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    There's a whisper in my bones | ft. Cameron

    Kieran A. Obradinn
    Kieran A. Obradinn
    élève
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    Messages : 95
    Popularité : 66
    Animal totem : Tigre blanc
    Catalyseur : Mains
    Familier : Lily (of the valley) chatte blanche proche de Kieran, affectueuse mais très protectrice

    Présentation : P é t r i c h o r
    Liens : L i c h e n
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    There's a whisper in my bones | ft. Cameron  Empty There's a whisper in my bones | ft. Cameron

    Message par Kieran A. Obradinn Mer 7 Oct - 22:58






       

    Et ce soir, il serait vaincu.
      Genoux à terre.
    Offert à ce qui prières ne suffisaient pas.

         
      laisse-moi sentir encore une fois mes mains et mes doigts
    enlacer les corps encore humains (qui le resteront lorsque ce mot s’effacera avec moi)
              laisse-moi chanter une dernière fois
    l’amour que j’ai porté et celui que l’on m’a donné (avant que rugissement se fasse et que la peur le terrasse)
             mais m'autoriseras-tu seulement à pleurer cette vie ? (que j’aimais quand toi en tigre tu me voulais)




    23h23

    Il l’avait entendue toute la journée, celle que lui seul entendait. Elle s’était faite murmures et chuchotements, messes basses silencieuses dans ces cours où Kieran aurait aimé qu’elle se fasse élève pour que ses bavardages incessants lui valent une retenue. Pourvu qu’elle se taise. Mais elle était inexistante, inaudible pour les autres que les plaintes et les cris ne venaient transpercer. Il était l’exception, celui pour qui elle chantait et pleurait, effroyable honneur.
           ça venait de l’intérieur

    Alors Kieran n’avait rien dit, rien avoué, rien confié, dissimulant d’un sourire l’étrange et horrible sensation qui le parcourait. Il n’avait rien dit de cette voix qui, aujourd’hui, se faisait plus forte et plus puissante, il n’avait pas parlé de celle qui l’appelait, à quoi bon ? pensait-il.  Que pouvions nous faire contre ce qui se faisait interne, invisible et inaudible, impalpable, contre ce qui se faisait incurable ?  
    A dire vrai, il y avait beaucoup à faire. A défaut de pouvoir apporter les réponses à ces interrogations, à ces pourquoi et comment, à défaut de pouvoir assurer que la malédiction ne l’aura pas nous pouvions au moins rassurer. Éclairer l’obscurité, ce noir total et entier qui le couvrait, enlaçait sa silhouette, en dévorait les contours. Prendre dans les bras, étreindre ce corps qui tendait à disparaître et aimer, aimer un peu plus fort qu’à l’accoutumée, juste un peu plus, juste pour être sûr que ça aille là, juste au creux, droit dans le cœur. Juste pour être sûr qu’il ne meurt pas -l’amour- avant de l’avoir atteint, peut-être noyé, peut-être écrasé, peut-être brûlé dans ces eaux glaciales et profondes, dans ce gouffre sans fond, dans cet incendie qui semblait inextinguible. Alors oui, il fallait aimer un peu plus fort, serrer dans les bras un peu plus fort et espérer, espérer que ça résiste aux intempéries et aléas du corps.

    Tapi dans ce lit qui lui paraissait bien trop grand soudainement, trop grand et trop froid, emmitouflé pourtant dans ces draps qui étaient les seuls témoins d’une lutte dont personne dans cette chambre endormie ne soupçonnait, Kieran avait peur. L’obscurité régnant dans la chambre, quant à elle, n’aurait su faire mourir l’ombre. Elle résistait au noir, vivait sans lumière. Penchée au dessus de son lit, il lui semblait qu’à tout moment elle allait l’absorber. Grandir encore et encore et le dévorer, entièrement et complètement. Elle lui rappelait l’incertitude qui planait sur sa vie, le peut-être qui le terrifiait. Pas de mobile musical à douce berceuse, pas d’étoiles phosphorescentes accrochées au ciel en pierre, pas de songes et de rêves qui n’attendent qu’à pénétrer cet esprit encore bien trop conscient pour l’heure de la nuit, juste une présence un peu trop oppressante qui était prête à lui conter l’histoire à la fin triste et terrifiante qui l’attendait. Seulement, si nous ne pouvions lui promettre que cette histoire finirait bien nous n’étions rien, personne pour lui dire qu’elle finirait mal. C’était des mensonges effroyables, des balivernes que d’affirmer que pour sûr dans deux ans il ne serait plus là, pourtant, était-ce toujours d’affreux mensonges que de dire que ce serait sa fin, tôt ou tard ?
            crier aux balivernes serait certainement exagéré.


    Nerveusement, ses doigts glissaient le long de son poignet, effleurant cette épiderme encrée de ces chaînes qui ne pouvaient astreindre ce qui ne pouvait qu’être restreint. Il aurait aimé dormir ce soir-là, quitte à sombrer dans de funèbres cauchemars, fuir la réalité qui lui faisait peur parce qu’il n’avait pas peur des monstres Kieran, il n’avait pas peur des fantômes, pas peur des esprits -quoique, peut-être qu’il ne refuserait pas à tenir une main- mais il avait peur de ça, pour sûr. Alors il voulait fuir, fuir vite, que le sommeil fasse taire ce qui se faisait bourdonnement, ce qui tapait dans sa cage thoracique, piquait le cœur, prenait aux tripes. Parce que quand on dort on n'a plus mal et que Kieran il avait mal. Trop mal. Terriblement mal et qu’il avait juste envie que ça s’arrête.

