Les innombrables fioles à ingrédient faisaient danser des ombres depuis les étagères accrochées aux murs de la salle d'Alchimie. Seán, le regard froncé et le dos penché sur son bureau, avait envoyé des flammèches de feu froid se promener au dessus des parchemins et des bouquins empruntés à la bibliothèque, mais, après un moment, elle commencèrent à dériver dans la pièce.
A présent, elles en éclairaient des points aléatoires, créant des reflets bleutés sur le cuivre des chaudrons et une illusion de vie là où il n'y avait rien. Seán ne s'en était pas rendu compte, tout absorbé qu'il était dans le perfectionnement d'une potion censée servir aux expériences d'Hecate sur la magie onirique. Après des semaines de travail acharné, il touchait au but (tout du moins l'espérait-il).
L'air déterminé, Seán versa une goutte de sa préparation au centre d'une plaque dorée sur laquelle se reflétait un assemblage complexe de cercles, de signes et de runes. Au début, rien ne se produisit, mais après un moment, la gouttelette se mit à vibrer étrangement, jusqu'à prendre une teinte rouge étonnante et disparaître dans la plaque. Le professeur d'Alchimie laissa alors échapper un profond soupir de déception : quelque chose n'allait pas dans sa préparation. S'il la buvait, il était bon pour le cimetière. Il fallait donc tout recommencer.
L'expression vaguement contrariée, l'homme prit un moment pour considérer la manière dont les runes et les signes s'étaient réarrangés sur la plaque de métal. Dans le même temps, il griffonnait vigoureusement sur un coin de parchemin, ajoutant aux relevés des commentaires et des hypothèses utiles pour la suite.
Seán avait l'habitude de recommencer ses potions des centaines de fois : il était très compliqué d'élaborer une nouvelle formule (même pour un spécialiste). Il disait souvent que la frustration d'avoir à recommencer faisait parti du jeu, mais elle se mêlait avec l'excitation de se trouver face à un mystère qu'il s'agissait de résoudre, une énigme dont les détours piquaient la curiosité. C'était une lutte pour la connaissance, vers une meilleure compréhension de la nature et ses forces. Inutile donc de décrire quel niveau de joie et de fierté suivait un succès.
Seán se redressa et se laissa retomber au fond de sa chaise. Il paraissait absorbé dans ses réflexions mais, après un moment, on le vit relever la tête. Il constata alors que ses flammèches s'étaient fait la malle et les ramena vers lui d'un petit geste de la main. Au même moment, Walt entra dans la salle en poussant un miaulement grave et plaintif.
« Qu'est-ce que tu veux ? Demanda-t-il. Tu t'es encore fait embêter par Ponpon ?
Entre le chat du professeur d'Alchimie et le chien du secrétaire se menait une véritable guerre de position. Walt s'en tirait toujours à bon compte, l'agilité et la jeunesse aidant, mais cela ne l'empêchait pas de revenir de ces escarmouches d'une humeur exécrable. Cependant, Seán comprit, à la manière qu'il avait de rester planté au milieu de l'allée (plutôt que de venir déranger ses documents), qu'il s'agissait d'autre chose. Walt essayait résolument de lui faire passer un message. Seulement, le potionniste ne maîtrisait pas l'art du miaulement.
« C'est pas un peu fini oui ?
Râla-t-il au énième roucoulement du matou. Le regard de Seán se posa alors sur un gros pot de verre que Walt était en train de renifler et qui contenait des fleurs d'aconit séchées. Cela lui fit l'effet d'un déclic : il se rappela de son rendez-vous avec Luka et la promesse de lui apprendre les secrets du remède contre la lycanthropie. Ses yeux pivotèrent alors en direction de la pendule et il réalisa qu'il était plus que temps d'y aller.
L'homme bondit hors de son fauteuil et attrapa sa sacoche de voyage (celle qu'il utilisait pour faire des prélèvements), avant de quitter la salle en trombe, poursuivit par Walt qui miaulait toujours d'un ton de reproche. Seán parvint néanmoins à minimiser son retard en pressant le pas. A ce titre, il détestait être en retard (de manière générale) et ne se privait pas pour en faire le reproche à ses élèves. Il arriva donc au lieu du rendez-vous (non loin du dortoir des Helvelles) d'un air mortifié (et passablement essoufflé).
