the cold never bother me anyway ▬ orion&asmo

il y a des nuits où sa chambre est trop petite, trop étroite, où il n'a qu'une seule pensée en tête : sortir. et c'est exactement ce qu'il fait, dans un empressement silencieux, ombre qui longe les murs pour ne pas réveiller les autres occupants du dortoir. il y a quelques insomniaques, perchés  sur les canapés du salon, et orion les salue d'un bref mouvement de tête. il faut croire qu'il n'est pas la seule âme à qui le sommeil échappe.

enfin libéré des quatre murs qui l'emprisonnent, l'immensité du ciel moucheté d'une infinité de lumières  — étoiles qu'il ne connaît que trop bien aujourd'hui, à force de les observer encore et encore, est la bienvenue. il se sent enfin respirer, libre. orion traverse le parc sans se précipiter, observe distraitement la vapeur qui s'élève à chacune de ses respirations, aucunement préoccupé par l'air frais de la nuit.

sans qu'il ne l'ait réellement prévu, ses pas le mènent à l'observatoire et, ce n'est qu'une fois au centre, qu'il s'arrête et contemple les constellations avec la même admiration que la première fois. c'est un sourire nostalgique qui fleurit sur son visage, quand les souvenirs d'une autre époque font de nouveau surface. il se remémore les mille et une question d'un si petit lui, la patience de son père et la passion qui transpirait dans sa voix, quand il parlait de la voûte céleste. et ça lui manque, dieu que ça lui manque.

ses pensées ne sont interrompues que lorsqu'une paire de bras entourent soudainement sa taille, le fasse sursauter. puis, la voix familière d'asmodée s'élève, légèrement étouffée, et il ne peut s'empêcher de rire, non sans avoir laissé échapper une exclamation peu convaincante à son bouh.

— je n'ai pas froid.
c'est lâché d'un ton pétulant, comme un enfant qui refuse d'admettre que c'est l'heure d'aller au lit, même s'il peine à garder les yeux ouverts. il sent bien le froid, au travers de son pull pas tout à fait adapté à la température de novembre, résultat de de sa décision prise à la va-vite de sortir se dégourdir les jambes, et bien entendu, son corps le trahit à ce moment-là, se décide à frissonner à la seconde où ses mots franchissent ses lèvres.

— c'est faux, tu n'as rien vu.
toujours aussi borné.

les frissons s'estompent doucement, et il est bien, là où il est. figé au beau milieu de l'observatoire, asmodée contre lui avec les étoiles pour compagnes. c'est qu'il proteste, faiblement, quand l'autre se détache, se retourne vers lui avec une mine contrite et armé de ses meilleurs yeux de chiens battus, avant qu'ils ne tombent sur le pull qui lui est offert.

— aye aye, capitaine.
c'est qu'il a beau être borné, il ne protesterait pas contre une protection de plus pour vaincre le froid. orion enfile le vêtement, porte ses mains à son visage pour exhaler entre ses paumes un peu d'air chaud, histoire de les réchauffer un peu. et quand il remarque que ce n'est pas suffisant, les frictionne l'une contre l'autre, avant de les caler dans les poches de son pantalon, bien penaud. mais définitivement pas prêt à rentrer de si tôt.

— merci.
agrémentant ses mots d'un sourire trop large, il reprend sa contemplation du ciel, rien que quelques secondes, reportant ensuite son attention vers asmo.

— pas la tête à rester dans le dortoir ?
elle est posée par politesse, la question. après tout, la réponse est évidente, serait probablement la même que la dernière fois, et l'autre d'avant. et s'il ne le dit pas tout haut, moi aussi, lui brûle les lèvres, sauf qu'il sait qu'il en est tout aussi conscient, ce ne serait pas leur première instance, à se retrouver en pleine nuit sous le regard des astres.