Orage Ô désespoir | Iseut

Dire qu’il faisait moche aurait été un euphémisme. Le déluge semblait être tombé sur l’académie, et peut-être bien même sur toute l’Irlande. Robb aurait volontiers fait le frileux, comme la plupart de ses camarades, mais c’était contre sa nature. Alors qu’ils revenaient tous d’une leçon de préservation du monde fantastique, la pluie s’était mise soudainement à chuter. D’abord lentement, puis violemment. A croire qu’un petit surdoué s’en était donné à coeur joie en magie de la terre ! Tous couraient désormais vers le bâtiment principal. Ou presque. Un sourire discret aux lèvres, la grande perche tendait son menton aux cieux comme pour les inciter à le laver à grand jet. Robert aimait la pluie. Il aimait la tempête. Un temps idéal donc.

Le garçon aurait pu rester là un certain temps, immobile, ses affaires humides et ses cheveux détrempés. Mais quelque chose attira son attention. Une ombre, au début aux airs dociles, puis peu à peu secouée de soubresauts. Une élève. Une fille, oui. Robb aurait souhaité l’ignorer. L’éliminer de son esprit, continuer à profiter de la colère du ciel. Mais c’était plus fort que lui. Il devait aider son prochain. Ainsi l’étudiant se dirigea-t-il vers la silhouette. Il regretta presque aussitôt.

Iseut.

Non pas qu’ils aient un passif commun très développé, ou particulièrement négatif. Mais Robert ne la portait pas non plus spécialement dans son coeur. Et il avait constamment l’impression de l’ennuyer, notamment en cours d’enchantement. Il se serait presque désinscrit des leçons de langues des monstres, si la matière ne le passionnait pas tant. Pourtant il lui tendit une main amicale. Son regard bienveillant glissa sur la carcasse de la demoiselle, sans le moindre jugement, sans la moindre interrogation.

- Viens Iseut, tu ne devrais pas rester dehors.
C’était tout. Rien de plus, rien de moins. Des paroles avisées, trop douces pour un corps aussi imposant. L’eau suintait de ses doigts, le tonnerre grondait à ses oreilles, et pourtant Robert se sentait bien. Il n’aurait qu’à raccompagner Iseut, s’assurer qu’elle allait bien, et il retournerait se faire happer par la violence de Mère Nature.