ma douce primrose. ton nom évoque une douceur qui te va si bien. le nom d'une fleur ; et tu as toujours aimé les fleurs. tu as toujours aimé la nature. tu aimes ton nom. en revanche, tu ne t'aimes pas beaucoup, toi. complexée comme pas possible, tu as horreur de ta différence, tu aurais préféré te fondre dans la masse, être proche des autres. tu manques cruellement de confiance en toi. pourtant, tu n'as jamais été mauvaise à l'école, tu n'as jamais été une mauvaise personne. tu es une personne bienveillante, insécure mais gentille, attendrissante. tu ne t'aimes pas malgré tes qualités. tu n'y arrives pas. en toi, tu ne vois que de la noirceur, un paria.

mais tu n'en parles pas et tu gardes le sourire. parce que c'est ce que tu as appris à faire. ne pleure pas, et cesse de te plaindre. les autres n'ont pas à subir tes maux. tu souffres en cachette. tu te remets constamment en question. mais lorsque tu n'es pas seule, tu souris. tu montres tes bons côtés. de toute façon, tu veux que l'on t'apprécie. la solitude t'effraie. parce que la solitude fait ressortir ce que tu détestes chez toi. tu ne veux pas être seule. tu ne veux pas être détestée. tu ne veux pas. relève le menton, fais briller tes prunelles. sois synonyme de joie et de chaleur. ne sois pas apparentée aux mauvaises émotions. et peut-être qu'un jour, tu apprendras à t'aimer.

les élèves connaissent une bibliothécaire à l'écoute. de bons conseils. attentive et mature, cultivée. ils te voient ainsi parce que c'est ce que tu montres, et c'est aussi la réalité. c'est la véritable toi. même si tu as l'impression d'agir pour montrer une belle image de toi. tu ne te forces pas à être gentille. tu ne te forces pas à aider ton prochain. tu ne te forces pas à t'intéresser aux autres. ça te vient naturellement. ce n'est pas une mascarade, ce n'est pas un mensonge. tu n'arrives pas à te connaître toi-même. tu ne sais pas qui tu es vraiment. ta vie est un mélange entre bienveillance et bonheur, inquiétudes, remises en question incessantes, crises d'anxiété, et à nouveau des sourires, de la joie ; le souhait de ne pas être abandonné. tu veux bien croire qu'un jour tu parviendras à vivre normalement, sans avoir peur de tout. sans avoir peur qu'on te pointe à nouveau du doigt, que l'on te rejette, que l'on se moque de toi. tu ne veux pas te perdre dans le gouffre de tes pensées négatives.

ton travail t'aide énormément. tu aimes ton travail. tu aimes les étudiants. tu aimes cette école. c'est ton échappatoire, ta manière d'être heureuse au moins un peu. tu as des démons dont tu dois te débarrasser, mais tu n'en as juste pas conscience. ton esprit est tel un puzzle qui ne demande qu'à être complété.

tu t'accroches à ton souhait de revoir ambrose. au fond de toi, tu penses qu'être avec lui te permettra d'effacer tous tes maux. tu penses que sa présence te guérira et rendra ton sourire permanent. tu t'accroches à cette pensée qui semble davantage à un rêve impossible. c'est ton idylle. ton voeu inaccessible. est-ce réellement de l'amour, ou une obsession...


ma chère primrose, tu es une grande rêveuse. tu as sans arrêt la tête dans les nuages. ça te rend maladroite, et souvent, tu fais des gaffes. et tu t'excuses des dizaines de fois. tu aimerais ne pas être maladroite mais c'est une partie de toi que tu ne peux changer. tu as toujours été comme ça. tu es lunatique. et ça t'a donné envie d'en apprendre plus sur les étoiles, sur le ciel. pourquoi ta tête est-elle toujours parmi eux ? leur pouvoir est sans limite. la beauté des cieux est inégalable. tu as toujours aimé les cours d'astronomie.

tu as la tête dans les nuages mais les pieds sur terre.

