D'apparence, Yuri est une personne plutôt positive : toujours souriant, calme, du genre à ne pas se prendre la tête pour des détails... Ou quoi que ce soit, en fait, parce que s'il devait être honnête il admettrait que ce qu'il l'entoure ne lui inspire qu'indifférence la plupart du temps. Evidemment il y a des choses qu'il apprécie, tout comme il y en a d'autres qu'il n'aime pas, néanmoins ce n'est pas quelque chose qu'il va nécessairement exprimer : les goûts et les couleurs ne se discutent pas, certes, mais risquer d'être en désaccord avec qui que ce soit est une source de conflit, or il il préfère les éviter puisque la confrontation n'a jamais été son fort. Il est plus simple de feindre l''intérêt quand nécessaire et de continuer à vivre sa petite vie tranquille : que ça fasse de lui quelqu'un d'ennuyeux voir d'hypocrite peu importe, de toute manière il ne se soucie pas plus de ce que les autres pensent de lui. Malgré tout... Ce n'est pas quelqu'un de froid. Il est sincèrement bienveillant envers ses camarades, toujours prêt à prêter une oreille attentive à ceux qui en ressentirait le besoin. Idem, il respecte énormément ses professeurs ainsi que les employés. Néanmoins être honnête avec eux, laisser tomber sa façade, c'est bien trop risqué à ses yeux : donc jouer le rôle de l'élève plus ou moins modèle lui convient. Je dis bien plus ou moins car, au vu de sa condition, ce n'est pas une mince affaire vraiment.

Il n'est pas parfait -personne ne l'est- et même si Yuri n'est jamais bien méchant il est prône au mensonge si ça lui permet de se sortir de mauvaises situations : de même il n'a aucun remords a utiliser sa propre maladie comme excuse lorsqu'il s'y sent contraint, parce qu'il sait pertinemment qu'il est compliqué pour la plupart des gens raisonnables de le tacler sur ce sujet. Plus simplement : c'est un lâche. Après tout, malgré sa tendance à être tête en l'air et oublier ses affaires tout les deux jours, il est quelqu'un d'intelligent et particulièrement astucieux pour esquiver les situations qu'il n'apprécie pas : ce n'est certainement pas une manière saine de faire face à ses problèmes, mais au moins ça fonctionne donc pourquoi s'en priverait-il ? Il aime son prochain, sincèrement, mais il craint plus que tout d'établir de véritables liens avec les autres : il est assez pot-de-colle avec le peu de personne avec qui il réussit à se lier, après tout, et ce n'est pas pour rien. Il craint réellement que, s'il leur laissait un peu trop de distance, ils finiraient par disparaître de sa vie. Il est donc naturellement méfiant envers ceux essayant de se rapprocher de lui, car s'il ne les repoussera pas une part de lui reste persuadée que ça ne lui apportera rien de bon au final. Ce n'est pas rationnel, et c'est un comportement qu'il essaie lui-même de corriger au fil du temps, mais il est encore bien trop présent pour l'ignorer.

Mais outre ce petit soucis niveau confiance envers autrui (ironique d'ailleurs, puisqu'il a tendance à voir le bon en chacun et n'hésitera donc pas à accorder sa confiance à n'importe qui dans d'autres domaines que le relationnel) Yuri est juste un adolescent paumé, qui n'a concrètement aucune idée de ce qu'il fabrique : enfin, si, il aime la plupart des créatures vivantes -qu'elles soient magiques ou non- aussi reprendre les recherches de son paternel dans le domaine et essayer de les préserver lui semble plutôt logique, mais ce sera loin d'être l'élève le plus déterminé que vous croiseriez dans le coin. Il est souvent incertain de son avenir, puisque sa maladie lui coupe un bon nombre de possibilités déjà et ce n'est pas prêt de s'arranger. Cela l'a forcé à gagner en maturité et, notamment, en recul sur lui-même: sa vie pourrait paraître triste aux yeux d'autrui, mais il reste optimiste et aime croire que les choses s'arrangeront s'il continue d'avancer. Il est trop curieux pour abandonner le monde l'entourant encore. Puis... Il n'est plus un enfant et il a bien été obligé de gagner vite en maturité afin de continuer à vivre. De plus, s'il a apprit quelque chose de ses années à Hellébore, c'est qu'il n'est pas si seul que ça et, qu'avec un peu plus d'efforts... Peut-être y aurait-il plus d'une personne avec lesquels il sera prêt à être lui-même ? Genre, de vrais amis ? Ce serait bien, mais avant tout c'est lui qui doit changer.

