Rien n’a été laissé au hasard. Rien. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes. Il ne sait pas faire, n’a jamais su, cet univers, ce contexte, ce milieu, ces normes. Trop de choses le rendent anxieux. Et l’idée de se ridiculiser lui noue la gorge plus que de raison. Non, il ne devrait pas tant s’inquiéter, après tout, il ne s’agit pas d’un examen, il ne peut pas se rater. Il est enfin passé en huitième année, alors… Les choses devraient bien se passer, n’est-ce pas ? Après tout, ils seraient entre élèves de la même année, de la même classe et… Et même s’ils n’appartiennent pas à la même maison, les choses devraient bien se passer. Oui. Oui…
Senrhys inspire, mal à l’aise alors qu’il tire sur le col de sa chemise d’uniforme – il a demandé à Lion de refaire son nœud papillon (pour une raison obscure, Senrhys reste persuadé que les nœuds de son ami sont… irréprochables. N’en déplaise à la scolarité qui le reprend à chaque fois, et à Senrhys, l’air dépité, qui ne comprendra jamais ce qu’on reproche aux efforts du jeune aconit.) – Le tout, surmonté de sa cape, plus douce depuis les années, parce que le froid n’est aujourd’hui encore pas son plus fier allié… Pour le reste ? Son grimoire de langue des monstres sous le bras. Car c’était bien ça, l’objet de leur rencontre, n’est-ce pas ?
Il déglutit, embarrassé, se rappelle des mots prononcés par Cyrus, il y avait quelques jours de ça. Oui. Sans peine.
Rendez-vous – salle d’étude – samedi, après le déjeuner.
Le reste lui avait échappé. Trop rapide, trop insensé, trop impoli pour oser le faire répéter. Senrhys rougit, se souvient sans peine de l’élan de stress qui l’avait éhontément traversé à l’idée qu’un autre que Lion souhaite solliciter de son temps de son plein gré. Il ravale son inquiétude, oui. Tout avait été préparé à la perfection. Il avait passé des heures à la bibliothèque, à tenter de percer les modalités de ce moment qui approchait à grands pas. Lui. Lui qui n’a jamais touché un ordinateur. Lui qui a demandé de l’aide à tant de reprises qu’il a été chassé de la bibliothèque. Ou peut-être était-ce simplement la teneur de sa recherche. Lui ne s’en rend pas compte. Mais l’historique est inévitablement souillé à vie.
L’éphèbe entre dans la pièce, à l’heure, comme il se devait, et si la salle est calme, il sent la tension prendre le dessus. Il resserre ses doigts sur son maigre paquetage et sur sa peau d’ébène, le rouge brûle ses joues. Il veut faire bonne impression, oui.
Car lorsque Cyrus entrera dans la pièce, Senrhys l’accueillera un bouquet de roses rouges à la main. Après tout, il est juste bête et discipliné…
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Dernière édition par Senrhys Demissie le Ven 28 Aoû - 23:28, édité 1 fois