Il y avait les heures tardives, propices aux grands élans de l'esprit et puis les heures infécondes, où tout semblait voué à l'échec (les savoir qui s'agencent en souterrain donnent au créateur mal inspiré un sentiment d'incompétence). Seán travailla tant et si bien sur la préparation d'une potion promise au professeur Avranas, qu'il eu tout le loisir de passer par l'un ou l'autre de ces états. Des « presque réussites » alignées en file indienne, mais aucun éclair de génie.
Il commença à douter de la possibilité même d'obtenir un jour le résultat escompté, à savoir un élixir capable d'ouvrir les portes de l'inconscient des jeunes gens assez fous pour le boire, un accès direct aux rêves et aux enchevêtrements de l'esprit humain. Un pas de plus vers la magie onirique, bloc de marbre brut, que la jeune femme s'appliquait à tailler avec rigueur et passion depuis qu'il lui avait été donné de mener ses propres recherches.
Pourtant, après de longues semaines d'expérimentations stériles, la conjoncture de toutes les observation faites à partir des tentatives ratées finirent par se rejoindre en une formule (apparemment) satisfaisante. Seán la testa fébrilement, mais sans grand espoir de réussite. Celle-ci cocha tous les critères recherchés pourtant, ce qui signifiait qu'Hécate et lui allaient pouvoir passer à l'étape suivante du protocole : le test sur des sujets humains.
Seán était assez expérimenté en Alchimie pour se méfier des potions mal abouties. Celle-ci était d'un niveau tel qu'il n'y aurait même pas trempé le doigt avant d'être tout à fait certain de son caractère inoffensif. Le voir ainsi afficher de l'entrain (et une belle dose de conviction) voulait donc dire que l'on pouvait espérer beaucoup de cette dernière version de la formule. Elle était convaincante (au moins non létale).
Seán s'était entendu avec Hecate un peu plus tôt dans la journée. Ils devaient se retrouver en début de soirée, peu après le couvre-feu. Le professeur comptait sur ses élèves pour se tenir tranquille dans les dortoirs : au pire, il avait toujours cette petite orbe de cristal qui s'illuminait d'une lueur rouge en cas de désordre et se mettait à siffler, à la manière d'une cocotte minute. A dire vrai, il recourait souvent à cette technique, car cela lui permettait de continuer ses activités sans déroger à ses responsabilités de surveillant. Le professeur passait peu de temps dans sa chambre, finissant plutôt ses nuits endormi dans son fauteuil ou sur un livre de la bibliothèque.
L'organisation bien rodée, Seán commença donc à reproduire la préparation avec le plus grand soin. Les sous-sols désertés envoyaient le cliquetis de ses instruments de verre et d'argent se réverbérer contre les épais murs de pierre. Dans le même temps, une cohorte de flammes blanches flottaient mollement dans l'atmosphère en faisant scintiller les fioles, les vasques, les condensateurs et les tubes. Le professeur extrayait minutieusement le principe actif des ingrédients, les yeux rivés sur une rangée de minuteurs en forme de cocottes disposés sur le bureau. D'une main, il imprimait au contenu d'un petit chaudron, disposé un peu plus loin, un courant ininterrompu en forme de tourbillon. Le liquide contenu dans ce dernier resplendissait d'une pâleur luminescente. Lorsque Seàn s'y penchait, une pincée de ceci ou cela entre les doigts, il songeait à la lune. Curieux parallèle avec la marchande de rêve, avec qui il s'apprêtait à plonger dans l'inconnu.
Peu de gens connaissaient Seán aussi finement qu'Hecate. La raison derrière ce fait n'avait pourtant rien à voir avec les années passées ensemble à Hellébore. Assurément, ils s'étaient suivi et vu grandir : elle de ses débuts de jeune sorcière à professeur accompli, lui d'enseignant débutant à maître expérimenté et intendant.
Cependant, c'était sans compter sur les dons particulier de la jeune femme. Elle avait cette capacité à ressentir toutes ces choses que Seán occultait d'habitude. Il pouvait garder farouchement la porte de ses mondes intérieurs, Hecate passait immanquablement par dessus, sans qu'il puisse rien n'y faire.
En découla une relation particulière, composée de distance prudente et de fusions indéfinissables. Seán s'était néanmoins fait à ce trouble, cet état de constante vulnérabilité (même si cela le désarçonnait toujours). La présence de la jeune femme était synonyme de porosité de l'être et l'homme en deviendrait probablement paranoïaque, s'il ne lui faisait pas autant confiance.
