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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019 Empty pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

    Message par Invité Jeu 27 Aoû - 22:16


    Whispers would deafen me now
    You don't make a sound
    It's all so incredibly loud
    Ce n'est pas vraiment la peur de quitter Hellébore, ce n'est pas non plus celle de revoir ses parents : Lion est bercé d'amour et les problèmes ne semblent venir frapper à sa porte. C'est sans doute la peur de s'habituer aux paysages où l'herbe se meurt, étouffée dans le monstre goudron et au béton qui tente d'absorber ce qui reste de sauvage – comme perdre son innocence, comme perdre toute trace d'inattendu et de magie. Alors, Lion rentre les étés, le temps de se dire que c'est assez. Alors, Lion envoie des lettres avant tout et n'ose vraiment se séparer de ce qu'on lui a offert ici. Il voudrait sans doute pouvoir inviter ses parents ici, les asseoir à côté de lui lors des leçons. Balthazar aime pourtant encore même lorsque les visages sont loin de ses visions, les souvenirs pour gonfler le cœur et toujours des airs étroits pour se rappeler de tout ça. C'est que s'il pouvait, il collectionnerait sans doute les plus belles cassettes pour tenter d'emprisonner les voix des personnes adorées, il a dû renoncer à tout ça.

    Alors, oui, Lion reste un peu. Lion voit les élèves défiler, les valises se fermer quand il n'arrive vraiment à se presser pour ranger la sienne. Alors, Lion profite des nuits solitaires, des étoiles juste pour lui, des autocollants phosphorescents au plafond. Pourtant, cette fois, il est mordu par le bleu minuit, pris dans le revers des vagues et jeté au fond des océans. L'esprit se tord. On lui a appris à ouvrir les yeux, regarder les lumières de la lune pour laisser passer les cauchemars et repartir aussitôt dans des mondes rêvés. Rien n'y fais, elle vient toujours se poser sur son estomac, jument du fond des jours, monstres voulant le croquer à pleines dents. Et quand les images ne veulent disparaître, quand il sent le vertige arrive, il repousse les couettes avec effroi. C'est qu'il ne voudrait pas passer sa vie sans arriver à se libérer de tout ça.

    Il connaît le chemin. Lion a mémorisé de jour comment accéder le plus doucement possible à son refuge certain. Il sait encore, quelquefois, ne rien montrer de sa personne, s'enfuir en silence. C'est sans doute ce qui est commun à tous les enfants. Il dévale son deuxième étage, les mains agrippées aux rambardes, deviner les marches de chaque escalier. Et puis tomber une, deux fois, se rattraper à je-ne-sais-quoi, les coudes amortis par l'oreiller dont il faudra changer la taie aux premiers jours. Et puis passer la maison aux mille plantes, celle qui veut devenir un buisson, mais qui n'ose pas. Lion sait aussi qu'il faut réfléchir à chacun des pas, ne pas réveiller le bois, car il répétera ce qu'il ne faut pas. Dans le noir, Lion ne sait voir. Dans le noir, il sait se rappeler des murs sur son passage et de chacune des couvertures touchées ; il passe les doigts sur le nom des écrivains, les anciens livres et les bords des bibliothèques encastrées au mur. C'est facile de trouver la bonne porte en silence, sans doute plus délicat d'ouvrir furtivement le sas de la tanière. Lion retient son cœur pour ne pas qu'il parte avant lui. Il a encore pourtant les bras pris de frissons. Lion retient ses pas, ne pas s'affoler. Il veut retrouver là où au fil du temps, il a dû incruster sa silhouette comme la pluie filant dans les falaises. Sans un mot, galoper jusqu'à la couche désirée. Sans un mot, pousser la couette pour pouvoir grimper les escarpements des plus grands dangers. Son corps s'enfonce dans le matelas, laisse souffler les craquements du lit en bois. Il faut maintenant trouver du bout des bras le dos à affectionner. Lion, oui, du bout de ses doigts frais d'enfant caresse un instant les éclats de peau et les surfaces des sentiers de chair infructueuse, sans hésiter, savoir à qui tout appartient, sentir le reg et le zéphyr qui y siffle. Alors, il se hasarde au-delà, au milieu des mille couleurs de draps et place à sa tête l'édredon apporté comme maigre bouclier face aux ténèbres.

    Lion reprend la place qu'il s'approprie comme si elle lui revenait de droit. Que ferait-il après tout si on lui interdisait l'endroit ? Il y place son nez, doucement, approcher les lèvres et fermer les yeux et encore toujours y placer les paumes pour voler innocemment les fragments des runes qu'il affectionne et puis pour voler un peu de mystique propre à Senrhys endormi là. Il se demande s'il peut apparaître dans ses rêves comme ça. Il se dit que ça serait bien, juste une fois. Et puis Lion y pose sa tête sur le matelas, l'oreille près des omoplates, abandonner l'idée de passer ses doigts le long des sillons entourant la colonne vertébrale qui ne lui appartient pas, ne pas en faire trop de peur de souiller ses prières. Doucement, Lion écoute le siège des passions et les plaintes tranquilles circuler. Lion s'endormirait encore sur les tambours pour résister d'y glisser des litanies chantées. Au creux du désert, oui, résister un instant au bleu se transformant. Son beau bleu de Prusse devient bleu poupon. Au creux du désert, réchauffer ses songes, laisser fondre les cauchemars, car ils n'existent pas là où tu te trouves.
    (( Allongé près de toi
    Ta bouche et tes bras ))
    // pantone 5395 u
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    Message par Invité Ven 28 Aoû - 1:19

    Blue cornflower.


