessus d’un autre enfant ; tous deux à peine au-delà de treize ans, l’âge punitif et le visage couvert d’acné. L’un pleure - pas Ciarán. Non, Ciarán voit rouge, sent le fumet dégagé d’une plaie qu’il a lui-même creusée et les babines, retroussées, dévoilent la pointe sinistre de crocs inhumains.
Blodwyn crie, tire sur son bras ; il l’entend à peine, les oreilles gorgées de sang. Finalement c’est Siobhán, c’est l’aîné qui l’extirpe et qui l’enferme dans une cage. De sa chambre, Ciarán arpente les murs - il sent pulser le molosse, comme une démangeaison en-deçà de sa peau, et les cris ne suffisent à l’apaiser. Ils apportent les prémices, frustrants, d’une libération que cette prison lui refuse ; l’odeur du sapin l’enveloppe, chaude et rassurante, et plus rien n’a d’importance à son cerveau disloqué que l’extérieur, l’affranchissement.
Alors, sans une seconde de réflexion, exempt de toute incertitude, Ciarán saute de la fenêtre du premier étage. L’espace d’un instant, c’est l’air qui le fouette langoureux, c’est la saveur veloutée de l’indépendance qui empiète sur tout le reste - celui d’après, une douleur cuisante. La douleur, elle, prend racine dans sa jambe et grimpe sinistre jusqu’au bord de ses lèvres, desquelles s’échappe une plainte sourde.
On oublie le blâme le temps que l’os se remette en place. Ciarán passe trois jours à l’hôpital, et deux mois accablé par des béquilles. Il boîte une poignée de semaines, puis endure la douleur tout en mâchoires serrées et en regards mauvais - en plus de la convalescence, il est renvoyé deux jours, et dégueule sur une feuille double-page les mystifications d’une excuse.
A ses parents, une seule phrase : il a fait pleurer Blodwyn.
A ses frères, une autre : il l’a dite mal-aimée, parce qu’on n’a pas des parents normaux.
Il lui faut quelques années supplémentaires pour revisiter sa notion de normalité.
Brutal.
La symphonie revient, une demi-douzaine de mois plus tard. Comme un disque rayé, les pulsions sont systématiques, crissantes - brutales. Ciarán les ignore, enfouit dans le fond de son crâne les soirs où le museau s’allonge, les ongles s’aiguisent, la peau lisse laisse place à une fourrure obsidienne. Il s’est cru maudit par la lune, et lui a vociféré ses doléances ; elle n’a pas répondu.
Alors il s’est su atteint d’un mal, viscéral, qui outrepasse la raison. Les doutes se confirment un matin funeste, sous la remarque de trop.
Il est aisé de s’en prendre à l’enfant noir, adopté par des homosexuels. Ciarán porte sur son dos ce qu’ils prennent pour cible - ce qu’il voit comme un étendard. Et c’est fier qu’il l’exhibe, à coups de poings et de pieds (le gauche fait encore mal), c’est continuellement qu’il assène son orgueil, non sans image : mieux vaut deux pédés pour parents que ta grosse chienne de mère ! Bien sûr, les détentions s’accumulent, et il passe bientôt plus de temps sur les bancs de l’école que dans le refuge de son lit.
Mais ça lui convient, jusqu’à ce que ça ne leur convienne plus à eux.
Le tableau est simple : Blodwyn a des tresses, qu’elle prend soin de décorer d’une centaine de fleurs en plastique. Plus loin, Siobhán emballe le déjeuner des jumeaux - Murphy et Niallán - en sifflotant, un peu trop forcé pour paraître naturel. C’est dans la cadence de son souffle que Ciarán perçoit le danger, et dans celle des pas derrière lui qu’il se constate baisé.
Ils se tiennent, l’un les bras croisés et l’autre une main sur la hanche, à côté du frigo couvert de magnets et de photographies ridicules, mais attendrissantes. Les enfants partent d’abord, sous les directives de l’aîné. Et, partout, de la compassion. Dans le regard du frère, dans la posture des parents ; dans la pression des lèvres de la sœur, juste assez grande pour discerner le malaise. Même dans l’insouciance des benjamins, Ciarán voit trop loin.
Les voix ne sont qu’un bruit sourd, une prison auditive - il ne démêle ni les mots, ni les émotions, et sa vision se brouille de larmes frustrées. La panique est évidente, méticuleuse et lente dans sa conquête ; elle le prend à rebours et ses ongles rongés grincent contre le bois de la table lorsqu’il recule, acculé à un mur contre lequel finalement il s’écroule. Compassion inquiète devient souci étouffant, mais c’est déjà trop tard.
Au rythme d’un râle, l’enfant s’enfuit vers la forêt - elle borde la ville et prend le pas sur leur cour arrière, en dépit de leurs efforts pour la repousser. Aujourd’hui, Ciarán l’accueille comme une vieille amie, embrasse ses feuilles et hume son odeur ; les coutures craquent et le derme aussi, les anhélations d’adolescent malade se muent en feulement animal. Et que reste-t-il d’un homme, lorsqu’il sent ses crocs s'enfoncer dans la fourrure sale d’un lapin damné qui passait là ?
On le retrouve une semaine plus tard, nu et couvert de terre. Il est avachi contre un tronc d’arbre, à l’orée du bois - c’est Blodwyn qui le distingue, et Siobhán qui le porte. Personne ne mentionne le sang séché qui le couvre et son absence de plaie ; l’histoire ne devient qu’un fait divers, une anecdote supplémentaire pour le voisinage de la famille de dégénérés qui vivent trop près de la forêt. La rumeur d’un loup qui s’y serait égaré meurt et deux ou trois mois passent avant qu’on raconte les enfants envoyés en pensionnat, après la visite d’un étrange personnage.
ps: si les couleurs font trop mal aux yeux hésitez pas à me le signaler je ferai mon possible pour arranger ça
Dernière édition par Ciarán Hennessy le Jeu 12 Nov - 21:17, édité 10 fois