« Jeez... Fit-il en rectifiant la position de sa chemise. Luka, comment vas-tu ? Désolé pour le retard. J'espère que tu ne m'attends pas depuis trop longtemps.
A présent, elles en éclairaient des points aléatoires, créant des reflets bleutés sur le cuivre des chaudrons et une illusion de vie là où il n'y avait rien. Seán ne s'en était pas rendu compte, tout absorbé qu'il était dans le perfectionnement d'une potion censée servir aux expériences d'Hecate sur la magie onirique. Après des semaines de travail acharné, il touchait au but (tout du moins l'espérait-il).
L'air déterminé, Seán versa une goutte de sa préparation au centre d'une plaque dorée sur laquelle se reflétait un assemblage complexe de cercles, de signes et de runes. Au début, rien ne se produisit, mais après un moment, la gouttelette se mit à vibrer étrangement, jusqu'à prendre une teinte rouge étonnante et disparaître dans la plaque. Le professeur d'Alchimie laissa alors échapper un profond soupir de déception : quelque chose n'allait pas dans sa préparation. S'il la buvait, il était bon pour le cimetière. Il fallait donc tout recommencer.
L'expression vaguement contrariée, l'homme prit un moment pour considérer la manière dont les runes et les signes s'étaient réarrangés sur la plaque de métal. Dans le même temps, il griffonnait vigoureusement sur un coin de parchemin, ajoutant aux relevés des commentaires et des hypothèses utiles pour la suite.
Seán avait l'habitude de recommencer ses potions des centaines de fois : il était très compliqué d'élaborer une nouvelle formule (même pour un spécialiste). Il disait souvent que la frustration d'avoir à recommencer faisait parti du jeu, mais elle se mêlait avec l'excitation de se trouver face à un mystère qu'il s'agissait de résoudre, une énigme dont les détours piquaient la curiosité. C'était une lutte pour la connaissance, vers une meilleure compréhension de la nature et ses forces. Inutile donc de décrire quel niveau de joie et de fierté suivait un succès.
Seán se redressa et se laissa retomber au fond de sa chaise. Il paraissait absorbé dans ses réflexions mais, après un moment, on le vit relever la tête. Il constata alors que ses flammèches s'étaient fait la malle et les ramena vers lui d'un petit geste de la main. Au même moment, Walt entra dans la salle en poussant un miaulement grave et plaintif.
« Qu'est-ce que tu veux ? Demanda-t-il. Tu t'es encore fait embêter par Ponpon ?
Entre le chat du professeur d'Alchimie et le chien du secrétaire se menait une véritable guerre de position. Walt s'en tirait toujours à bon compte, l'agilité et la jeunesse aidant, mais cela ne l'empêchait pas de revenir de ces escarmouches d'une humeur exécrable. Cependant, Seán comprit, à la manière qu'il avait de rester planté au milieu de l'allée (plutôt que de venir déranger ses documents), qu'il s'agissait d'autre chose. Walt essayait résolument de lui faire passer un message. Seulement, le potionniste ne maîtrisait pas l'art du miaulement.
« C'est pas un peu fini oui ?
Râla-t-il au énième roucoulement du matou. Le regard de Seán se posa alors sur un gros pot de verre que Walt était en train de renifler et qui contenait des fleurs d'aconit séchées. Cela lui fit l'effet d'un déclic : il se rappela de son rendez-vous avec Luka et la promesse de lui apprendre les secrets du remède contre la lycanthropie. Ses yeux pivotèrent alors en direction de la pendule et il réalisa qu'il était plus que temps d'y aller.
L'homme bondit hors de son fauteuil et attrapa sa sacoche de voyage (celle qu'il utilisait pour faire des prélèvements), avant de quitter la salle en trombe, poursuivit par Walt qui miaulait toujours d'un ton de reproche. Seán parvint néanmoins à minimiser son retard en pressant le pas. A ce titre, il détestait être en retard (de manière générale) et ne se privait pas pour en faire le reproche à ses élèves. Il arriva donc au lieu du rendez-vous (non loin du dortoir des Helvelles) d'un air mortifié (et passablement essoufflé).
« Jeez... Fit-il en rectifiant la position de sa chemise. Luka, comment vas-tu ? Désolé pour le retard. J'espère que tu ne m'attends pas depuis trop longtemps.
Dernière édition par Seán Brennan le Ven 18 Sep - 9:49, édité 1 fois