    Un rite initiatique dont l’aurore et le crépuscule n’ont aucune limite. Parsemer son chemin de fleurs, suivre la course effrénée d’un oiseau d’augure. Partir pour des contrées lointaines, effleurer le fantasme d’une vie d’idylle, noyer des croyances éternelles, retrouver la peur comme elle nous a tenu au premier souffle, se souvenir, en vain, que la mort n’est qu’une figure familière qui vous veillera jusqu’à la fin.

    Senrhys n’est qu’un flux d’émotions, d’un profond regret à la détresse d’être en vie. Et quand le plus maigre brin d’allégresse se targue de ses pensées les plus profondes, le frisson d’une douleur absolue réveille ses sens. Comme privé du droit de connaître la candeur et l’innocence d’un songe alangui. Les ombres s’étirent et s’étalent, rongent sa chair et l’appâtent jusqu’à pouvoir l’aggraver des torts les plus abjectes. Il revit l’atrocité des nuits trop claires, des rires diaboliques et des fers hurlants. Tremblements obscurs mêlés d’une brûlure ingrate au creux de ses veines, à l’instar des marques qui strient et déchirent sa carne. Rien ne protégera jamais plus Senrhys de lui-même que sa propre couardise. Celle qui lui accorde de ne pas tous les jours céder aux insomnies. Là où…

    La chaleur des embruns d’été d’Irlande n’a jamais rien fait pour s’assurer que sa peau ne peine pas sous la brise d’un courant d’air. Pour que le mouvement même tenu du tissu contre sa peau ne titille pas sa conscience. Mais le signe est celui d’un souffle tremblant. D’un contact incertain. D’une odeur de printemps dans un monde brûlant des enfers. Deux paumes chagrines qui épousent son épine, perdent leur sens et trouvent une nouvelle voie.

    Peut-être a-t-il tort de ne pas laisser cette âme en peine à son sort. Ou peut-être est-ce dans son instinct le plus bas, dans la façon que son cœur a de se tordre, embrumé par ses songes. Dans la danse rassurante de son corps venant faire face au sien dans le seul espoir futile de mouler leurs deux âmes en une seule et unique entité. Senrhys étreint Lion à son cœur comme l’on épouse les courbes de l’idole parfaite. Narcisse dans un miroir invisible. Ses doigts contre sa nuque brûlante, filant entre les mèches défaites, son souffle contre son front, là où ses lèvres trouvent leur refuge idéal.

    Et si sa dextre se faufile sous le tissu au dos de son invité, c’est pour mieux le ceindre à sa propre chaleur. Pour pouvoir souffler contre l’herbe folle de sa crinière les notes d’une berceuse qu’ils se sont mutuellement appris, si ce n’est pas sa vie antérieure qui l’a fait pour lui. De caresses illusoires à murmures illettrés. De silence timide à notes à peine révélées. Aucun mot ne trouve le chemin de sa langue, mes ses lèvres, toujours étroitement fermées sont à la douceur de la nuit ce qu’une larme de lune est à l’astral observatoire du monde. Eteindre le mythe d’un horizon funeste et soupirer à l’être enjôlé une comptine que leurs seules pensées laisseront exister. Trop faible pour prendre vie, trop réelle pour disparaître dans la nuit.

    Si dans l’éclat d’un soubresaut un baiser effleure l’orée de ses yeux clos, lui perdure à garder son monde teinté de noir. Il ne craint rien, dans l’étau prudent d’une vie retrouvée. Comme l’on accueille le retour d’un fragment oublié de ses propres espoirs. Garder le doux contentement qu’importe le reste du monde, eux deux peuvent toujours s’oublier.

    Et qu’à sa peau, les doigts sveltes de Senrhys peignent à l’aveugle les lignes assurées d’une rune que l’Amharique lui aura dès son plus jeune âge enseigné. Dessiner sur sa peau offerte la promesse d’être protégé. Qu’ici-bas, là où leurs deux cœurs sont rois, Lion jamais plus la peur ne trouvera.



    Dernière édition par Senrhys Demissie le Ven 28 Aoû - 23:29, édité 3 fois
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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019 Empty Re: pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

    Message par Invité Ven 28 Aoû - 3:12


    Whispers would deafen me now
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    Il faut se laisser faire pour ne pas couper la vague. Il faut se laisser emporter au large. Lion n'a pas si souvent vu la mer, a pourtant joué les pieds enfouit dans le sable, voir combien de temps, il pourra durer avant de succomber. Lion ne demande que ça pourtant. Les yeux qui s'entrouvrent, tenter de voir le bout de la plage. Il peut encore imaginer chaque recoin de Senrhys, noter les endroits visités ici et là lorsque la pénombre n'y laisse rien voir. Lion sent la petite pression des canicules sur sa nuque, le soleil y tape trop fort parfois. C'est qu'il se permet d'être égoïste, se laisser étreindre alors qu'il pourrait si facilement laisser ses bras passer par-dessus bord. Si on avait voulu savoir ses propres intentions, qu'aurait-il dit ? Lion n'est qu'appelé par les bouquets, les fleurs coupées au pied et tout ce qui éclôt lorsqu'on oublie de regarder. Il faudrait qu'il glisse dans les songes du précieux tout ce qu'il ne faudrait dire, qu'on y laisse des symboles pour que rien ne puisse le déranger. Lion oublie plus qu'un instant la simple raison de sa visite. Voici comment réveiller les véritables démons dont on admet par l'existence, ceux qu'on ne nomme pas parce qu'on ne lui a jamais expliqué ce que pouvait être leurs prénoms. Lion ne rougit pas. Lion n'a presque aucun embarras même lorsqu'on franchit la dernière barrière entre son âme et le monde, tant que ce n'est que les limbes des plus belles feuilles, tant que ce n'est que celui qu'on nomme Senrhys pour mieux l'attacher à quelque chose, alors tout est normal. Tant qu'il peut entendre que chaque inspiration, tout ce qui était à lui autrefois, entendre les chansons lénifiantes plus qu'imperceptibles comme à chaque fois et puis les berceuses qui n'endorment plus à présent. Non, Lion s'éveille à présent. Et si on lui avait demandé, sans doute, aurait-il tenté d'un jour décrire que c'était tout, juste une fiction-réalité, un sommeil éveillé.

