Bon, Robin semblait commencer à s’agacer de la situation et malheureusement c’était toi qui en faisait les frais. Tu ne lui en voulais pas, il y avait de quoi être irrité. Si cela lui avait permis de se défouler un peu dans l’optique de se calmer ensuite, cela te convenait.
Pas de problème, petit frère. Ne t’inquiètes pas on va trouver une solution et on va ramener ses chèvres en moins de deux !, lui lanças-tu avec un grand sourire
En réalité, tu disais cela pour le rassurer, mais tu n’y croyais pas vraiment. Vous étiez vraiment en mauvaise posture face à cette forêt magique qui avait une mention spéciale cassage de coui***. Tu avais du mal à l’admettre, mais ton frère avait raison, il allait falloir utiliser la magie pour s’en sortir. Cette magie, que tu t’efforces à repousser tous les jours, à renier, pour ne plus jamais refaire de mal à qui que ce soit. Mais bon, en soit avec un rituel pareil, il n’y avait pas vraiment de risque. C’était donc à contre-coeur que tu t’accroupis au pied d’un grand arbre de la forêt recouvert de mousse. Tu cherchas ta baguette dans ton petit sac à dos. Elle était là, entre ta gourde et ton kinder bueno qui semblait avoir à moitié fondu. Tu t’en saisis. Cela faisait un moment que tu ne t’en t’étais pas servi, mais là c’était pour le bien de la cause. Il valait mieux pour vous savoir à qui, ou plutôt à quoi, appartenait ces traces peu rassurantes. Tu avais pas envie de finir en amuses-gueules de monstres juste pour sauver deux-trois biquettes à la noix, même pas foutues capable de rester dans leur enclos. Robin vint te rejoindre et vous posâtes vos deux baguettes respectives sur une des racines de l’arbre, avant de vous murer dans le silence, les yeux clos.
Après plusieurs secondes, ou plusieurs minutes, tu ne pourrais le dire, tu ressentis une chaleur au creux de ton corps. Tu ne saurais dire pourquoi, mais tu savais que cette chaleur avait la couleur verte et l’odeur de la chlorophylle. Tu avais bel et bien réussi à entrer en contact avec le grand chêne majestueux qui se dressait devant vous. En te concentrant, tu lui posas la fameuse question par voie de pensée :
Euh… bonjour monsieur le chêne, désolé de vous déranger, mais mon frère et moi cherchons les 6 chèvres de notre école qui se sont perdues., on aurait dit le début d’une mauvaise blague
Cependant, on s’est perdu, on trouve pas ces foutues biquettes et en plus on vient de repérer des grandes traces de pas. Du coup on voulait vous demandez, si ça vous dérange pas, à qui appartiennent ces empreintes ? Pas celles des chèvres hein, les autres.
Tu étais plutôt intimidé de parler à un représentant centenaire de la nature. Tu avais donc dû formuler trois bonnes phrases pour une pauvre petite question, mais au moins tu avais le mérite de l’avoir posé.