Canvas, peinture et... j'ai perdu mon crayon | Ft. Luka Scott

Cours finis pour la journée.
Après plusieurs heures passées dans la salle de classe, les dernières paroles sonnaient la libération des élèves pour qu’ils puissent vaquer à leurs occupations. Moi? J’étais parti de mon côté pour aller chercher quelques affaires dans ma chambre. Évitant de courir dans les couloirs lorsqu’il y a de la foule pour ne pas bousculer quelqu’un, courant lorsqu’il n’y a personne, je m’attelais à aller au plus vite dans le dortoir des Helvelles, puis ma chambre, claquant la langue à chaque pas que je faisais, faisant de l’équilibre sur les rebords

Mon bureau se trouvait dans un état abominable. On pouvait voir ici et là des écorces d’oranges séchées, des feuilles volantes, des verres vides ayant servi à boire de la citronnade, ainsi qu’une collection de livres, soit empilés les uns sur les autres par-dessus les affaires de travail, soit en vrac après avoir subi une chute lié à la récupération d’un cahier de cours. Et bien que quelques obligations de rangement soient de mise, rien n’y faisait, le bureau était condamné à finir dans un état lamentable.

Cela n’était pas le plus important cependant. Qu’est ce que j’étais venu chercher déjà? Ah oui, cela me revient.
Sur le bureau se trouvaient aussi trois grandes trousses, et c’était ce que j’étais venu chercher. Après avoir récupéré ces dernières, direction le 1er étage de l’école, pour rejoindre la salle du club de dessin.

Une fois arrivé, je me dirigeai alors vers l’une des tables, prenant des feuilles de dessin, et je m’installai alors, sortant mes crayons de mes trousses… Ainsi allait commencer l’un de ces longs moments de classification des couleurs, que je faisais à chaque fois que j’allais me mettre à dessiner… moments qui devaient dénaturer clairement avec l’état de mon bureau pour ceux qui l'avaient déjà vu… Toujours est-il qu’une fois cet étape terminé, je pouvais me mettre à dessiner.

Le moment où Luka m’avait salué, je regardais un peu dans tous les sens, pour trouver l’emplacement de celui qui venait de dire mon nom, et faire un signe de la main pour le saluer en retour, avant de retourner à ce que j’étais en train de faire. C’est que j’ai du mal à me concentrer sur deux choses en même temps après tout.
J’avais fini de trier mes crayons, je pouvais donc me mettre à dessiner.

Ca part de quelques formes de base, des ronds, des carrés, qui se changent en cube et en sphère, avant de se changer au fur et à mesure en animaux, en arbres, un monde onirique, n’ayant rien en commun avec la réalité. Trop pure, trop innocente, ce monde qui est mis en esquisse n’avait aucune part d’ombre, et rien ne devait venir assombrir le ciel de ces petits lapereaux en train de jouer dans les fleurs des hautes herbes.

C’était ce que je dessinais quasiment tout le temps et jamais cela ne changeait de mes habitudes. Un cycle répétitif s’il en est, mais j’étais bien heureux comme ça.

…

Et si pour une fois je changeais? Je me mis à regarder autour de moi, à la recherche d’un modèle, quelque chose qui sortait de ce que je faisais d’habitude. Chaque élément que je regardais me disait d’abord que ça pourrait être bien, avant que je ne les rejette ensuite, en proie à la difficulté de les représenter sur le papier.

Mes yeux se posèrent alors sur Luka, et enfin, la difficulté ne me semblait pas être immense. Je regardais mes crayons, prenant ceux dont les couleurs correspondaient le mieux, et je commençais alors mon nouveau dessin, me levant par moment de ma chaise, m'approchant pour voir ce qu’il faisait, et noter d’autres détails physiques, faire le tour de ma table…et  recommencer la même chose, 15 minutes plus tard après que je me sois remis à dessiner… finalement, après un petit moment à faire ces allers-retours, une nouvelle question me venait…

“Tu d- dessines q-uoi?”

Disais-je, accompagnant mes paroles de gestes montrant ce qu’il était en train de dessiner, et mimant le fait de tenir un crayon.