Voilà une bonne demi-heure que le soleil s’était couché, griffant le ciel d’une teinte abricot, tandis que les nuages ressemblaient à des sillons blancs de crème anglaise. Le spectacle avait toujours su l’égayer et souvent autrefois, avant que la majorité ne l’attrape et lui permette de voyager à l’étranger, s’était-elle souvent demandé si le ciel de Dunleen était le même à Paris ou Chambéry. Les souvenirs de sa ville natale s’étaient malheureusement estompés, comme une peinture trop diluée dans l’eau et de son voyage bref à Paris l’an dernier…et bien ce sont les relents d’urine des transports en commun et le terrible mal moderne qui l’avait prise en rentrant qui l’avaient le plus marqué. Surement irait-elle visiter la prochaine fois une ville moins dense et peuplée, quelque part dans une Bretagne fantasmée dont Tristan lui avait tant parlé.
Tout en rêvant d’escapades à venir, passant les derniers coups de serpillière, faisant briller le sol de la supérette comme ne le serait jamais le dortoir des Helvelles, Maxime entend à l’extérieur le pire de ce que l’Irlande a à lui offrir : une pluie diluvienne. L’orage ne la terrorise pas pourtant, au contraire, il y a dans le grondement bruyant des éclairs et le clapotis assourdissants des gouttes sur les vitres du magasin une mélodie qui la détend et lui donne sommeil. Mais voilà, le plaisir est moindre lorsque l’on se fait voler son parapluie il n’y a même pas une semaine de ça et que le trajet pour Hellébore dure 45 minutes. Évidemment, elle aurait très bien pu ne pas dépenser ses 15 euros dans des paquets de gâteaux et chips et s’offrir un tout nouveau parapluie, mais les priorités ne sont pas les mêmes d’un individu à un autre. Et celui-ci, à son tour, aurait fini dans les mains d’un autre chapardeur.
Une fois prête, elle salua Cheryl et Isabelle avant de mettre la tête dehors. Une trombe, non, un déluge s’abattit sur sa tête et déjà regrettait-elle d’avoir dépensé toute sa monnaie dans des consommables qui ne tiendraient pas le week-end. Tant pis, c’était de sa faute, tant pis, elle aurait droit au bain le plus mérité de toute sa vie en rentrant, en saupoudrant son eau savonneuse de Mc Vitie’s en miettes. Ah ! A qui ment-elle au juste ? Tous ces passants, protégés sous leur parapluie, qui pressent le pas pour rentrer chez eux, comme elle les envie ! Et c’est en tournant la tête à droite, juste à côté de la vitrine, qu’elle voit Ambre, comme toujours trop propre et élégamment vêtu. Il la voit, déjà dégoulinante, le visage apathique comme si la pluie avait rincé sa force, dans des vêtements toujours aussi excentriques. C’en devenait gênant, à force, d’être vu ainsi. S’il ne lui trouvait pas un air de punk à chien jusque-là, c’était désormais chose faite.
Mais il y avait un dieu en ce bas monde et il n’avait rien trouvé de mieux que de lui envoyer Ambre et un parapluie noir, suffisamment grand pour l’accueillir lui, elle, son pull trop grand et son sac à dos trop plein. Sa présence ici l’intriguait et pas qu’un peu. Naturellement qu’elle était ravie de le voir, peut-être plus que d’habitude et le lui fit-elle bien comprendre de son sourire satisfait en s’approchant, mais ce n’est – évidemment – pas elle qu’il attendait.
Merci bien, gentleman. En échange de quelques secondes sous ce parapluie, je vous offre un délicieux Bourbon creams.
Qu’il est bon de se glisser à l’abri. Aussitôt qu’elle prononce ces mots, elle fait glisser sur son épaule son sac et en sort une boite fraîchement achetée, l’ouvre et en sort deux biscuits au chocolat généreux avant de refermer le tout. Un pour lui et surtout un pour elle, qui n’attend pas de le déguster avec un bon thé (au citron) et l’engloutit silencieusement. Surement qu’il est ici pour voir sa sœur, se disait-elle en essuyant le chocolat au coin de sa bouche.