    Non, lui ne laisse pas le rose venir à ses joues parce qu’il n’a jamais trouvé aucune honte à ce que ça soit lui. C’est qu’il y voit sans doute un privilège. C’est qu’il se demande toujours quand tout finira, quand de nouveau il n’y aura plus que l’hiver et que de nouveau, on viendra le chercher. Lion n’a pas pleuré depuis la dernière fois, depuis qu’il est devenu autre chose que Balthazar dans un caprice pour ne pas oublier. Toujours, parler au présent. En serait-il de même ?

    Comme la première fois, comme la dernière fois, lire dans ce qui se trace à l'index, frissonner par réflexe, laisser la peau réagir pliée sous la convoitise qu'il rejette. Il ne faudrait qu'il ne puisse y que lui sans jamais qu'il n'ai à serrer ses doigts autour de ses poignets. Il faudrait grandir. Ici, là, il a encore du mal à passer les paumes autour du cou du roi. Étirer un peu le soit pour s'éprendre du reste, graduellement descendre les muscles et les os liés : des trapèzes jusqu'au supinateur, revenir, clavicules jusqu'au coude. Et puis ensuite, imaginer les jardins d'automne, dans les équinoxes, les dahlias. Et puis se dire qu'il faudrait mieux y griffonner celles qui sont justes à toi dans les yeux de Lion. Fleur de la prière pour qu'il reste toujours avec lui. Princesse de la nuit qu'il aimerait voir un jour dans sa vie. Alors, passer les ongles en imitant des mandalas sur les rebords du monde, du squelette en dessous, de son âme à l'intérieur, comme une habitude. Lion évanoui, au loin les appels des sirènes, les chants de nuit qui lui faut oublier les couleurs des cauchemars, le noir qui fait peur et le bleu à grandes dents et aux yeux cachés entre deux armoires. Il n'y a que les teintes envisagées de Senrhys dans ses yeux aveuglés.

    Ne jamais oser susurrer quoi que ce soit, quelquefois oser un son impossible à retenir trop longtemps, comme des bouts de bonheur qu'on se doit de partager un peu, pas trop, compter les gouttes de l'eau bénite. Lion suit du regard les ombres de ce qu'il sait être lui, les mains qui dansent et la tête qui oublie qu'il n'existe pas qu'un corps. Secrètement rapprocher ses genoux, ses pieds à présent habitués à la chaleur des draps pour chercher ceux du voisin. Imperceptiblement s'accrocher à tous les endroits qu'il peut, dont il s'autorise l'accès, l'un plus pudique que l'autre. Enfantin perdu au lointain toujours rattrapé lorsqu'il s'enfuit trop loin.

    Lion noie avec passion les effrois de minuit. Et puis laisse les yeux se fermer, les cils toucher là où il se pose, là où il se sentirait trop bien. Avoir peur un peu et ne pas comprendre réellement pourquoi – les choses compliquées qu'il interdit à sa pensée. Toujours, Lion polit chacune des intentions, pureté. Lion qui accroche quelques-uns de ses doigts aux oreilles du marquis, il est encore là. Seulement, il se demande s'il l'a réveillé, s'il a gâché la plus belle des projections. Il faut maintenant tenter de faire oublier la faute alors qu'il baille doucement, nuque exposée dans la confiance la plus absolue. À quoi peuvent ressembler les morsures de ceux qu'on aime ? Lion n'imagine pas. Oui, compter le nombre de lettres qu'il lui faudrait pour écrire des proses, un peu trop, il n'en possède sûrement pas assez de son mélange d'Irlandais, Français, Anglais et tout le reste, bientôt plus de langue apprises qu'à l'arrivée. La plus importante n'en comporte aucune. La plus importance se passe par là où ils touchent comme s'il faudrait y goûter, comme s'il fallait que le sens soit prioritaire, complémentaire, que tout aille ensemble. Il faudrait plus, de peur qu'on s'y habitue.

    Donc, enfin, arrêter tout un instant. Quelques secondes. Une éternité. Donc, lorsqu'on ne le laissera plus jamais s'échapper, reprendre la comptine. Mon petit oiseau sur un oranger, il faudrait que jamais je ne te blesse, il faudrait que jamais tu ne te blesses. Comment l'éviter ? Voici l'étendue des peurs de Lion, tant soit peu qu'elles réussissent à rester au cœur, trop serré pour accueillir autre chose que les amaryllis à présent.

    Oui, pour finir – ou pour seulement commencer -, tracer des petits mots. Bonjour, bonne nuit, beaux rêves, toi, moi... Commencer des phrases sans aucun sens et puisqu'il ne connaît pas plus fort que ça, lui aussi inventer sa propre magie, dessiner des bouts de runes pour protéger, pour vénérer partout où il peut.
    (( Fais battre mon coeur
    Allongé près de toi ))
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    Message par Invité Sam 29 Aoû - 14:29

    Blue cornflower.