Yuri souffre de crises d'épilepsie généralisées depuis qu'il est enfant, de causes probablement génétiques. N'étant pas photosensible, elles sont surtout liées au stress ou à la fatigue, même si parfois il est difficile d'établir une cause claire.

La plupart de ses crises se manifeste sous forme d'absences, c'est-à-dire qu'il perd conscience de ce qui l'entoure pendant quelques secondes. Elles sont plutôt discrètes, dans le sens où généralement il s'arrête juste subitement et ne fait rien (bien qu'il y ai quelques variations où le risque de chute est bien présent), au point où il ne les remarqueraient même pas si ce n'était pour la présence de témoins par moment. Elles apparaissent assez régulièrement (une centaine de fois par jour) et, s'il s'agit d'un handicap assez discret, ça reste assez casse-pieds notamment en cours où il peut louper des explications entière sans même en être conscient.

Les crises tonico-cloniques (la forme plus classiquement associée avec l'épilepsie, aussi appelée "grand mal") sont bien plus rares chez lui mais sont déjà arrivées, d'autant qu'elles risquent d'être de plus en plus courantes au fil des années selon les neurologues qu'il a consultés. Le niveau de danger dépend énormément des circonstances mais, dans tout les cas, il est obligé de prendre au moins une journée ou deux de repos suivant une crise (quand il n'a pas d'autres blessures, qu'elles soient causées par la crise en elle-même ou accidentelles, évidemment).

Il a suivit plusieurs traitement mais soit ils étaient inefficace, soit les effets secondaires étaient trop lourd pour être considérés : il fait donc partit du petit pourcentage de cas incurables, contraint à "faire avec". Il est a noté que, depuis son invocation, son familier se montre particulière sensible à ses symptômes et sait comment réagir en cas de soucis : de plus il a noté les gestes d'urgences sur un papier facilement accessible, au cas où cela devrait être nécessaire. Le principal risque reste la perte de connaissance dans des endroits "peu adaptés", mais son handicap est indiqué dans son dossier afin d'être également prit en compte par les professeurs en cours.

Yuri a toujours eu un lien avec Hellébore car, à l'origine, son père en est diplômé. En effet ce dernier, après avoir terminé ses études, s'est lancé à plein temps dans la recherche au sujet des créatures magiques et a fini par se passionner pour le Japon, pays dans lequel les histoires représentant ce genre d'êtres ne manquaient pas. C'est ce qui lui permit de rencontrer celle qui deviendra sa femme : ils ne parlaient pas la même langue, ne connaissaient quasiment rien de l'autre, et pourtant ils tombèrent quand même amoureux. Le père s'installa au Japon pour vivre avec sa bien-aimée et, après leur mariage, ils finirent par mettre au monde un enfant : le seul, l'unique Yuri. Choix de prénom particulier pour un garçon, certes, mais c'était le seul convenant aux deux : tout aussi japonais qu'européen, simple à prononcer et écrire, bref tout était parfait dans le plus merveilleux des mondes. Mais il y avait un détail, tout de même, qui scindait le couple en deux : la magie. Sa mère venant du monde "moderne", elle n'y a jamais vraiment cru et pensait que son mari exagérait simplement ses études sur le folklore local. Quand au mari au question, s'il faisait de son mieux pour s'accommoder au mode de vie de sa nouvelle patrie et le côté urbain auquel il n'était plus habitué de leur ville, reste qu'il y avait beaucoup de chose qu'il ne comprenait pas...