Si tu cherches Dalhia, elle est déjà partie depuis… Un regard rapide sur son portable pour lui donner le temps exact. Le fond d’écran montre justement la tête – hideuse – d’Ambre, une photo volée qui de secret, n’en a désormais que le nom. Oups. Elle range vite fait l’objet du crime dans la poche centrale de son pull, hors de mains prêtes à nuire. 30 minutes. Pas de chance. Hideaki aussi.
Ses mains aussitôt nichées au fond de sa poche, elle était déjà prête à partir sous la pluie, sans se douter une seconde que – bon sang – c’est elle qu’il attendait.
Tout en rêvant d’escapades à venir, passant les derniers coups de serpillière, faisant briller le sol de la supérette comme ne le serait jamais le dortoir des Helvelles, Maxime entend à l’extérieur le pire de ce que l’Irlande a à lui offrir : une pluie diluvienne. L’orage ne la terrorise pas pourtant, au contraire, il y a dans le grondement bruyant des éclairs et le clapotis assourdissants des gouttes sur les vitres du magasin une mélodie qui la détend et lui donne sommeil. Mais voilà, le plaisir est moindre lorsque l’on se fait voler son parapluie il n’y a même pas une semaine de ça et que le trajet pour Hellébore dure 45 minutes. Évidemment, elle aurait très bien pu ne pas dépenser ses 15 euros dans des paquets de gâteaux et chips et s’offrir un tout nouveau parapluie, mais les priorités ne sont pas les mêmes d’un individu à un autre. Et celui-ci, à son tour, aurait fini dans les mains d’un autre chapardeur.
Une fois prête, elle salua Cheryl et Isabelle avant de mettre la tête dehors. Une trombe, non, un déluge s’abattit sur sa tête et déjà regrettait-elle d’avoir dépensé toute sa monnaie dans des consommables qui ne tiendraient pas le week-end. Tant pis, c’était de sa faute, tant pis, elle aurait droit au bain le plus mérité de toute sa vie en rentrant, en saupoudrant son eau savonneuse de Mc Vitie’s en miettes. Ah ! A qui ment-elle au juste ? Tous ces passants, protégés sous leur parapluie, qui pressent le pas pour rentrer chez eux, comme elle les envie ! Et c’est en tournant la tête à droite, juste à côté de la vitrine, qu’elle voit Ambre, comme toujours trop propre et élégamment vêtu. Il la voit, déjà dégoulinante, le visage apathique comme si la pluie avait rincé sa force, dans des vêtements toujours aussi excentriques. C’en devenait gênant, à force, d’être vu ainsi. S’il ne lui trouvait pas un air de punk à chien jusque-là, c’était désormais chose faite.
Mais il y avait un dieu en ce bas monde et il n’avait rien trouvé de mieux que de lui envoyer Ambre et un parapluie noir, suffisamment grand pour l’accueillir lui, elle, son pull trop grand et son sac à dos trop plein. Sa présence ici l’intriguait et pas qu’un peu. Naturellement qu’elle était ravie de le voir, peut-être plus que d’habitude et le lui fit-elle bien comprendre de son sourire satisfait en s’approchant, mais ce n’est – évidemment – pas elle qu’il attendait.
Merci bien, gentleman. En échange de quelques secondes sous ce parapluie, je vous offre un délicieux Bourbon creams.
Qu’il est bon de se glisser à l’abri. Aussitôt qu’elle prononce ces mots, elle fait glisser sur son épaule son sac et en sort une boite fraîchement achetée, l’ouvre et en sort deux biscuits au chocolat généreux avant de refermer le tout. Un pour lui et surtout un pour elle, qui n’attend pas de le déguster avec un bon thé (au citron) et l’engloutit silencieusement. Surement qu’il est ici pour voir sa sœur, se disait-elle en essuyant le chocolat au coin de sa bouche.
Si tu cherches Dalhia, elle est déjà partie depuis… Un regard rapide sur son portable pour lui donner le temps exact. Le fond d’écran montre justement la tête – hideuse – d’Ambre, une photo volée qui de secret, n’en a désormais que le nom. Oups. Elle range vite fait l’objet du crime dans la poche centrale de son pull, hors de mains prêtes à nuire. 30 minutes. Pas de chance. Hideaki aussi.
Ses mains aussitôt nichées au fond de sa poche, elle était déjà prête à partir sous la pluie, sans se douter une seconde que – bon sang – c’est elle qu’il attendait.