    Tapi dans ce lit qui lui paraissait bien trop petit soudainement, trop petit et trop chaud, Kieran s'extirpa de ces draps qui semblaient le faire prisonnier et quitta la chambre, tentant de ne pas réveiller ceux qu’il enviait, ceux que le sommeil transportait loin de la vérité parfois cruelle et amère. Cependant il n’aurait su dire, n’aurait su se souvenir, affirmer qu’il était sorti sans un bruit. Le pas sans doute lourd, la respiration sifflante et haletante parce que l’air manquait et que la gorge se coinçait. Parce que le corps se crispait et se tordait. Parce qu’il répondait à l’appel, malgré lui. Combien de temps avait-il tenu ? Pendant combien de temps avait-il réussi à lutter ? C’étaient les seules questions qui importaient. Kieran comptaient les jours, les mois écoulés, angoissé, terrifié à l’idée de constater que les intervalles diminuaient. De l’importante récurrence. De l’échéance qui se rapprochait inévitablement et inexorablement parce qu’on aurait eu beau prier, prier fort, prier tous les jours, supplier, rien n’aurait pu suffire si ce n’est l’ultime présent qu’était le sacrifice.

    La prudence et la volonté ne suffisaient pas, aussi fortes soient-elles il y avait là quelque chose qui dépassait, dépassait l’existence humaine et à laquelle il fallait se plier. En deux. En quatre. C’était comme ça. Le pire c’était peut-être qu’il n’y avait personne à blâmer, dans tout ça, personne à pointer du doigt, à accabler, à tenir responsable de tous ces maux, ceux qui rongent, ceux qui minent. Faute à l’univers, au destin, au ciel envers qui vont les rancunes et les aigreurs. Faute à pas de chance.

    C’était avec hâte que Kieran était sorti du château, cherchant l’oxygène qui remplirait ses poumons désespérés, cherchant la liberté illusoire qu’offrirait la belle étoile. Et alors, il savait. Il savait que ce soir, à la lumière de ces astres, corps célestes, il serait vaincu, corps lesté. Ce serait lui qui serait enfermé. Enchaîné.

    Et il était arrivé dehors, appuyé contre un mur pour se soutenir, se maintenir debout alors que la terre semblait le sommer de s’agenouiller, que le sol semblait se dérober sous ses jambes. La Terre entière lui rappelait la gravité. La suite inflexible le terrorisait et faisait monter une angoisse, une peur poignante qui restait dans l’âme. Prenait au corps. Et encore, encore ces mêmes murmures, chuchotements, fourmillements, encore cette sensation étrange et bizarre qui traverse les os, les veines, l’organisme entier. Encore cette douleur lancinante et violente, encore ce déchirement du cœur qui doit se faire une raison, encore cette même tribulation. Et alors que le corps craquait, cédait, Kieran murmurait quelque chose récitait vite, ses lèvres bougeaient à peine mais sa voix était emprunt d’une détresse certaine. Et il avait trouvé la force, la force d’aller, de courir en direction de la forêt, celle dans laquelle il se réfugiait, se terrait pour le reste de ces heures qu’il détestait. Qui le meurtrissaient.

    Et une larme coula, dévala sa joue avant de mourir dans son cou. Il ne s’habituait pas. S’habituerait jamais. Parce que s’il s’y habituait, si ce n’était pas si terrible, si ce n’était pas si douloureux, si ce n’était pas si effroyable, si intolérable il finirait par succomber. Céder. Il finirait pas arrêter de craindre et signerait dès lors sa fin. Redemandant encore à être ce tigre blanc jusqu’à le rester, condamné.

    A court de souffle, il s’arrêta, le cœur battant, le cœur saignant. Il ne savait pas la distance qu’il avait parcourue, il avait seulement couru, encore et encore jusqu’à n’en plus pouvoir. Alors il s’écroula, s'effondra, épuisé et soumis, résigné, priant pour ne rencontrer personne, pour ne pas se perdre -pas totalement-, pour ne blesser personne mais à quoi bon prier, au final.

    Et les chaînes se brisèrent. Cette silhouette humaine noyée dans l’obscurité de la forêt, dans l’ombre dévorante des arbres se mua en celle d’un tigre banc. Fauve en cage qui avait attendu bien trop longtemps de goûter à la liberté, déchaîné à l’intérieur de cette prison de chair qu’était ce corps humain. Alors que l’heure frontière était passée, cette fraction de seconde durant laquelle nous étions hier et demain, l’animal s’enfonça dans la forêt. Dans ce corps massif à la fourrure blanche tigrée, la conscience humaine s’évanouissait au profit de l’instinct animal. Double peine. Kieran luttait encore, bataillant pour rester conscient, pour se faire une place alors qu’on le refusait. Qu’on l’écrasait. Qu’on l’étouffait.
    A quoi bon prier.
    Ce soir il était vaincu.
       
             
    pour tous ces appels ignorés,








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