Dans tout les cas, cela n'empêcha pas l'enfance du petit Yuri d'être plus ou moins normal, si on exclut ses quelques difficultés scolaires : sa famille communiquant surtout avec un mix de gestuelle ainsi que d'anglais/japonais de niveau plus ou moins aléatoire, son niveau en langue était donc extrêmement faible comparé aux autres enfants. Il a prit des cours supplémentaires pour régler ce petit soucis, bien sûr, néanmoins c'était au prix d'activités extra-scolaire qui lui auraient permis de sociabiliser. Puis... Il y avait ses problèmes de santé, aussi. Il a été diagnostiqué en tant que personne épileptique assez vite : la maladie était assez répandue du côté maternel aussi on a jugé bon de vérifier tôt si lui aussi en était atteint ou non. Le soucis, néanmoins, c'était d'identifier le type précis d'épilepsie : est-ce qu'elle était de celles disparaissant à l'adolescence ou, au contraire, qui empirerait au fil du temps ? Dur de le savoir quand les premiers symptômes apparurent bien plus tard qu'usuel : ils n'étaient pas assez sévères pour que Yuri se sente "handicapé" par rapport aux autres enfants -à l'époque, en tout cas- mais suffisamment pour représenter une différence en plus entre lui et ses camarades et pour qu'il se retrouve isolé. Dans tout les cas c'était des choses sur lesquelles il n'avait que peu de pouvoir, donc il apprit vite à passer outre et voir le côté positif des choses : il n'avait pas beaucoup d'amis, certes, mais ça lui permettait de passer plus de temps avec sa famille !

Le travail de son père nécessitait de voyager plus ou moins souvent, or il aimait emmener son fils avec lui. A ses yeux, découvrir le monde était essentiel : cela signifie que Yuri eu l'occasion de voir beaucoup d'endroits différents, dans son enfance. L'un des pays qu'il visitait le plus régulièrement était l'Irlande puisqu'en plus d'en être originaire, son père connaissait une bonne amie tenant un chalet là-bas : il n'hésitait pas à lui confier son fils lorsqu'il avait du travail à effectuer dans le coin, aussi le petit Yuri finit presque par considéré cette endroit comme une "deuxième maison". Il faut dire qu'il s'entendait bien avec la fille des propriétaires (bien que pour le niveau d'anglais on repassera), la considérant comme une amie voir comme la petite soeur qu'il n'avait pas. S'il avait un petit pincement au coeur à l'idée de repartir à chaque fois, il savait qu'il reviendrait prochainement aussi cela ne le préoccupait pas tant que ça. Un environnement heureux, stable, qu'il croyait acquit et qui ne fit que rendre la transition suite au divorce de ses parents d'autant plus brutale. Ce n'est comme si cela sortait réellement de nulle part : il y avait eu des signes précurseurs, diverses choses ayant fait comprendre aux deux adultes que leur relation ne durerait pas. Ils ont donc jugé préférable de se séparer avant que cette dernière ne s'envenime et ne vienne pourrir la vie de leur enfant : ce n'était pas une décision facile, au contraire il leur fallut plusieurs mois pour trouver le courage de la mettre en place, mais c'était nécessaire.