    Arracher à la toile obsidienne la peine infinie. L’étouffante chappe du sommeil en un poids constant, Morphée refusant de libérer son amant de toutes les nuits. Dans chaque toucher, un son plus doux, plus candide, plus lyrique. Ils sont ce que les enfants cherchent dans le refuge des bras d’un parent, et plus encore. Ce que deux âmes sœurs traquent inlassablement, quelque chose d’inexplicable, d’inexcusable, de si puissant que l’on ne peut pas les rejeter. Trembler sous ses doigts, laisser son souffle brûlant s’écraser contre l’oreille chétive. Profiter, sans la moindre prétention, de pouvoir voler l’aube avant l’heure. Laisser la rosée du matin s’échapper le long de son dos, là où les doigts de Lion redéfinissent les lignes de sa personne, comme il l’a fait chaque jour depuis leur rencontre. Comme chaque fleur cueillie. Comme ce diadème sauvage qu’il n’a jamais trouvé le cœur à jeter. Tendrement tassé entre les pages d’un grimoire dont il ne laissera jamais personne voir le contenu. Son plus grand trésor. Non. Il ment. Encore et encore. Son plus grand trésor, il a l’allégresse de pouvoir le garder au creux de ses bras, dans ces nuits sans lune, dans ces instants volés où eux seuls sont les maîtres de leur destinée.

    Senrhys mêle ses jambes à celles du garçon, faisant oublier là où l’un commence et l’autre finit. Mais la nuit les couvre de son linceul sacré, et dans le bâillement puéril d’un gamin trouvant ce qu’il cherche dans une chaleur partagée, le sauvage presse sa joue à celle de son partenaire d’une vie entière, fredonnant sans note, parlant sans mots, partageant ses émotions comme l’on partage son pain.

    Mais lui ne trouve pas le sommeil, là où les marques de Lion tracent sa peau. Et s’il ne devine pas les mots, il n’a pas besoin de leur donner un sens. Pas besoin de saisir son intention pour comprendre son dessein. Senrhys laisse échapper un son, entre plainte et gémissement, entre merci et ne m’oublie pas. Presse son nez contre le visage de Lion, comme deux créatures se retrouvant après une longue séparation. Comme on dit ne pars pas, reste là, rien qu’avec moi. Et si ses doigts se crispent sur son échine, sur la courbe se dessinant chaque jour un peu plus de ses hanches adolescentes, il n’y a pas d’intention maladroite. Il ne veut pas laisser passer un message autre que je te veux pour moi, vivre sans toi, même quelques jours, sera une corvée infranchissable.

    Son visage contre le sien, les yeux fermés là où aucun regard n’est nécessaire, il pose un baiser contre sa joue, comme pour apaiser le chérubin terrifié qu’il a un jour été. Comme pour lui souligner que toutes ces choses, il les accepte. Une nouvelle pression de ses lèvres contre sa gorge, et même s’il domine de sa stature, Senrhys se rend vulnérable et venant nicher son visage contre le creux de sa gorge, là où il peut sentir le pouls du jeune fauve contre sa bouche entrouverte, presque goûter les phéromones d’un adolescent qui ne demande plus qu’à fleurir. Il veut seulement garder ses sens contre ceux de Lion. Seulement-

    Ne pars pas. Ne pars pas, s’il te plaît.

    Mais aucun mot ne pourra jamais se poser sur ce sentiment. Rien ne fonctionnera jamais correctement. Rien. Pas ses doigts agrippés dans le tissu blanc du pyjama de son innocent amant, pas plus que la façon que Senrhys aura de doucement feuler son nom contre son cœur.

    Ne pars pas. Garde-moi près de toi.

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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019 Empty Re: pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

    Message par Invité Sam 29 Aoû - 17:51


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    Toujours, il laisse des baisers. Toujours, plus proche sans que ça ne le soit assez. Lion se demande confusément comment partager ce qu'il ressent. Il retient les notes du mieux qu'il peut. Senrhys doit pourtant entendre la mélodie s'accélérer, doit pourtant entendre lorsqu'on se perd dans les partitions inexistantes, lorsque tout s'emporte, trop vite, trop vite. Senrhys doit l'entendre courir dans la nuit là où ses pieds n'ont pas quitté le lit. Il faut retenir son souffle, un instant, faire semblant. On n'a pas expliqué à Lion les frontières des territoires d'Éros. C'est que chaque contact de sa bouche le brûle et qu'il n'y a rien pour éteindre les premiers incendies. Lion se demande comment on peut supporter les étreintes des aimés là où encore, on ne peut qu'en mourir, là où tout se tord, là où pourtant, il y revient toujours. Lion aime sentir les voies lactées, les verdures d'Hellébore et l'ailleurs lorsqu'il s'approche, plus, plus. Il faudrait clouer les ailes des anges, épingler les papillons pour en ressortir vivant. En apnée, il remonte le long des rivières, les mains touchant les fonds marins. Il remonte jusqu'à la source de ses pensées, s'emparer du trône du roi, envahir l'enveloppe de l'autre jusqu'à ce qu'il n'existe plus aucun rebord qui n'ai pu être touché, l'empoisonner comme il se meurt. Il faudrait que ses mains saignent d'avoir trop serré entre ses doigts tout ce qui n'est pas là lui, battre des cils, battre des ailes, baisers inavoués. Il enracine ses doigts dans le noir, autour des ténèbres, dans la crinière de son amour pour arracher son cœur. Souffrir, doucement, et se demander si un jour tout sera semblable de l'autre côté, si encore, on partage les mêmes aphorismes sous la lune voisine.

    Lion n'embrasse pas depuis longtemps. Lion n'a jamais osé donner ses lèvres autrement que quand dans des sourires légers. Lion arrache des mots de sa bouche, ceux qu'il ne faudrait pas dire – il n'ose pourtant rien en dire à Senrhys – mais tout s'arrête là. Il sait encore comment glisser jusqu'au cou de Maxime, comment prendre la main d'Idylle ou dire à Robin, que c'est bien, qu'on est un bon enfant. Il sait seulement prendre peur de ses propres fantômes, des penchants auxquels on dit non avant de pourtant déposer un peu de lui là où il peut. Les papillons virevoltent sous les lanternes. Lion cultive le sacré, le beau et le sublime, les lierres qui s'entortillent dans le fond de ses poumons.