tu es une artiste. tu as toujours été d'une créativité innée. tu ne sais pas vraiment d'où ça te vient. peut-être de tes parents, mais tu ne saurais le confirmer, puisque tu ne les connais pas. tu aimes principalement peindre, tu as toujours quelques pinceaux près de toi, et de la peinture. tu ne saurais dire si tu es douée, puisque tu ne montres jamais ce que tu fais à qui que ce soit. tu n'oses pas. tous tes tableaux se trouvent chez toi, à l'abri des regards. et tu les aimes énormément. ils te rendent un peu heureuse et ça te suffit. tu as beaucoup peint le portrait de ta chouette, hora. cet animal... tu ne sauras jamais lui exprimer à quel point tu es reconnaissante de l'avoir à tes côtés. elle parvient à te faire sourire même quand tu es seule. mais grâce à elle tu n'es jamais seule. (et vous vous ressemblez un peu. surtout au niveau d'une partie du corps particulière - inutile de deviner laquelle).et tu feras tout pour qu'elle ne manque jamais de rien. vous êtes liées. c'est la seule à qui tu montres tes émotions sans tenter de te retenir.

tu aimes aussi la calligraphie. tu ne te considères pas comme une professionnelle de cet art, bien loin de là, si l'on compare à la peinture. mais tu aimes bien. tu trouves ça satisfaisant. il y a un côté apaisant à tout ça, mais encore une fois, ça t'est venu naturellement. tu as entamé la calligraphie du jour au lendemain, parce que ça t'intéressait. et depuis, tu t'entraînes. tu t'exprimes énormément par l'art. l'art te permet de dire des choses qui ne sortirait jamais de ta bouche. et pourtant si peu ont -ou auront- la chance d'admirer tes créations.

il était une fois (parce que tous les contes de fées s'entament de cette façon, parait-il). mais ton histoire n'est pas vraiment un conte de fées, n'est-ce pas primrose ? pourquoi commencer avec des banalités alors que tu pourrais être simplement concise, efficace, et aller droit au but. inutile de décorer ton histoire à l'aide de fioritures impertinentes. ta vie n'a jamais été de la couleur de tes cheveux (rose, donc) mais tu n'as sans doute pas eu la pire vie non plus. c'est peut-être pour ça que l'on t'a souvent reprocher de pleurer. pleurer pour rien n'était pas la solution, hm. mas pourquoi une jeune fleur grandissante telle que toi pleurait-elle ? que s'est-il passé, primrose ?


tes parents sont morts à ta naissance. ou sont-ils disparus ? tu ne le sais pas vraiment, on ne t'a jamais affirmé quoi que ce soit. tu ne les connais pas, c'est tout. tu es née en irlande, mais tu as été contrainte de partir pour l'angleterre. dans ta nouvelle famille. ce n'était pas vraiment une famille, c'était plutôt un... foyer qui te permettrait de grandir et de partir lorsque tu en auras l'âge. c'était un endroit utile. tu n'allais pas ressentir l'amour familiale que tu aurais mérité, mais au moins, tu n'allais pas crever de faim. tu n'allais pas avoir froid. tu n'aurais pas à t'inquiéter de ta santé.

mais ils n'allaient pas comprendre ton ascendance elfique. ils ne comprenaient pas pourquoi tu pleurais. les ondes te faisaient souffrir. tu étais une petite fille émotive et sensible. tu avais mal mais tu ne savais pas comment l'exprimer autrement. alors on ne t'a pas aidé à comprendre. tu l'as appris par toi-même, à l'école. tu as vécu dans l'incompréhension pendant de nombreuses années. et tu ne savais pas vers qui te tourner. tes faux parents soupiraient, te demandant de ne pas te plaindre. ils n'avaient pas signer pour ça. tu passais beaucoup de temps au coeur de la nature, éloignée de tout. et tu revenais tard. tu fuyais. tu essayais de trouver une échappatoire. un moyen de ne pas avoir mal. et tu étais attirée par la nature, la faune, la flore. la vie dans son enveloppe naturelle.