La seule personne qui n'était pas d'accord... C'était Yuri lui-même, en fait. Car de son point de vue, un jour, on lui a juste annoncé que son père partirait de la maison et ne reviendrait pas : pas que ce dernier n'ai pas le droit de visite, ses parents s'étant séparés sur de bons termes, mais parce qu'en tant que personne étrangère l'obtention de visa n'était plus si simple que ça et l'empêcherait de visiter autant qu'il le souhaiterait. Ne parlons même pas de l'inverse, le garçon ne risquait pas de voyager avec son paternel de sitôt. Bref, des questions administratives bien compliquées pour un enfant de dix ans qu'il était plus simple de résumer par "ne reviendrait pas", d'autant que dans les faits il ne l'a jamais revu, au final. Mais la situation ne rentrait pas dans un schéma manichéen qu'un enfant pouvait aisément assimilé non plus : pour lui il fallait trouver un coupable, un méchant dans l'histoire pour expliquer que sa famille se soit brisée, et la seule personne qu'il pouvait trouver à blâmer au final... Et bien c'était lui-même. Il se disait qu'il parlait moins souvent avec son père, ces derniers temps, qu'il ne faisait pas assez d'efforts pour apprendre l'anglais non plus, puis en plus ses crises d'absences étaient de plus en plus courantes donc peut-être était-ce pour ça qu'on avait préféré l'abandonner ? Ce n'était pas une conclusion rationnelle mais c'était au moins une qu'un enfant de dix ans pouvait accepter, en tout cas. Autant dire que les années qui suivirent étaient... Compliquées.

L'année suivante, il entra au collège et il était d'autant plus difficile pour lui de vivre lorsque les adultes le traitait comme une "pauvre petite chose", entre sa maladie et le divorce encore récent de ses parents : car à quoi bon déprimer sur ce qui ne peut pas changer ? Il allait bien, après tout : c'est ce qu'il voulait croire, mais s'en persuadé ne suffisait pas à lui permettre de passer définitivement à autre chose. Ce n'était pas un changement qui s'acceptait du jour au lendemain et se forcer à penser à autre chose à travers des cours qu'il peinait à suivre -faute d'un handicap pleinement reconnu- n'aidait pas. Ajoutez à cela son isolement, que ce soit à cause de ses origines, sa maladie, sa malchance ou un mix de tout ça, que la situation financière de sa famille changea drastiquement lorsque sa mère dû enchaîner plusieurs petits boulots à la fois pour leur permettre de conserver leur toit mais aussi acheter de quoi se nourrir, d'autant qu'il était déjà persuadé que tout ça était de sa responsabilité... Ouais, normal qu'il n'ai plus motivation à grand chose.
C'est à ce moment qu'Ambrose apparut.
Yuri connaissait Hellébore : son père lui en avait parler, tout comme il aimait lui parler de ses recherches. Aussi il n'était pas si surprit que sa mère en ayant confirmation de son existence, même s'il n'avait jamais pensé qu'il aurait l'occasion d'y mettre les pieds un jour. Il n'avait rien à perdre en acceptant la proposition de l'homme au chapeau, au contraire pensait-il qu'il libérerait sa mère d'un fardeau, aussi il accepta assez vite.

Et il est vrai qu'il s'est un peu mieux sentit en arrivant à Hellébore : il n'avait plus tant l'impression de pourrir la vie de sa mère, déjà, mais cela lui donne également un avantage considérable s'il décidait de partir à la recherche de son paternel  pour lui rendre visite (bien qu'honnêtement il n'ai pas le courage de le revoir de sitôt). Mais cela ne changeait pas le fait qu'il ne parlait que peu anglais, en plus du temps d'adaptation afin de trouver une manière d'étudier adaptée à ses difficultés, ce pourquoi suivre les cours s'avéra plus compliqué que prévu et il fut contraint de redoubler sa première année... Ce qui l'amena, par la force du hasard, à se retrouver dans le même classe que son amie d'enfance qu'il croyait perdue à ce stade, sa deuxième année. C'est probablement cette coincidence -entre autres choses- qui lui permit de retrouver un optimisme non plus feint mais honnête petit à petit, bien qu'il n'ai malheureusement jamais vraiment réussi à s'ouvrir aux autres. Car si le temps l'a aidé à prendre du recul, tout comme la magie ne va pas aider à soigner sa maladie ce n'est pas lui qui restaurera son estime de soi. Les divers soucis qu'il a accumulés sont loin de disparaître, néanmoins il n'est encore pas trop tard pour remonter la pente : c'est néanmoins le point de vue qu'il a adopter et, s'il lui arrive toujours de se laisser guider par son passé, il fait de son mieux pour aller de l'avant et peut-être est-ce au final tout ce qui importe.