    Respirer à nouveau, dans l'oreille d'un visage qu'on ne voit plus, y souffler des sentences dans un dialecte nouveau. S'en mordre les doigts, ronger sa peau jusqu'au sang pour tenter de comprendre là où il sait quand tout est arrivé. Y existe-t-il d'autre personne venant déranger ses nuits ? Où s'en va-t-il lorsqu'il n'a pas le droit de l'approcher ? Y existe-t-il une aimée, une demoiselle à regarder lorsque les ondines voguent à la surface du lac, lorsque la vouivre laisse voir son rubis par-dessus l'azur ? Tout s'écroulerait lorsqu'il lirait la réponse au fond des yeux, sans qu'il ne sache ce qui a été perdu. Il construit des châteaux de sable et les laisse se faire prendre par la marée. S'en mordre les lèvres, les crocs qu'il daignerait planter au-delà de ce qui lui appartient, mal, mal. Alors, il faut tout briser, casser les vitraux sacrés éclairant la chair.

    Senrhys.

    Lion rappelle à l'ordre la nuit et puis, voudrait s'excuser. Un coup de poing donné aux entrailles de sa propre voix, il relâche un peu l'emprise – jamais complètement, jamais ne donner une échappatoire à son prisonnier. Il attend qu'on oublie le nom prononcé avant d'oser avancer un peu les pions sur l'échiquier invisible. Lion sait trouver sans peine ce qu'il cherche, y déposer ses lèvres pour la première fois. Embrasser de sa bouche, la tempe de celui qui porte le nom de ses malédictions.

    J'ai un peu peur des choses qui percent la nuit.

    Et c'est vrai. Lion a peur du bleu passant sans valeur, noirceur des âmes. Lion a peur quelquefois, de sa propre imagination qui ne sait pas ce qu'elle voit, qui dessine des silhouettes valsant à la lune. Lion a peur quand parfoisSenrhys ne répond pas et s'en va. Il le laisse aller, de peur de ne pas pouvoir le retenir alors qu'il a tout aussi peur de ne pas le voir revenir. Il a peur des petites tristesses qui tentent de fracturer son âme. Il a peur de ce qu'il vient de faire alors que ce n'est rien qu'imiter les coutumes qu'on lui grave sur l'enveloppe depuis longtemps.

    Le naufragé se laisse noyer volontiers. Pourtant, il s'accroche à la coque, pour emporter avec lui les ruines de ce qui était son bateau, pour emporter avec lui les marées. Lion comme pétrifié n'ose plus que toucher de ses lignes à lui, les sections de l'autre. Il lui faudrait le nommer autrement et puis au passage demander ailleurs ce qui se passe près du sternum. Lion plisse les yeux, autoriser un peu d'encombres lorsque la chaleur monte jusqu'aux oreilles, lorsqu'on voudrait reprendre ce qui a été donné. Pourtant, toujours, il entend les échos de sa propre voix à s'en rendre sourd. Et sans le savoir, l'autre main vient glisser sur les vertèbres cervicales, vient se serrer en un petit poing. Pardon, pour les maladresses, pardon. Lion ne sait pas vraiment comment mentir pour rester toujours à ses côtés, comment le laisser demeurer plus que comme ça.
    (( Allongé près de toi
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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019 Empty Re: pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

    Message par Invité Dim 30 Aoû - 16:34

    Blue cornflower.


    La vérité est aussi doucereuse que blessante. Quand dans le chœur silencieux d’une divinité qu’il ne peut saisir, les silences deviennent des armes, où les mots tranchent. Où son propre nom semble être une arme visant à le ruiner sans qu’il ne puisse jamais rien y faire. Parce que Lion fuit son contact, s’évade et s’évince, traque une échappatoire que Senrhys n’est pas persuadé de pouvoir lui accorder. Non. Il ment. Il n’a pas le désir de la lui donner.

    Alors il pince les lèvres et relève la tête, cherche son regard, cherche à comprendre, laisse la peur le submerger comme un ras de marée. Il n’y a pas que l’inquiétude, il y a aussi toutes ces autres choses, toute cette envie de lui souffler des mots, des vrais, de lui dire de ne pas partir, de ne pas-

    Mais déjà il embrasse la tempe sombre, et les paroles sont une douleur perçante au creux de son cœur. Senrhys répond de toute sa douceur, enveloppe Lion dans l’étreinte de ses bras et cette fois, il cache l’enfant contre sa gorge, tire la couverture sur leurs deux corps, voilant le monde, ne laissant d’eux que la forme d’une masse d’une seule émotion unie. Il ne veut rien de plus, ne veut plus penser, ne plus douter. Tout est à eux, et rien n’est impossible.

    « Shhhh… »

    Ses doigts dans les cheveux courts poursuivent le chemin de sa nuque, là où les jumelles de Lion glissent contre la sienne. Mais il ne dit rien, attrape l’une de ses mains, en baise chaque doigt un par un, là où des griffures et écorchures persistent parfois. Là où les fleurs sont au plus près de lui. Là où le monde entier existe, mais lui seul peut y poser l’amour d’un autre. Un Lys tendre entre les crocs d’un fauve sauvage, ses lèvres contre la paume de sa main, avant de venir l’apposer contre son propre cœur. Là où son palpitant bat avec sérénité. Là où la peau pâle de Lion est en contact avec la sienne, brûlante, vraie.

    Pour lui dire des choses que sa voix ne porte pas. Pour lui promettre, là, contre sa chair, que Senrhys protégera Lion du monde entier, et même de la nuit, s’il le faut. Il vient presser son front aussi, embrasse le bout de son nez, ses joues, frotte à nouveau leurs visages et claque doucement de la langue, parce qu’il veut qu’il comprenne. Parce que ce monde là est à eux deux et personne d’autre. Les anges verront ce qu’ils y souhaiteront, mais lui ne donnera pas au diable ce qu’il a volé au ciel et à la terre réunis.

