西吹くば
ひがしにたまる
落葉かな
Quand ça souffle à l’ouest
elles s’entassent à l’est
les feuilles d’automnes
- Buson
La soirée était tombée. Au travers des fenêtres de la salle commune de la maison des fleurs le ciel était noir, a peine une poudre d’étoiles coupait l’uniformité du firmament. La lune, on ne la voyait pas d’ici, peut etre faudrait il rejoindre l’observatoire pour apercevoir l’astre nocturne. Le japonais avait pris place dans l’un des fauteuils, ses lunettes aux montures fines glissant légèrement sur son nez. Il avait les mains très propres et rougies, il peu abimés par le lavage peut être. Elle étaient posées sur ses jambes dans la position hokkai-join qu’il utilisait pour sa médiation. Comme si il voulait tenir une fourmi entre les pouces sans l'écraser et sans la laisser s'échapper.
Son regard ne fixait rien sinon son intérieur, il attendait.
C’était le dernier affront, celui de lui subtiliser ses affaires, surtout ce qui lui permettait de faire sa calligraphie, son art qu’il gardait le plus secret. Peu a part ceux vivant dans son dortoir avaient accès a ses oeuvres dans ce domaine. En ce jour il voulait noter un haiku que la journée lui avait inspiré et au fur et a mesure que le temps passait il l’avait senti se subtiliser dans sa mémoire, rattrapé par toutes les préoccupations du jour et du soir. Il lui manquait un pinceau, pointe moyenne, celui la même qu’il désirait utiliser.
La carpe placide qui incarnait son familier, flottait dans sa bulle, tournoyait, son silence apaisant noyait la pièce.
Le fils de l’automne attendait la fille de l’automne. Cela aurait été le début d’un conte si les rapports diplomatiques entre les deux parties n’avait pas étés aussi tendus. Il avait revêtu son yukata noir qui lui donnait un air sobre et sévère. Mais son visage était détendu, comme si il savait finalement que la balance allait pencher de son côté, que l’univers, le ki, accompagnait ses choix et actes. Elle finit par arriver. Lorsqu’elle fit cela il se leva devant elle, se dressa de toute sa dignité pour échanger avec elle un regard.
Il la respectait, car seul celui qui respecte est digne de respect.
"Ta ponctualité est honorable."
Ce qu’il ne disait pas mais qui se lisait en filigrane c’était qu’il attendait tout ce qui fut promis, pinceau et excuses.