Dans les couloirs de l'école de magie d'Hellébore se promène une beauté que très peu de gens osent approcher. Son aura froide repousse ceux qui tentent de l'aborder. Mais malgré cette apparence inaccessible, cet air glacial qui vous provoque un frisson parcourant votre échine quand son regard se pose sur vous, se trouve une jeune sorcière pleine de douceur et de gentillesse.

C'est un être fragile, apeuré par la solitude, craintive de l'amour. La distance mise entre elle et son jumeau la rends vulnérable et naïve. Alors elle se cache inconsciemment derrière cette carapace, éloignant d'elle les personnes bonnes comme néfastes. Pourtant, elle fait partie d'un petit groupe d'amis qui ont eu l'audace de vaincre ce masque frigide. Et c'est une tout autre personne quand elle est avec eux. Elle ne se gêne pas pour dévoiler son magnifique sourire — bien qu'assez discret — et s'amuser. C'est une fille adorable qui n'hésite pas à épauler ou aider un ami. Audacieuse et ambitieuse, elle est quelqu'un de très organiser qui prévois toute sa vie à l'avance, ignorant totalement les imprévus et le destin. Et malgré sa curiosité sans faille et son inquiétude constante au sujet de son frère qui peuvent rapidement devenir énervant, on n'oublie pas cette petite boule d'énergie qui redonne le sourire. Pourtant, on oublie rarement l'implication qu'elle a dans ses études. Elle étudie continuellement pour espérer atteindre un jour le même niveau, voir plus, que son frère et ceux dans l'unique but de l'aider.

Beaucoup ont pensé que Siobhán avait un énorme brother complex, mais c'est bien loin de ça. Son lien avec son jumeau est si fort qu'elle arrive à le comprendre avant même qu'il ose ouvrir la bouche. Le fait d'être séparée de lui comme ça la fait se sentir vide, d'où cette solide carapace qu'elle utilise, elle se sent faible et surtout seule. C'est ainsi qu'elle a développé sa peur de la solitude et de l'abandon. Elle a peur d'être seule, mais aussi d'être blessée alors ses actions peuvent parfois être contradictoire à son autophobie. Il est parfois très difficile de la comprendre. C'est ce côté mystérieux qui à sûrement intriguer ceux qui sont ses amis à présent. Et pourtant, il est aussi très énervant de ne pas savoir ce qu'elle pense. On se sent impuissant face à sa douleur ou alors on a peur que ses véritables pensées soient tout autre.

Néanmoins, Siobhán reste quelqu'un d'assez fidèle. Elle ne ferait pas de mal à ses amis ou tout du moins pas consciemment. Elle déteste surtout les gens hypocrites et ne veut pas devenir ce genre de personne. Son innocence cachée est sûrement ce qui la rend adorable à souhait et on admire parfois son côté déterminée celui qui fait qu'elle n'abandonne jamais peu importe les obstacles. En clair, c'est une amie sur qui on peut compter, elle est la personne qui représente le plus la phrase "il ne faut pas juger un livre à sa couverture" puisque c'est en essayant de voir le fond des choses que l'on découvre la vérité. 

Le passé... C'est quelque chose de si confus pour la jeune femme aux cheveux de jais. Il lui rappelait tant de choses bonne comme mauvaises. Généralement, elle préférait ne pas y penser et se concentrer sur son futur. Mais quand elle sortit ce vieil album photos qui traînait dans ses tiroirs, elle ne put s'empêcher de le feuilleter. Sa mère l'avait glissé discrètement dans sa valise au moment de partir et elle ne s'en était rendue compte qu'en déballant ses affaires et, un peu sur les nerfs, elle ne l'avait pas ouvert et décida de le cacher plutôt que de regarder tous ces souvenirs qu'elle maudissait au plus profond de son cœur meurtri par des actes impardonnables. Mais peut-être fallait-il revoir ces moments une dernière fois pour tirer définitivement un trait dessus. Elle ouvrit l'album pour y découvrir la première page. Ainsi, elle replongea dans des souvenirs qu'elle aimerait oublier.