    Caresser sa joue de sa main libre, ne pas rendre la fugitive à son cœur son libre arbitre. La pression est réelle, mais jamais il ne le blessera. Et dans ce cocon d’obscurité, il sait, sans peine, qu’il comprendra. Alors il reprend la paume d’albâtre et y trace, tendrement, quatre lettres qu’il lui dira un jour de vive voix. Qu’il lui avouera comme on donne son cœur pour l’éternité.

    "S – T – A – Y"

    Et d’oser, le mot trop fort et jamais assez à la fois. Un mensonge qui n’a cette forme que par naïveté. Il ne ment pas. Pas aujourd’hui. Pas quand les lettres se suivent, quand leurs souffles se mêlent, là, à l’abri des regards, du monde et des doutes.

    "L – O – V – E"

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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019 Empty Re: pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

    Message par Invité Lun 31 Aoû - 5:31


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    You don't make a sound
    It's all so incredibly loud
    Il ne dit plus rien quand il est emporté à l'abri du monde. Lion sait que les craintes appartiennent à un autre monde et qu'il faudrait toujours les chasser du cœur. On lui a appris à ne pas y penser, à sourire, sourire et tout laisser filer. Lion se dit que Senrhys n'a pas besoin de ça. Lion se dit qu'il est mieux de penser aux tonalités de ce qui sort de l'autre, les paroles qu'il comprend quand on l'emmène plus près des commencements. Il faut calmer ses entrailles, doucement oublier les hallucinations, se concentrer sur la tendresse de l'union. Lion laisse chacune de ses phalanges se faire chérir et puis laisser voler des clartés étouffées, ne pas les laisser dévaler le fond de la gorge à toute allure, tenter de recoudre le silence. Ce dernier ne se compose que d'un drap entre Lion et la personne coiffé de belle-de-nuit. On serait tenté de les démêler, d'y mettre encore ses doigts, toujours, oui, y placer d'autres couronnes, jamais assez.

    Senrhys sait parler. N'écoute-t-on pas ou bien n'y a t-il que Lion pour lire chaque geste là où il ne peut presque plus discerner son image ? Senrhys sait parler et sans doute bien mieux que Lion qui n'ose transmettre le plus important, qui se dit que ça ne l'est pas assez, qu'il ne faudrait pas agacer qui que ce soit. Il se dit, oui, qu'il ne faudrait pas l'agacer lui alors qu'il n'a jamais réussi à voir rien de tout cela. Alors, il est sans doute surpris un instant. Lion ne sait pas s'enfuir, Lion ne sait que s'attacher. Lion ne sait que rester là où sont les aimés, là où siègent les lunes à décrocher. Lion ne sait que prendre Senrhys dans ses bras, se débattre pour avoir l'exclusivité de l'endroit près de sa poitrine ou pour prendre ses paumes avant que les siennes ne soient volées en premier. Lion les renferme donc comme il sait faire, sa main sur l'index qui trace les cercles runiques, les pentagrammes des rêves éveillées, des promesses qu'on fait en validant l'idée de caresses. Lion ne sait que rester. Il n'y a sans doute aucun échappatoire et ce depuis la première fois, depuis qu'il a de sa propre main de chérubin emprisonné leurs noms l'un contre l'autre. Il regretterait seulement de ne pas avoir su mélanger les lettres.

    Lion ne sait pas vraiment si tout est identique. Lion sait seulement ne pas y penser comme un interdit. Lion ne sait que déchirer la nuit comme un bout de papier, Lion ne sait que chuchoter une ou deux ritournelles, en faire des berceuses parce qu'il n'y a que comme ça que tout peut se former : du bout de sa langue. Lion sait y lier les débuts de magie – celle en laquelle il croit plus que celle d'Ambrose, celle dans laquelle il a été élevé. Oui, Lion ne peut qu'écrire, sur la voûte de coton, des partitions nouvelles, déposer du bout de ses lèvres des mots qui n'ont pas vraiment besoin d'être. Ils ont eu le temps de façonner un bout de nulle part, une langue étrangère à conquérir, des phonèmes. Mais comme promis, il ne faut pas s'envoler trop haut, planer un peu trop bas, juste assez pour qu'on distique les notes s'entortillant dans l'air. On entend chaque inspiration. On ne lâche jamais les doigts volés, on les laisse s'évader un instant pour mieux glisser les siens dans chacun des creux que la main offre. Lion revient à sa place, là où il était au commencement, la tête à sa place, le cœur à l'écoute pour le lier à la chanson. Et lorsque tout s'harmonise, arrêter.

    Quand est-ce que le cœur dort ?

    Lion se demande s'il a le droit aux rêves lui aussi. Lion se demande sans vraiment attendre une réponse : Senrhys lui dira un jour, lui montrera les citations répondant à ses divagations perdues entre la page trente-sept et trente-huit d'un livre. Lion sera émerveillé par les dessins gravé sur la reliure et il oubliera jusqu'au nom du mystérieux auteur ayant étrangement toujours de quoi repartir sur chacune de ses objections. Non, il n'attend pas vraiment de solution, il ignore que les personnes qu'on enterre ne reviendront jamais : le Baron Samedi lui a prouvé autrement.

    Des fois, tu n'es pas vraiment là quand je dors. C'est toi qui te perds, pas moi.

    Alors que pourtant, Lion fait de son mieux pour marquer le chemin, il y grave des signes dans les arbres, laisse flotter sa voix pour qu'on puisse le suivre avec facilité. Cependant, la phrase abîme sa bouche endormie et il se laisse à fermer les yeux un instant. Le murmure ose à peine sortir d'en dessous de sa langue :

    Je te tiens.

