Le port de tête altier et l'allure impérieuse, Iseut se plaît à trôner sur les hauteurs d'une table ou rambarde. Plus proche du chat que de son totem à écaille, avouons le. Pour autant, si certain verront ici un énième signe de sa supériorité présumé, il faut croire qu'avoir une vue d'ensemble sur Hellébore rassure, ne serait-ce qu'un peu, les palpitations effrénés de son coeur. Si la jeune femme s'est assurée de plaquer son insupportable perfection sur le visage de ses camarades et ce, en jouant les élèves modèles et passant l'entièreté des cours le bras levé, force est de constater qu'après deux ans passé ici, elle peine toujours à trouver ses aises. Le regard attentif, balayant une à une les ombres en contre-bas, soucieuse de comprendre leurs mécanismes de pensées et délier les nœuds venu lier chacun des groupes formé.

Quelque part sans doute, peine t'elle a se sociabiliser comme elle le voudrait. Pas qu'elle panique à l'approche d'une âme, au contraire, elle fait preuve d'une inclinaison au dialogue des plus surprendre, mais son franc parlé couplé à un regard acéré, fiché en pleine âme de son interlocuteur n'aide pas à entretenir les liens. A croire que ses yeux bleus pourraient lacérer vos pensées et ce, à grand coup de battement de cil-guillotine. Jugeant un à un les éléments vous composant. De plus, ses interventions s'imposent souvent aux autres, tout comme un avis que l'on ne demande que trop rarement et, si elle prête son aide volontiers, force est d'admettre qu'elle fait un professeur aussi dur qu'exigent. Méthodiquement penché sur le travail des autres, le sourcil arqué et la mine fermée. Difficile de faire moins engageant pour le coup. Facile donc de comprendre qu'elle peut intimider, Miss Spellman. Bien plus encore lorsqu'elle lève la voix, répondant dans un anglais haché à des provocations venu lui arracher une moue quasis sauvage. Car se tapis également là l'un de ses plus gros défaut ; Iseut n'a pas peur du conflit et s'y engage avec une facilité déconcertante. Bien plus encore lorsqu'il s'agit de mettre fin à la concurrence. La langue acéré sur les échanges ardant, un lancé de cheveux pour toute signature et l'Ecosse dans les veines.  

Passé ce tempérament brut et passionné, Iseut se révèle étonnement bienveillante, quand bien même un peu maladroite dans ses propos. Son honnête est dénué de toute méchanceté et, si elle sait pertinemment qu'elle peut blesser, c'est avec une rigueur surprenante qu'elle tente souvent de mesurer ses mots. Accueillant toujours dans ses bras tendus les quelques personnes ayant sû dompter son petit coeur tout mou.
Fondamentalement loyale et désespérément accroché à son petit groupe d'amie, elle laisse sa porte ouverte à toute heure du jour comme de la nui, partageant ses insomnies autour de tisane et partie de carte jusqu'au petit jour lorsqu'il ne s'agit pas de donner des cours de soutien. Elle chérie par ailleurs les week-end thé-pâtisserie partagé avec Camille et ce, au point d'attendre chaque samedi matin avec une impatience à peine dissimulé.

Fondamentalement talentueuse et autodidacte, elle a été élevé dans un culte de la perfection qui, s'il ne l'a pas asphyxiée outre-mesure, à considérablement durcie ses traits et développé une peur panique de l'échec. En plus d'entaché sévèrement son hygiène de vie. Ses nuits à peines consommée ont plaqué sous son bleu regard d'effroyable cernes qu'elle tente de gommer chaque matin du mieux qu'elle le peu et ce, pour l'enfermer dans une routine de travail qui pourrait faire pâlir plus d'un Homme. Son bureau est d'ailleurs envahit de livre érigés en tours vacillantes, cristaux entassés et plante débordant ci et là. Trônant en maître absolu au coeur de sa chambre, entre quelques mains de la gloires, artefact enchantés et golem d'argile malmenés.

Seconde née d'une famille franco-écossaise, Iseut a vu le jour à Carnac, en France. Bercée par le folklore breton et quelques cercles de  menhirs. A dire vrai, son enfance n'a pas entièrement été imperméable aux signes de la magie car les voisins murmuraient sans grande retenue que, quelque part, Mamie Louise avait toujours été un peu sorcière. Elle connaissaient les plantes mieux que personnes et puis, quelque part, on jurait par delà les frontières qu'on l'avait entendu dialoguer avec les chauves-souris. Quoi qu'il en soit, si Iseut naquit bien après sa mort et n'eut donc pas le loisir de vérifier ces allégations, elle se confronta lors de ses onzes ans aux transformations de son aîné. Grand tabou familial. Jusque là, elle avait toujours crû que son frère souffrait d'une maladie plus ou moins rare qui limitait de fait leurs interactions. Ses parents n'avaient-ils pas eut de cesse de vouloir l'éloigner de son chevet ? Et pourtant, elle n'avait pu résister à cette pulsion de panique lorsqu'elle entendit, baignée par l'éclat lunaire, les plaintes d'un frère qu'elle affectionnait tant ?
Si elle ne su crier ce soir là, tétanisée devant l'effroyable bête qui s'était arraché aux ténèbres, l'horreur se grava tant et si bien sur sa rétine qui lui fallut plusieurs mois avant qu'elle n'ose véritablement digérer l'information et croiser le regard d'un aîné qui tentait désespérément de renouer avec elle.

Quelque part sans doute s'était-elle révolté devant ce voile que l'on avait tant bien que mal tenté de dresser entre elle et un monde qui lui tendait pourtant la main depuis ses premiers pas. Furieuse d'avoir dû plier devant un destin que cherchait à tracer ses parents, déterminés a jeter Iseut hors de ce monde pourtant envoûtant. La magie n'apportait rien de bon, et c'était à grand coup de danse classique et violoncelle que l'on avait tenté d'occuper son esprit, de chasser ses envies de fée et de course après quelques feu follet. On l'avait promise à un avenir de medecin, étranglée sur une quête d'excellence que nourrissait à grand feu ses parents. Les fées et gnomes, ça n'existait pas. Les hurlements de loup qui s'échappait du bois ? Un banal chien errant. Son frère ? Il était malade. C'était pour ça d'ailleurs qu'il fallait qu'elle devienne medecin, comment pourrait-elle le soigner sinon ? Et la cheminé qui s'excitait à chaque sursaut de colère ? Voyons Iseut, une grande fille comme toi ne pouvait pas devenir aussi irrationnelle, si ?

Alors, si ses parents s'opposèrent fermement à toute quête de magie, ce fut très tôt que Iseut plongea les mains dans les affaires de sa grand mère, à l'ombre des étoiles, blottit contre la couette de son grand frère. La venue d'Ambrose sonna donc comme une simple formalité, quand bien même l'héritière Spellman eut à cet instant précis conscience qu'elle avait encore bien trop à apprendre. Elle épousa Hellébore à plein poumon, termina la classe spécialisée au bout d’un an seulement et se jura d'inscrire parmi les plus grands élèves de cette école. Rien que ça.

Elle a obtenue son familier lors de sa première année et a vraisemblablement paru déçue par la forme ophidienne de celui ci. Elle voulait un poney, elle. Ou un gecko tokay.