l'eau. ce n'est définitivement pas l'élément d'aleksìa. elle ne s'y sent pas à l'aise. le simple fait de jeter un œil à ce lac aux profondeurs insoupçonnées l'incommode d'un certain malaise. et pourtant, la voilà à ses abords aux heures où le soleil se fait progressivement plus discret au profit de l'obscurité. une simple balade de santé ? non. la thalassophobe aurait bien mieux à faire de ses soirées que de les passer sur les rives d'un lac si elle n'y était pas obligée. si elle se trouve là, c'est parce qu'elle a besoin de lucioles. seules sources de lumière de sa salle de classe, il a fallut que l'un des bocaux contenant ces insectes tombe du plafond et se casse. délivrant toutes ces petites ampoules vivantes et virevoltantes. il ne fait déjà pas bien clair dans la salle d'histoire, l'enseignante ne peut vraiment pas se passer d'un seul "lampadaire".

l'heure approche du bal des lucioles, lorsqu'elles sortent éclairer les rives et la forêt. le moment parfait pour en capturer quelques une. déposant la lampe éteinte qu'elle tient sur le gazon, elle ramasse une branche d'arbre. aleksia effleure l'écorce du bout de ses doigts, de tout son long. faisant opérer la magie qu'elle y canalise afin de métamorphoser l'objet en un filet à papillon. désormais armée, la voilà prête à chasser dès lors que les lucioles montreront le bout de leur nez.

s'asseyant dans l'herbe -assez loin du bord- en attendant, filet à ses côtés, l'enseignante claque des doigts de la main gauche. une petite flamme naissant du frottement bref de son pouce et son index. elle allume ainsi la bougie dans sa prison de verre afin de s'éclairer et patienter. un livre sous le bras.

tout de même... la prochaine fois je veillerais à ce que les bocaux à lucioles ne tombent pas. je n'ai pas envie que cela devienne un passe-temps récurent. soupire-t-elle à elle-même, de vive voix.

date ; septembre 2020 — hrp ; viendez chasser les lucioles
(et potentiellement vous casser la g dans l'eau, c'est rigolo *out*)

tout s'est passé si vite. un fragment de seconde. un battement de cil. une perte d'équilibre. ploof! aleksia ne saurait dire, sur le coup, ce qui l'a saisit le plus. cette ombre sortie de nulle part s'étant pris les pieds dans son filet ? ou la résonnance de sa masse se mêlant au lac, son eau et sa mélasse ? l'enseignante était perdue dans ses pensées, absorbée par sa lecture, ne redressant son nez que dans le but de constater, (ou non) l'arrivée des fameuses lucioles convoitées. jamais, ô grand jamais, elle ne s'attendait à être rejointe par un élève. et encore moins à le voir s'engouffrer dans les profondeurs de l'étendue bleutée. le tout par sa faute, indirectement. c'est embarrassant. très embarrassant. ykhar, son familier qui ne la quitte que très rarement, niche sur son épaule. la bruyante éclaboussure l'ayant sorti de son sommeil (à moins que ce soit le brusque redressement de la sorcière), la tête du volatile fait une rotation à 270°, comme pour en chercher l'origine. yeux ronds comme des ballons. aleksia, que se passe-t-il encore ? la voix spirituelle de l'oiseau ronchonne. la grecque ne répond pas, tétanisée par la situation. son cerveau semble dysfonctionner. des mots clés se répétant et répercutant dans son crâne. en série. telle une suite.

étudiant. lac. noyade. thalassophobie. étudiant. lac. noyade. thalassophobie. étudiant. lac. noyade. thalassophobie.

l'enseignante est proche de la crise d'angoisse. pourtant, elle se doit de réagir. c'est son devoir en tant qu'adulte responsable des mineurs de cet établissement. il faut. elle doit. mais cette peur, cette crainte incontrôlée... un coup de bec lui remet les idées en place. par merlin, aleks !! cet enfant se noie, bouge toi !!! c'est vrai ! la sécurité de ses élèves avant tout. breath in. breath out. prend sur toi. surpasse toi. au moins pour cette fois.

la professeure d'histoire allait compter sur la maîtrise de la magie des éléments en se reposant sur celui de la terre. elle s'apprêtait à manifester la pousse de plantes grimpantes et d'algues pour agripper les membres du pauvre étudiant et le tirer vers la rive, agenouillée sur le sol herbeux, phalanges écartées dans le gazon, regard fixé sur la verdure dans une phase de concentration, lorsque... ambrose apparaît. résolvant le problème d'une facilité déconcertante. si déconcertante que les joues de l'enseignante s'empourprent telle une enfant face à un parent. elle a honte. que doit penser le maître des lieux d'une enseignante incapable de se jeter à l'eau pour ses étudiants ?

je... merci beaucoup, ambrose. je vous revaudrais ça. j'ignore comment, mais, comptez la dessus. index frottant le bout de son nez, pure gêne. replacement d'une mèche de cheveux derrière son oreille, recherche d'assurance non sans peine. je peux prends la relève, maintenant. je me charge de lui... son regard cyan se pose, une lueur maternelle inquiète dans les prunelles, sur l'étudiant. enoch, c'est ça ? le garçon n'est pas dans ses listes, pas dans son option. t-tout va bien ? vous n'avez pas avalé d'eau ? vous n'avez pas trop froid ? question rhétorique, en soit. car, avant même d'attendre sa réponse, la grande brune se débarrasse de son long manteau pour y emmitoufler l'adolescent. très bref contact visuel qu'elle ne parvient pas à tenir. le poids de la culpabilité sur les épaules. je suis vraiment navrée, je... mes secondes d'hésitation auraient pu causer beaucoup plus de tort. je n'ai pas réussi à passer au dessus de ma phobie, c'est honteux...

date ; septembre 2020 — hrp ; ràs