    Si lion ferme la main à peine plus fort comment fera-t-il pour se débarrasser de lui ? Comment pourra-t-il se perdre à nouveau ? Il sait que ça sera impossible. Il sait et c'est comme ça qu'il s'assure qu'enfin, ils pourront être réunis là-bas. Il sait et quand bien même ça ne serait pas le cas qu'il se réveillerait à nouveau pour venir chercher ce qui lui revient de droit, il a décidé que ça serait comme ça, au moins juste pour cette fois. Alors, de quoi pourraient-ils avoir peur, là, les mains liées ?
    (( Fais battre mon coeur
    Allongé près de toi ))
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    Message par Invité Sam 19 Sep - 6:19

    Blue cornflower.


    D’autres circonstances auraient certainement réveillé ses peurs et ses angoisses, lui le roi d’un monde où l’odeur rance de la mort est une comptine trop connue. Le cœur ouvert et sanglant contre celui si fébrile de l’oiseau pris dans la cage dorée de son étreinte. Comme si le monde voulait rire à son nez, lui l’hérétique, épris des couleurs pastel d’un rêve éveillé. Il ne veut plus craindre, ne veut plus blesser. Regrette chaque souffle perdu contre les constellations parsemant sa peau diaphane, même encore chaude du soleil dont il s’est abreuvé tout le jour durant.

    Avouer ses péchés est un pas qu’il ne parvient pas à franchir, qui l’étouffe et l’asphyxie, qui crie dans la nuit à une mort certaine. Celle d’un chasseur devenu monstre, d’un souffle éphémère dans la nuit entre les feuillages rustiques et acerbes. Des ronces contre son cœur, qui à tous les battements d’un palpitant éméché par le suave nectar des sentiments, se resserre pour éviscérer sa proie. Pourquoi chaque geste porte-t-il le poids d’un monde évanoui ? Évaporé, comme oublié. La brume se lève sur ses songes, et dans un rêve alangui, il embrasserait sûrement les lèvres de cet ange aux traits séraphiques. Pour lui souffler, là, contre la commissure de sa bouche, que le monde n’a de saveurs à nouveau que depuis que le sucre de son existence s’est étalé sur sa chair. Senrhys dort les yeux ouverts, reconnaissant chaque geste, chaque souffle, chaque espoir, comme étant sien. Tout ce que Lion daigne lui offrir, il voudrait le chérir pour l’éternel, et graver dans sa chair chaque mot, chaque litanie, chaque soupir. Dans un monde parfait, Lion n’appartient qu’à Senrhys, et Senrhys, du bout d’une chaîne, choierait cet enfant plus qu’il n’aura jamais la force d’aimer quiconque d’autre dans sa vie.

    Mais l’ange reste-là, blotti au creux de ses bras, et lorsque leurs corps pourraient s’ouvrager à ne faire plus qu’un, l’aube la plus douce ne saurait les séparer. Et à cette voix tendre, il sent chaque fibre en lui vouloir le posséder d’un son aussi puissant que les racines s’ancrent dans la terre. A-t-il seulement le droit de vouloir être le seul et unique pour un être que le monde entier devrait s’arracher ? Senrhys n’ose y penser. Embrasse la joue chaude et encore marquée des lignes de l’enfance, presse son front contre sa tempe.

    Le mien n’a jamais été plus en vie.

    Parce qu’il existe sûrement une réalité alternative où tout devrait s’arrêter ici et là. Où chaque mot prononcé par cette voix douce et pourtant tremblotante devrait le faire douter. Tout ça n’est qu’une fable, l’un de ces mythes que l’on lui susurrait tard le soir, lorsque les autres enfants refusaient d’être calmes, eux et leurs jeux insouciants. Pourquoi alors ressent-il le besoin de resserrer sa prise sur cet oiseau qu’il sait pourtant consciemment tenir en cage. Lion n’est pas sa possession, et pourtant, pourtant…

    Je ne veux pas te perdre. Tiens-moi plus fort. Je ne veux pas que l’aube nous sépare.

    Enfouir au fond d’un enfer tumultueux que chaque souhait est un désir écorché. Etouffer ses prières contre sa chair et morde à sa gorge, d’un soupçon d’autorité, l’animal enchaîné voudrait sûrement s’échapper. Pourquoi tenter le diable lorsque les anges sont à portée ? Senrhys relâche doucement la chair pâle, là où ses crocs n’auront jamais blessé, contre la chaleur de sa gorge. Comme un parent tranquillise sa proie, portant à sa gueule sa progéniture incertaine. Mais il y a quelque chose de sensuel à ne pas marquer sa peau, à ne pas lui offrir la moindre souffrance, si ce n’est ce geste instinctif de vouloir lui rappeler qu’il n’y a nulle part où il préférerait se trouver. Et contre cette toile faussement meurtrie, enfouir ses espoirs, lécher ses ambitions, inspirer le paradis.

    Voler sa main aux doigts liés et y poser un bref baiser, lui rappeler, par tous les moyens, qu’ici et maintenant, le temps n’appartient qu’à eux. Embrasser ses paupières closes, le bout de son nez, ne plus savoir où donner son cœur, ne plus vouloir être abandonné. Tout ça n’a plus de sens, ou n’en a pas plus qu’il ne devrait y en avoir. Presser à nouveau son front au sien et vouloir tout oublier. Oublier que demain, la nuit l’arrachera au reste du monde. Que les fers habilement dissimulés sous son lit devront être rouverts. Que demain, Ambrose n’oubliera pas son existence et l’arrachera à cette cage, là où son beau rossignol, cette rose d’été, ne pourra pas l’atteindre. Là où Senrhys ne sera pas un danger pour lui.

    Mais ce soir, ce soir, s’endormir avec l’amour contre son cœur ne lui semble pas impossible. Embrasser la commissure de ses lèvres et lui fredonner une berceuse qu’ils ont composé à deux n’est qu’une tendresse altruiste, où Lion devient Senrhys, et Senrhys oublie, le temps d’un instant, que Lion est devenu le sens de sa vie.

