夕桜
家ある人は
とくかへる
cerisiers du soir
les gens qui ont une demeure
se hâtent d’y rentrer
- Issa
家ある人は
とくかへる
cerisiers du soir
les gens qui ont une demeure
se hâtent d’y rentrer
- Issa
La pluie. Elle était la, s’était installée en soirée d’orage. Elle battait les carreaux a tout rompre. Hideaki la trouvait belle, la trouvait apaisante, parce qu’il était en intérieur, parce qu'il était vêtu de propre et sec. Cette journée l’avait vu revêtir un pantalon simple qu’il employait pour l’uniforme et un pull blanc en laine. Le froid ne le dérangeait jamais, étant originaire d’Hokkaido. C’était pour lui un phénomène familier et somme toute commun.
La faim l’avait cependant poussé hors de son dortoir. Il devait se sustenter, comme tout humain se respectant. Et elle avait bien fait de le faire sortir de son ermitage, cette sensation de tiraillement au ventre.
Deux heres, l’un noir, l’autre blanc, comme deux pieces d’echec, ou de go, de bord ennemis, avancaient l’un semblant comme tiré par l’autre et frayaient leur chemin dans la paisible salle commune de la maison des fleurs. ils avaient subi les foudres de la météo et il ne serait pas trop s’avancer que de dire qu’il y avait de l'électricité dans l’air. Hideaki contempla quelques seconde ces animaux étranges avant de sortir de son enclave, celle des escaliers. C’était sur qu’ils avaient besoin d’aide.
Senrhys avait le regard d’une bête en cage, ne cherchent qu'à fuir cet entourage. Cameron certes régalien ressemblait quelque peu a son batracien familier : Il était dégoulinant d’eau. Alors le japonais vint apposer son calme devant la paire d’individus, avec sa voix douce et jamais trop forte. Pas un ton plus haut qu’un autre, se plaçant à portée d’écoute.
"Bonsoir, Cameron, Senrhys."
Il hésita un instant à s’incliner, et eut un début de courbure de dos, mais se redressa vite : Il oubliait les habitudes occidentales lorsqu’il passait du temps seul.
"Si vous le voulez bien, je serais heureux de vous recevoir dans ma chambre, vous avez l’air d’avoir pris l’orage. J’ai chez moi de quoi vous réchauffer. Senrhys..."
La décence aurait voulu qu’il prenne l’Helvelle a part pour lui dire qu’il avait l’un de ses objets mais il ignorait comment faire cela en présence de leur ainé. Aussi ajouta t’il simplement :
"J’ai un carnet t’appartenant. Je l’ai trouvé au club. Si tu veux bien venir le récupérer je te le remettrais."
Il était entendu qu’il ne désirait indisposer l’éthiopien. Il lui aurait fait envoyer si celui ci ne désirait pas venir. Le fils de l’automne se mit en chemin vers sa chambre en espérant se faire suivre de ses interlocuteurs.
"J'espère que vous appréciez le thé vert."
Hideaki ouvrit la porte de son vaste dortoir, vide de ses occupants a l’heure actuelle. Sa propre partie s’excluait de l’espace commun d’un paravent des plus simples, en papier. Décalant celui ci il révéla un espace particulièrement propre et ordonné. Sur le sol, un tatami. Des lanternes de papier blancs ornées de quelques caractères calligraphiées. Une reproduction d’Hokusai sur un mur. Deux jardinets zen, l’un sur un bureau en bois qui portait pour tout éclairage une lampe fonctionnelle tandis que l’autre reposait sur une étagère dont le bord était gravé de motifs. Des cailloux nus faisaient office de presse papier. Des haikus et un emploi du temps étaient appliqués sur le mur devant le bureau. Sous le lit, un large tiroir. Les étagères aux vêtements pliés avec soin se virent investir par les mains fines du japonais qui en tira deux pull semblant bien trop grand pour lui. Il les tendit a ses hôtes.
Des odeurs de matcha, d’encens et de lessive propre se mêlaient.
Il y’avait un des pans du mur laissé blanc et sans décorum.