Ft. Tristan Spellman
舉頭望明月低頭思故鄉
Je regarde la Lune et je songe à mon pays natal
Je regarde la Lune et je songe à mon pays natal
Le Soleil disparaissait à mesure, sa lente retraite colorait le ciel de teintes violentes avant que l'obscurité ne tombe, de plus en plus tôt comme c'était le cas au cours des derniers mois de l'année du calendrier grégorien. Anqiu assistait à cette course des astres derrière la fenêtre, observant les changements de couleur, ses yeux sombres perdus dans les coloris de la voûte céleste.
Ce soir-là, elle avait veillé jusque tard pour travailler. Il n'était pas loin de vingt-trois heures quand elle eut fini. Ayant besoin de se délasser, elle avait quitté sa chambre sur la pointe des pieds, seulement accompagnée de son pipa, d'une bouteille de céramique et de Wu, curieux comme à son habitude.
Elle n'avait pas pris de pause depuis le crépuscule, elle était toujours maquillée et ses longues mèches sombres avaient été rassemblées dans un chignon flou qui soulignait les contours de son visage. Elle avait pris soin de se changer toutefois, portant un simple short en jean, un débardeur blanc et un cardigan rouge, pour éviter d'avoir trop froid. L'automne semblait annoncer sa venue par son souffle frais qui éloignait les grillons et des ciseaux qui raccourcissaient les jours.
Pour autant, Anqiu ne détestait pas cette période, bien au contraire. Comme le trahissait son prénom, elle était une fille de cette saison, avait fêté ses anniversaires sous les feuilles chaudes et tombantes de Hangzhou, sous les pluies du delta du Yangzi et sous la Lune de la fête de la mi-automne.
Elle s'assit sur des marches et commença à accorder son instrument avec minutie. Elle porta sa main gauche au bout du manche de bois et ses doigts fins remontaient ou délaissaient les cordes en fonction du besoin tandis que, la main droite, au bout de laquelle se trouvaient les griffes artificielles adaptées pour jouer du pipa, grattait les cordes pour tester le son, juger si les ajustements effectués étaient adéquats où s'il fallait continuer afin que la musique soit parfaite.
Il lui fallut dix longues minutes, qu'elle ne vit pas s'écouler. La patience était une vertu qui d'ordinaire manquait à la jeune fille, mais accaparée par certaines disciplines, elle se montrait indulgente, sereine. La musique faisait partie de ces rares exceptions avec les arts du thé, culinaires et martiaux. D'autant que, si elle était d'un naturel volubile, ces activités avaient le mérite de la concentrer à un point tel, qu'elle ne prononçait pas un mot, se retenant parfois même de respirer pendant quelques secondes.
Là encore, elle avait retenu son souffle pour les dernières secondes au cours desquelles elle s'appliquait à accorder l'instrument avant de juger qu'elle en était satisfaite. La déléguée des Aconits retira l'élastique de ses cheveux avec délicatesse pour éviter de s'en arracher à cause d'un geste trop sec.
La courbe de bois de l'instrument entre ses cuisses, le manche perpendiculaire à son bras gauche, elle gratta les premières notes de Sur la frontière. Bien que la mélodie était cadencée, le pipa avait une sonorité douce caractéristique qui n'agressait pas les oreilles quand on savait bien en jouer.
Fausse note.
Anqiu soupira et s'apprêta à recommencer quand ses iris ne se portèrent sur la flasque de céramique.
Anqiu ne buvait pas souvent, étant bien consciente que son corps était de faible constitution face à l'ivresse, elle était bien loin de ses compatriotes du Nord qui, par l'influence russe et le sang mêlé des peuples nomades d'Asie, enchaînaient joyeusement les verres. Néanmoins, la tête embrouillée par son travail et la douceur de la fin de l'été l'avaient poussée à emporter cette bouteille à l'extérieur avec elle. La jeune fille se sentait d'humeur à épancher sa soif d'alcool par quelques gorgées.
Bien que la jeune fille n'était pas avide d'aliments et boissons trop sucrés, ce qui était tiré de fruits demeurait l'exception, tant que c'était consommé avec parcimonie. Dans le récipient se trouvait un vin de prune, dont la consistance était presque sirupeuse.
Anqiu leva les yeux au ciel. L'astre lunaire en était rendu à son croissant le plus mince, trahissant l'approche de la Nouvelle Lune avant de repartir pour un nouveau cycle lunaire. La prochaine Pleine Lune était celle du 1er octobre marquant tous les ans son anniversaire mais également, pour cette année et celle de sa naissance, la Fête de la mi-Automne qu'elle passerait, une nouvelle fois, loin de sa famille. Cette pensée, malgré l'habitude, lui serra quelque peu le cœur.
La jeune fille secoua la tête, comme si cela suffisait à chasser des pensées parasites comme si elles n'avaient été que poussière, et se remit à jouer, cette fois sans une seule fausse note, comme enhardie par l'éthanol.
Ses lèvres encore rouges du fard qu'elle avait apposé et entretenu tout au long de la journée s'étirèrent en un sourire fier.
Elle entendit un bruissement, le son de pas. Ne levant pas les yeux de son instrument, elle déclara sans se départir de son rictus et d'une voix assurée, comme un excès de zèle du fait de sa nouvelle promotion en tant que déléguée des Aconits.
