Sleepy
Il y a le parfum du thé qui flotte, le bruit du robinet mal fermé qui goutte tranquillement, rythme une conversation qui s'évanouit dans la pièce comme la fumée de l'encens puisque les voix sont douces, les esprits apaisés. C'est d'ordinaire une ambiance particulière qui règne dans le club de lecture, petit coin de tranquillité au milieu du chaos ambiant mais si attachant qu'est Hellébore. Chacun prend la parole à son tour, calmement, le bruit des tasses que l'on attrape et des pages que l'on tourne ponctue leurs discussions, souligne les passages que l'on lit à haute voix, parfois avec un peu d'émotions à l'arrière de la gorge. Toutes les semaines, le club de lecture constitue un refuge pour les âmes littéraires ou tout simplement pour les âmes en quête d'égarement. Gareth n'est pas peu fier de diriger cet atelier là qui lui correspond parfaitement puisqu'il l'a fait à son image. À son retour à l'école, ce fut d'ailleurs l'une de ses premières initiatives que de demander à présider ce club là si cher à son coeur, où il peut se retrouver comme retrouver toutes ces têtes blondes qui partagent le même amour pour lui des poèmes comme des romans.
Cette réunion-là n'a rien d'inhabituelle : elle se déroule sans accrocs avec la tiédeur ordinaire et rassurante du thé qu'ils sont en train de déguster et s'achève sans qu'il y ait quoi que ce soit de bien intéressant à noter - outre peut-être cette analyse pleine d'admiration de Gareth pour quelques vers d'Apollinaire puisque les poètes français du du 20ème siècle étaient le sujet du jour. Tous ont filé, non sans lui adresser des au revoirs polis ou de suggérer un ou deux ouvrages pour leur prochain atelier. Gareth écoute et note avec grand plaisir les idées de chacun avant que la salle que leur prête le professeur de bien-être ne se vide petit à petit. Ou presque. Dans un des fauteuils moelleux installés pour l'occasion, il reste une élève, assoupie sur son coussin.
Avec un sourire un peu amusé, le secrétaire finit de rassembler les tasses et les assiettes sur un plateau en prenant garde à ne pas faire trop de bruit puis s'assoit sur une des chaises en face de l'aconit, jambes croisées et le ton léger :
▬ Camille ? Camille ? Il attend patiemment que l'adolescente émerge de son sommeil au son de son appel et ajoute : Désolé de te réveiller, tu avais l'air de si bien dormir. Mais je te déconseille de faire la sieste à cette heure-là, tu risques de dérégler ton horloge interne.
En espérant que cela ne soit pas déjà le cas. Il lui semble que malgré le couvre-feu et les leçons de vie des enseignants, personne ici n'a l'air de dormir la nuit. D'ailleurs, il la trouve fatiguée et se penche un peu vers elle en joignant les mains, comme cherchant à déceler quelque chose d'invisible :
▬ Hum quelque chose ne va pas ?
Et il se doit se retenir pour lui poser une myriade de questions qui ne le regardent pas sur son rythme de sommeil, son niveau de stress, son appétit, la gentillesse de ses camarades, la difficulté des cours et le reste. Il a toujours eu un petit soupçon de faiblesse pour cette jeune fille quand bien même il sait très bien qu'elle est trop grande pour qu'il la couve, ce drôle de papa poule.
Cette réunion-là n'a rien d'inhabituelle : elle se déroule sans accrocs avec la tiédeur ordinaire et rassurante du thé qu'ils sont en train de déguster et s'achève sans qu'il y ait quoi que ce soit de bien intéressant à noter - outre peut-être cette analyse pleine d'admiration de Gareth pour quelques vers d'Apollinaire puisque les poètes français du du 20ème siècle étaient le sujet du jour. Tous ont filé, non sans lui adresser des au revoirs polis ou de suggérer un ou deux ouvrages pour leur prochain atelier. Gareth écoute et note avec grand plaisir les idées de chacun avant que la salle que leur prête le professeur de bien-être ne se vide petit à petit. Ou presque. Dans un des fauteuils moelleux installés pour l'occasion, il reste une élève, assoupie sur son coussin.
Avec un sourire un peu amusé, le secrétaire finit de rassembler les tasses et les assiettes sur un plateau en prenant garde à ne pas faire trop de bruit puis s'assoit sur une des chaises en face de l'aconit, jambes croisées et le ton léger :
▬ Camille ? Camille ? Il attend patiemment que l'adolescente émerge de son sommeil au son de son appel et ajoute : Désolé de te réveiller, tu avais l'air de si bien dormir. Mais je te déconseille de faire la sieste à cette heure-là, tu risques de dérégler ton horloge interne.
En espérant que cela ne soit pas déjà le cas. Il lui semble que malgré le couvre-feu et les leçons de vie des enseignants, personne ici n'a l'air de dormir la nuit. D'ailleurs, il la trouve fatiguée et se penche un peu vers elle en joignant les mains, comme cherchant à déceler quelque chose d'invisible :
▬ Hum quelque chose ne va pas ?
Et il se doit se retenir pour lui poser une myriade de questions qui ne le regardent pas sur son rythme de sommeil, son niveau de stress, son appétit, la gentillesse de ses camarades, la difficulté des cours et le reste. Il a toujours eu un petit soupçon de faiblesse pour cette jeune fille quand bien même il sait très bien qu'elle est trop grande pour qu'il la couve, ce drôle de papa poule.
@Camille Mellow