Camille appréciait les endroits insolites et peu fréquentés. Se rendre dans un lieu pareil, à une telle heure de la nuit était totalement son style et on pouvait même dire qu'elle cherchait plus ou moins à éviter l'effervescence d'un dortoir qui, cela se trouvait, était même plutôt calme.
Pour se rendre au lac, les élèves devaient marcher une dizaine de minutes. Ce n'était pas vraiment un problème, même de nuit ; quand on connaissait les étoiles et le ciel, on n'était jamais perdu, sur cette terre, et même quand de nombreux nuages camouflaient les astres, on pouvait toujours se fier à de multiples indices, traces qui révélaient la bonne direction de la route.
Camille aimait marcher. Elle aimait particulièrement le lendemain de la pluie quand les chemins étaient boueux et que les chaussures s'enfonçaient sur le sol, créant un curieux sentiment d'adhérence à la nature. Cela durait une seconde, puis le pied se levait, ramenant avec lui un souvenir de terre. Il n'avait pas plu dans la temporalité où nous étions, mais la jeune femme, caressant l'écorce d'un arbre, se plaisait à se souvenir qu'elle avait remarqué une drôle de grenouille au même endroit, il y avait quelques mois. Elle sourit, comme sensible à ce souvenir qui était revenu tout seul.
Pour trouver le lac, il fallait passer par une forêt assez dense dont les cimes cachaient parfois les étoiles.
Elle connaissait la route et même le vent, hostile à certains animaux, venant amener toutes sortes d'odeurs, lui était familier. La nuit, pourtant, la forêt ne semblait pas rassurante. La végétation devenait oppressante, les fougères prenaient tellement de place qu'il était peu indiqué de quitter le sentier et même le sentier, par moment, faute de visibilité, devenait minuscule, riquiqui, avant que vous ne compreniez que vous suiviez un chemin de lapin.
Cependant, visiter une forêt de nuit avait quelque chose de beau. C'était comme si on pouvait entendre tout ce qui était interdit pendant la journée : le hululement de la chouette, le passage des cervidés et parfois des sangliers. Autant qu'on le pouvait, il valait mieux les éviter. Même si elles n'étaient pas méchantes, ces animaux n'en avaient pas moins envie de défendre leur famille contre l'arrivée d'un potentiel intrus.
Les pieds de Camille arrêtèrent de fouler les feuilles mortes pour se retrouver sur un chemin qui semblait plus être en lisière. Devant elle s'étendait à perte de vue un immense lac d'une beauté parfaite. Ébahie, elle s'assit sur le côté, enlevant assez lentement ses chaussures. Devant la magnificence de la nature, ce n'est pas la peine de se montrer pressé, même violent. Rien ne servait de se dépêcher, après tout, la Nature était une très vieille camarade, non ?
La jeune femme offrit un sourire au lac avant de sortir quelque chose de son sac qu'elle jeta dans le lac – offrande d'un bout de viande, sans doute à destination des créatures qui profitait de ces eaux, comme permission de rester un peu ici. Si elle se plaisait à tremper ses pieds au quotidien, elle ne le fit pas dans ce lac, elle avait écouté pas mal d'histoire à son sujet et ne désirait pas tenter le diable, surtout à cette heure et sans personne pour lui porter rescousse. Il ne manquerait plus que quelque chose lui agrippe le pied et l'entraîne au fond de l'eau, non ?
Paisiblement, Camille sortit la pipe de son arrière grand-mère de son sac, y fourra un mélange relativement indéterminé d'herbe et l'alluma. La première bouffée qu'elle souffla fit un nuage blanc sur fond noir.
Il devait être minuit, ce n'était pas l'heure du crime et l'adolescente n'était pas couchée. Si elle avait la possibilité de passer tous ses cours à cette heure tardive, elle le ferait bien. Elle prit une nouvelle bouffée de sa pipe, puis s'étira de manière lascive. A droite de son oreille, son familier papillonna d'un air rassurant.
Pour se rendre au lac, les élèves devaient marcher une dizaine de minutes. Ce n'était pas vraiment un problème, même de nuit ; quand on connaissait les étoiles et le ciel, on n'était jamais perdu, sur cette terre, et même quand de nombreux nuages camouflaient les astres, on pouvait toujours se fier à de multiples indices, traces qui révélaient la bonne direction de la route.
Camille aimait marcher. Elle aimait particulièrement le lendemain de la pluie quand les chemins étaient boueux et que les chaussures s'enfonçaient sur le sol, créant un curieux sentiment d'adhérence à la nature. Cela durait une seconde, puis le pied se levait, ramenant avec lui un souvenir de terre. Il n'avait pas plu dans la temporalité où nous étions, mais la jeune femme, caressant l'écorce d'un arbre, se plaisait à se souvenir qu'elle avait remarqué une drôle de grenouille au même endroit, il y avait quelques mois. Elle sourit, comme sensible à ce souvenir qui était revenu tout seul.
Pour trouver le lac, il fallait passer par une forêt assez dense dont les cimes cachaient parfois les étoiles.
Elle connaissait la route et même le vent, hostile à certains animaux, venant amener toutes sortes d'odeurs, lui était familier. La nuit, pourtant, la forêt ne semblait pas rassurante. La végétation devenait oppressante, les fougères prenaient tellement de place qu'il était peu indiqué de quitter le sentier et même le sentier, par moment, faute de visibilité, devenait minuscule, riquiqui, avant que vous ne compreniez que vous suiviez un chemin de lapin.
Cependant, visiter une forêt de nuit avait quelque chose de beau. C'était comme si on pouvait entendre tout ce qui était interdit pendant la journée : le hululement de la chouette, le passage des cervidés et parfois des sangliers. Autant qu'on le pouvait, il valait mieux les éviter. Même si elles n'étaient pas méchantes, ces animaux n'en avaient pas moins envie de défendre leur famille contre l'arrivée d'un potentiel intrus.
Les pieds de Camille arrêtèrent de fouler les feuilles mortes pour se retrouver sur un chemin qui semblait plus être en lisière. Devant elle s'étendait à perte de vue un immense lac d'une beauté parfaite. Ébahie, elle s'assit sur le côté, enlevant assez lentement ses chaussures. Devant la magnificence de la nature, ce n'est pas la peine de se montrer pressé, même violent. Rien ne servait de se dépêcher, après tout, la Nature était une très vieille camarade, non ?
La jeune femme offrit un sourire au lac avant de sortir quelque chose de son sac qu'elle jeta dans le lac – offrande d'un bout de viande, sans doute à destination des créatures qui profitait de ces eaux, comme permission de rester un peu ici. Si elle se plaisait à tremper ses pieds au quotidien, elle ne le fit pas dans ce lac, elle avait écouté pas mal d'histoire à son sujet et ne désirait pas tenter le diable, surtout à cette heure et sans personne pour lui porter rescousse. Il ne manquerait plus que quelque chose lui agrippe le pied et l'entraîne au fond de l'eau, non ?
Paisiblement, Camille sortit la pipe de son arrière grand-mère de son sac, y fourra un mélange relativement indéterminé d'herbe et l'alluma. La première bouffée qu'elle souffla fit un nuage blanc sur fond noir.
Il devait être minuit, ce n'était pas l'heure du crime et l'adolescente n'était pas couchée. Si elle avait la possibilité de passer tous ses cours à cette heure tardive, elle le ferait bien. Elle prit une nouvelle bouffée de sa pipe, puis s'étira de manière lascive. A droite de son oreille, son familier papillonna d'un air rassurant.