Sa volonté n'était pas de réprimander. Néanmoins, elle le pensait sincèrement. Une nouvelle année venait tout juste de commencer, il ne fallait tout de même pas prendre de mauvaises habitudes.
Ce soir-là, elle avait veillé jusque tard pour travailler. Il n'était pas loin de vingt-trois heures quand elle eut fini. Ayant besoin de se délasser, elle avait quitté sa chambre sur la pointe des pieds, seulement accompagnée de son pipa, d'une bouteille de céramique et de Wu, curieux comme à son habitude.
Elle n'avait pas pris de pause depuis le crépuscule, elle était toujours maquillée et ses longues mèches sombres avaient été rassemblées dans un chignon flou qui soulignait les contours de son visage. Elle avait pris soin de se changer toutefois, portant un simple short en jean, un débardeur blanc et un cardigan rouge, pour éviter d'avoir trop froid. L'automne semblait annoncer sa venue par son souffle frais qui éloignait les grillons et des ciseaux qui raccourcissaient les jours.
Pour autant, Anqiu ne détestait pas cette période, bien au contraire. Comme le trahissait son prénom, elle était une fille de cette saison, avait fêté ses anniversaires sous les feuilles chaudes et tombantes de Hangzhou, sous les pluies du delta du Yangzi et sous la Lune de la fête de la mi-automne.
Elle s'assit sur des marches et commença à accorder son instrument avec minutie. Elle porta sa main gauche au bout du manche de bois et ses doigts fins remontaient ou délaissaient les cordes en fonction du besoin tandis que, la main droite, au bout de laquelle se trouvaient les griffes artificielles adaptées pour jouer du pipa, grattait les cordes pour tester le son, juger si les ajustements effectués étaient adéquats où s'il fallait continuer afin que la musique soit parfaite.
Il lui fallut dix longues minutes, qu'elle ne vit pas s'écouler. La patience était une vertu qui d'ordinaire manquait à la jeune fille, mais accaparée par certaines disciplines, elle se montrait indulgente, sereine. La musique faisait partie de ces rares exceptions avec les arts du thé, culinaires et martiaux. D'autant que, si elle était d'un naturel volubile, ces activités avaient le mérite de la concentrer à un point tel, qu'elle ne prononçait pas un mot, se retenant parfois même de respirer pendant quelques secondes.
Là encore, elle avait retenu son souffle pour les dernières secondes au cours desquelles elle s'appliquait à accorder l'instrument avant de juger qu'elle en était satisfaite. La déléguée des Aconits retira l'élastique de ses cheveux avec délicatesse pour éviter de s'en arracher à cause d'un geste trop sec.
La courbe de bois de l'instrument entre ses cuisses, le manche perpendiculaire à son bras gauche, elle gratta les premières notes de Sur la frontière. Bien que la mélodie était cadencée, le pipa avait une sonorité douce caractéristique qui n'agressait pas les oreilles quand on savait bien en jouer.
Fausse note.
Anqiu soupira et s'apprêta à recommencer quand ses iris ne se portèrent sur la flasque de céramique.
Anqiu ne buvait pas souvent, étant bien consciente que son corps était de faible constitution face à l'ivresse, elle était bien loin de ses compatriotes du Nord qui, par l'influence russe et le sang mêlé des peuples nomades d'Asie, enchaînaient joyeusement les verres. Néanmoins, la tête embrouillée par son travail et la douceur de la fin de l'été l'avaient poussée à emporter cette bouteille à l'extérieur avec elle. La jeune fille se sentait d'humeur à épancher sa soif d'alcool par quelques gorgées.
Bien que la jeune fille n'était pas avide d'aliments et boissons trop sucrés, ce qui était tiré de fruits demeurait l'exception, tant que c'était consommé avec parcimonie. Dans le récipient se trouvait un vin de prune, dont la consistance était presque sirupeuse.
« Ne me juge pas, Wu. C'est exceptionnel. Puis c'est bien trop sucré pour que je finisse tout. C'est la bouteille de mon anniversaire de l'année dernière et elle est encore quasiment pleine... »
Anqiu leva les yeux au ciel. L'astre lunaire en était rendu à son croissant le plus mince, trahissant l'approche de la Nouvelle Lune avant de repartir pour un nouveau cycle lunaire. La prochaine Pleine Lune était celle du 1er octobre marquant tous les ans son anniversaire mais également, pour cette année et celle de sa naissance, la Fête de la mi-Automne qu'elle passerait, une nouvelle fois, loin de sa famille. Cette pensée, malgré l'habitude, lui serra quelque peu le cœur.
La jeune fille secoua la tête, comme si cela suffisait à chasser des pensées parasites comme si elles n'avaient été que poussière, et se remit à jouer, cette fois sans une seule fausse note, comme enhardie par l'éthanol.
Ses lèvres encore rouges du fard qu'elle avait apposé et entretenu tout au long de la journée s'étirèrent en un sourire fier.
Elle entendit un bruissement, le son de pas. Ne levant pas les yeux de son instrument, elle déclara sans se départir de son rictus et d'une voix assurée, comme un excès de zèle du fait de sa nouvelle promotion en tant que déléguée des Aconits.
« La dernière fois que j'ai regardé l'heure, il était pas loin de minuit. Est-ce une heure pour rentrer au dortoir ? »
Sa volonté n'était pas de réprimander. Néanmoins, elle le pensait sincèrement. Une nouvelle année venait tout juste de commencer, il ne fallait tout de même pas prendre de mauvaises habitudes.