il n'y a pas grand chose à dire sur cette période de ta vie. tu as ressenti qu'on t'avait abandonné. qu'on t'avait mené vers un endroit qui ne te correspondait pas. tu étais perdue. et ambrose est venu te sauver. il est venu vers toi et t'a dit que tu étais spéciale. que ta vie pouvait changer. pour la première fois depuis longtemps, tes yeux ont commencé à briller. tes yeux étaient semblables aux étoiles dans le ciel, les plus brillantes que l'humain aurait pu découvrir. tu avais seulement dix ans et pourtant, ce voyageur venait de t'offrir l'opportunité de trouver ta voie. tu as accepté sans vraiment réfléchir. en avais-tu réellement besoin ? quelque chose avait alors changé chez toi, créant un amour inconditionnel, une obsession envers cet homme. et cette obsession allait encore te suivre pendant longtemps.


hellébore t'a ouvert ses bras. tu avais dix ans et tu sentais déjà l'espoir de te sentir bien, pour une fois. à partir de ce moment, tu ne ressentais plus ces ondes stridentes qui te dérangeaient tant. tu étais de retour dans ton pays d'origine, que tu ne connaissais pas. mais tu t'y sentais réellement comme chez toi. et ça faisait du bien. tu as recommencé à rêver.

tu y as rencontré solal, ton ami. vous étiez différents. trop différents, même. et pourtant vous étiez amis. il avait deux ans de plus que toi et tu te sentais bien à ses côtés. tu avais d'autres amis, mais sans trop savoir pourquoi, tu n'arrivais pas à te sentir réellement toi-même auprès d'eux. pas autant qu'avec solal du moins. lui, il t'a déjà vu pleurer. et tu t'es déjà confié à lui, un peu. tu évites de le faire trop souvent, tu n'aimes pas parler de toi. tu n'aimes pas pleurer. tu n'aimes pas te plaindre parce que tu ne dois pas le faire.

quel a été ton désespoir lorsque ton ami a quitté les sureaux pour les aconits. tu lui en voulais mais en même temps tu ne pouvais pas te permettre de lui en vouloir. cette maison ne lui ressemblait pas. il n'était pas à sa place. tu le comprenais. mais tu avais peur de te retrouver seule. perdue. laissée à toi-même. et tes fidèles craintes revenaient encore. mais tu n'as pas été seule, et tu n'as pas arrêté de voir ton ami pour autant. et ça t'avait rassuré, beaucoup. tu ne voulais pas perdre qui que ce soit étant proche de toi. c'était impensable.

tu étais une jeune fleur déployant ses pétales comme un papillon déploierait ses ailes. tu traçais ton chemin au coeur de cet endroit qui était ton chez toi. tu as fait tes études avec de la facilité, si l'on oublie tes nombreuses crises de panique causées par des craintes uniquement imaginé par ton esprit volatile. tu avais de bonnes notes. tu étais dotée d'une grande intelligence. être parfait(e) partout, ça n'existe pas. tu apprenais vite les matière, mais la maîtrise de tes émotions, c'était un énorme défi pour toi.

mais tu n'as jamais voulu d'une vie compliquée. tu voulais d'une vie agréable, heureuse, tu voulais que l'on t'accepte. tu voulais voir de belles choses et trouver le bonheur dans la simplicité. c'est pourquoi après tes études, tu t'es cherché. tu as essayé, pendant un temps, de trouver ta place. ta véritable place. puis tu as réalisé que tu ne voulais pas quitter hellébore. c'était ton chez toi, ta maison. la bibliothèque a toujours été un endroit que tu as aimé. tu aimais lire et tu aimes toujours ça. tu avais assez de connaissance pour conseiller les élèves dans leur lecture. rien ne te retenait de prendre le poste de bibliothécaire.

et dès ton premier jour, on t'a complimenté. on t'a prouvé que tu étais bien à ta place. tu ne t'aimes toujours pas. pas vraiment. mais au moins, tu es à ta place. peut-être parviendras-tu à apprendre à t'apprécier, presque autant que les autres t'apprécies (ou du moins, que tu souhaites qu'ils t'apprécient). ça prend du temps. mais le temps, ce n'est pas ça qui te manque.