Les toutes premières pages montraient deux enfants du même âge en continu. Toutes les photos présentes avaient une petites descriptions en dessous d'elles. La jeune sorcière ne pouvait s'empêcher de les lire. Depuis le départ, il n'y avait aucun doute sur l'identité de ces gamins. Et c'était d'autant plus évident quand on voit les écritures telles que "Aloïs et Siobhán dans la poussette" ou encore "Aloïs et Siobhán prennent leur bain ensemble". Elle remarqua d'ailleurs que l'ordre des prénoms était toujours le même. C'était exactement comme dans ses souvenirs. Quand sa mère les appelait pour manger par exemple, elle prononçait toujours le nom de son jumeau avant le sien. Et cela, uniquement car Aloïs était né le premier. Était-ce une sorte de favoritisme inconscient de la part de leurs parents ? Personne ne le savait. C'était peut-être mieux comme ça. Quoiqu'il en soit, ces photographies montraient quelque chose qui n'existait plus au jour d'aujourd'hui. Siobhán s'en aperçu rapidement. Du bout des doigts, elle caressa l'un de ses souvenirs et probablement le plus important de sa vie. Elle se voyait blottie dans les bras d'Aloïs profondément endormie. Elle ne put s'empêcher d'exprimer un petit rire quand son regard se posa sur la bouche de son frère grande ouverte pendant son sommeil. Et en même temps, cette photo lui fit un petit pincement au cœur. Tout ça n'existait plus. Cette complicité qu'elle aimait tant, sentir la chaleur du corps d'Aloïs quand il la prenait dans ses bras. Ces sourires complices qu'ils s'envoyaient tandis qu'ils s'amusaient, les histoires qu'ils inventaient dans l'espoir de vivre des aventures aussi incroyables que les personnages de leurs dessins-animés préféré, l'aide qu'ils s'apportaient quand quelqu'un avait un problème aussi minime soit-il. Tout cela avait disparu.

La question "que c'est-il passé pour que tout finisse ainsi ?" Ne se posait pas à ses yeux. Pour elle, tout était la faute de ceux qui leur avait donné la vie. C'était eux qui avaient dit à leur fille de ne plus dormir avec son frère, eux qui construisit cette distance entre deux jumeaux pourtant si complices dès la naissance. Ils avaient détruit un lien qui était censé être inébranlable sous des faux airs d'autorité parentale et de paroles niaises persuadant que c'était pour le bien d'Aloïs qu'ils faisaient cela. Plus rien n'était pareil suite à tout cela. Et cela se remarquait beaucoup sur les photos. C'était irréparable. Plus elle parcourait cet album, plus sa haine s'intensifiait. Elle savait ce qu'il se passait, mais elle ne comprenait pas pourquoi elle devait s'éloigner de lui comme ça. C'était comme si elle perdait une partie d'elle-même. Puis, quelque temps plus tard, un homme du nom d'Ambrose vînt chercher les jumeaux pour les emmener à l'école d'Hellébore. À ce moment-là, Siobhán avait déjà nourri une haine envers le choix de ses parents. Partir d'ici était peut-être un meilleur moyen de renouer avec Aloïs.

Il était déjà trop tard, tu comprenais pourquoi il y avait une telle distance entre vous, il lui avait donné des arguments de taille. Mais sa peine fut si grande qu'elle se mit à détester le monde entier. Elle referma l'album photos et ne bougeait plus pendant bien cinq minutes. Puis, prise d'une colère sans nom, elle arracha l'album page par page, criant et pleurant. Sa situation n'avait toujours pas changé aujourd'hui. Elle avait l'impression de ne pas avancer. Elle s'arrêta, ressemblant à une bête sauvage ayant dévoré sa proie. Soudain, elle se leva et se rendit compte qu'un morceau de photo était sous son pied. Elle reconnut aisément l'une des meilleures photos de l'album. Alors elle se mit à chercher les morceaux et les recolla. C'était comme si elle ne voulait pas oublier le passé. Ou alors, comme si elle voulait garder un seul de ces précieux souvenirs pour mieux essayer d'aller de l'avant. Car la décision qu'elle avait prise il y a trois ans était de tout faire pour réparer les erreurs passées.