A ce titre, l'expérience qu'ils s’apprêtaient à mener ce soir là, témoignait bien de l'étendue de cette confiance.
Il commença à douter de la possibilité même d'obtenir un jour le résultat escompté, à savoir un élixir capable d'ouvrir les portes de l'inconscient des jeunes gens assez fous pour le boire, un accès direct aux rêves et aux enchevêtrements de l'esprit humain. Un pas de plus vers la magie onirique, bloc de marbre brut, que la jeune femme s'appliquait à tailler avec rigueur et passion depuis qu'il lui avait été donné de mener ses propres recherches.
Pourtant, après de longues semaines d'expérimentations stériles, la conjoncture de toutes les observation faites à partir des tentatives ratées finirent par se rejoindre en une formule (apparemment) satisfaisante. Seán la testa fébrilement, mais sans grand espoir de réussite. Celle-ci cocha tous les critères recherchés pourtant, ce qui signifiait qu'Hécate et lui allaient pouvoir passer à l'étape suivante du protocole : le test sur des sujets humains.
Seán était assez expérimenté en Alchimie pour se méfier des potions mal abouties. Celle-ci était d'un niveau tel qu'il n'y aurait même pas trempé le doigt avant d'être tout à fait certain de son caractère inoffensif. Le voir ainsi afficher de l'entrain (et une belle dose de conviction) voulait donc dire que l'on pouvait espérer beaucoup de cette dernière version de la formule. Elle était convaincante (au moins non létale).
Seán s'était entendu avec Hecate un peu plus tôt dans la journée. Ils devaient se retrouver en début de soirée, peu après le couvre-feu. Le professeur comptait sur ses élèves pour se tenir tranquille dans les dortoirs : au pire, il avait toujours cette petite orbe de cristal qui s'illuminait d'une lueur rouge en cas de désordre et se mettait à siffler, à la manière d'une cocotte minute. A dire vrai, il recourait souvent à cette technique, car cela lui permettait de continuer ses activités sans déroger à ses responsabilités de surveillant. Le professeur passait peu de temps dans sa chambre, finissant plutôt ses nuits endormi dans son fauteuil ou sur un livre de la bibliothèque.
L'organisation bien rodée, Seán commença donc à reproduire la préparation avec le plus grand soin. Les sous-sols désertés envoyaient le cliquetis de ses instruments de verre et d'argent se réverbérer contre les épais murs de pierre. Dans le même temps, une cohorte de flammes blanches flottaient mollement dans l'atmosphère en faisant scintiller les fioles, les vasques, les condensateurs et les tubes. Le professeur extrayait minutieusement le principe actif des ingrédients, les yeux rivés sur une rangée de minuteurs en forme de cocottes disposés sur le bureau. D'une main, il imprimait au contenu d'un petit chaudron, disposé un peu plus loin, un courant ininterrompu en forme de tourbillon. Le liquide contenu dans ce dernier resplendissait d'une pâleur luminescente. Lorsque Seàn s'y penchait, une pincée de ceci ou cela entre les doigts, il songeait à la lune. Curieux parallèle avec la marchande de rêve, avec qui il s'apprêtait à plonger dans l'inconnu.
Peu de gens connaissaient Seán aussi finement qu'Hecate. La raison derrière ce fait n'avait pourtant rien à voir avec les années passées ensemble à Hellébore. Assurément, ils s'étaient suivi et vu grandir : elle de ses débuts de jeune sorcière à professeur accompli, lui d'enseignant débutant à maître expérimenté et intendant.
Cependant, c'était sans compter sur les dons particulier de la jeune femme. Elle avait cette capacité à ressentir toutes ces choses que Seán occultait d'habitude. Il pouvait garder farouchement la porte de ses mondes intérieurs, Hecate passait immanquablement par dessus, sans qu'il puisse rien n'y faire.
En découla une relation particulière, composée de distance prudente et de fusions indéfinissables. Seán s'était néanmoins fait à ce trouble, cet état de constante vulnérabilité (même si cela le désarçonnait toujours). La présence de la jeune femme était synonyme de porosité de l'être et l'homme en deviendrait probablement paranoïaque, s'il ne lui faisait pas autant confiance.
A ce titre, l'expérience qu'ils s’apprêtaient à mener ce soir là, témoignait bien de l'étendue de cette confiance.