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    pantone 5395 u ☼ senrhys .2019 Empty Re: pantone 5395 u ☼ senrhys .2019

    Message par Invité Sam 26 Sep - 17:10


    Whispers would deafen me now
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    Lion n’imagine pas la fin. Lion est toujours pris à dépourvu lorsque tout se termine. A bout de bras, au bout de ses bras, comment pourrait-il y penser ? C’est qu’on imagine toujours le pire, c’est qu’on veut toujours penser à ce qui dérange le cœur. Lion y ferme les yeux. Lion se concentre sur les contours de lui qui fondent doucement dans un dégradé de Senhrys. On dit qu’il est innocent.
    La cage thoracique se lève. Lion laisse faire. Lion entend, sent les lèvres qui se ferment sur sa jugulaire. Les dents ne frappent pas, les canines ne déchirent pas. L’idée d’un simple meurtre ne vient pas en tête : le laisserait-il faire ? Lion n’a que sa voix à donner et le foyer de sa magie est prise en otage : laisser boire les larmoiements de ses sortilèges. Comment tout donner ?

    Lion se tait. C’est qu’il a trop parlé, c’est qu’il sait ce qu’il a brisé : il faudrait bien faire. Lion n’ose pas s’aventurer là où on ne l’autorise pas. Lion n’a jamais vraiment saisi les frontières de celui qu’il aime cependant. Alors, il faut attendre les yeux entrouverts. Alors, il faut sentir chaque parole donnée du bout des lèvres, précisément. Il faut prendre ce qui est donné, oublier ce qui pourrait mourir sans crier gare. Non, Lion se contente de fermer les yeux parce qu’on ne peut pas enfermer ce qu’il aimerait voir immortel, parce qu’on ne peut pas promettre que rien ne changera jamais. Après tout, la maison d’été n’a pas été visitée depuis si longtemps. Après tout, il ne reste pas sans doute plus grand chose du jardin bien tenu et des herbes coupées avant qu’elles ne soient trop hautes. Lion se demande jusqu’où on a laissé tout pousser, jusqu’où l’océan vert s’est aventuré. Et s’il s’enfuit de l’étreinte, que lui restera-t-il ? Lion n’a pas les mêmes frayeurs que la personne à l’autre bout de lui-même.
    Alors, oui, se laisser aller. Pourtant, toujours serrer d’une main ce qui ne lui appartient pas : emporter avec lui des brins de l’autre au cas où le ciel s’effondrerait. Lion se concentre sur les petites étoiles brillantes dans la pénombre si on y prête attention. Lion se concentre sur les lueurs de la lune, sur les lueurs de la nuit qui n’est jamais complète. Le trône de sa majesté magie siège ici. Ambrose n’est pas assis dessus. L’a-t-il un jour été ? Depuis quand prête-t-on à l’homme tant de mystères ? Lion ne se rappelle que de son ombre, de la silhouette dansant dans la chaleur de son dernier été. Il faudrait un jour dire à Senhrys qu’il voudrait posséder les siens, toujours, ou bien au moins se tenir à ses côtés même lorsqu’il le laisse s’évader. Lion déteste les jours où il ne peut le voir au moins une fois, parler de ce qu’on plante dans les serres, parler de ce qu’on a vu près du lac, parler des esprits dansant dans le chèvrefeuille et puis glisser ses doigts entre les siens sans que l’action ne soit réfléchie.

    Lion a oublié les raisons de ses visites : excuses ou non, les peurs doivent mourir. Lion les enterre doucement sous les sapins dansants à la fenêtre. Les griffes sont redevenues épines. Alors, il n’y a plus de raison de ne pas rester là simplement parce que c’est comme ça. Alors, il n’y a pas d’autre raison que celle d’être près de toi, ta bouche et tes bras. Lion étend ses bras pour prendre le plus de place possible contre Senrhys. Lion ne réclame pas sa place, car il n’ose réclamer, se contente de faire et d’aviser. Lion aimerait offrir plus qu’on ne lui donne. Alors, quand on l’embrasse, il vient poser ses doigts-là où ils étaient autrefois, là où ils seront encore un autre jour : laisser ses traces de son passage pour y revenir plus tard. Il prend dans ses yeux, ceux de son monarque, inspecter ce qu’il peut voir lorsque tout est éteint, lorsque les flammes de son cœur laissent entrevoir ce qu’il faut. Et toujours rendre un peu de ce qui a été volé, doucement imiter ce qui a été fait. Du bout d’un doigt, imiter les anges pour effacer les affronts avant de venir de nouveau chercher la main de Senhrys pour s’y attacher.

    Lion ferme les yeux.
    Le bleu les enveloppera.

    Lion ferme les yeux, car il est si facile de se concentrer sur une respiration qui ne lui appartient pas, de vouloir toucher l'origine des vénustés posée à côté de soit. Il aura toujours peur de la couleur de minuit venant prendre ce qu'il ne veut laisser partir et pourtant... Tout restera figé dans des songes partagés. S'il a accès à ses rêves alors son souhait sera accordé. Si Lion peut rester là jusqu'à ce que les temples tombent en ruine alors que tout soit baigné de cæruléum. Les corps tombent sur le matelas et le poids de leurs âmes les fait s'enfoncer. Lion s'enfuit plus près sans y percevoir l'ironie certaine.

    Lion tait les chansons qui sont pourtant entendues sans qu'il n'ai besoin d'en dessiner les notes. Si Senhrys s'y joint, il n'y a rien à ajouter. Si Senhrys s'y joint alors voilà sa plus belle création.
    (( Allongé près de toi
    Ta bouche et tes bras ))
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