Mon cours s'était terminé depuis un moment déjà, mais seule à mon bureau, je m'étais laissée happée par un bouquin qu'un élève venait de me prêter avec grande gentillesse. Mais voilà, je l'avais dévoré, et depuis, il n'y avait plus personne dans les couloirs et dans les salles; les cours étaient finis. En somme, j'étais encore partie en retard, pour ne pas changer, mon sac encore rempli de cours, de papiers et de mon nouveau livre - qu'il faudra que je pense bien à rendre à mon prêteur, d'ailleurs...

J'étais pensive. Ailleurs. Les mots et des images de l'histoire que je venais de lire étaient là, et prenaient vie dans ma tête, me refaisant vivre les scènes les plus touchantes comme les plus haletantes. Je dévalais nonchalamment les marches de l'escalier, sans pour autant voir les marches défiler ; elles semblaient descendre à l'infini tant que je restais plongée dans mes songes. Il y avait beaucoup de pensées qui se bousculaient dans ma tête : mais toutes disparurent quand une silhouette se dessina devant moi, quelques marches plus bas.

Impossible de ne pas le reconnaître avec ces cheveux flamboyants qui se dressaient sur sa tête. Cyrus Crane, un Aconit en huitième année, débordant d'énergie et pas très travailleur, pour ne pas dire une véritable légende au sein des troubles-fêtes d'Hellebore. Enfin, c'est tel qu'il était habituellement. Mais en toute honnêteté, c'était une toute autre facette de lui qui se dessinait devant moi : il était en larmes, il sanglotait comme un enfant perdu. C'était assez déstabilisant de le voir comme ça.

Je descendis alors les dernières marches qui me séparaient de lui, et m'assis à ses côtés. Je fouillai alors dans mon sac - un vrai merdier de paperasse! Et en sortit deux papiers dont je ne me rappelais pas la provenance et qui ne devait donc être -je l'espère - pas si importants. Je les pliais dans tous les sens, jusqu'à obtenir des avions en papier.

Je lui tapotais la tête, doucement, pour ne pas lui faire peur, et lui en présentai un devant lui.




J'esquissais un sourire bienveillant; il devait vraiment en avoir gros sur le coeur, et j'espérais que cela lui ferait un peu de bien de faire quelques bêtises, pour une fois qu'on lui en donnait le droit.