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    Gentle moonflowers ◊ Ft. Erin

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    Gentle moonflowers ◊ Ft. Erin Empty Gentle moonflowers ◊ Ft. Erin

    Message par Invité Dim 27 Sep - 18:00

    Gentle moonflowers.


    Depuis quand a-t-il réalisé que chaque jour pouvait aussi inlassablement se ressembler ? Son cœur noué contre sa gorge, là où sa bulle ne trouve plus la force de garder ses frontières. Aussi délicate qu’une brindille contre les fers d’un équidé battant la terre à grand galop. Parce qu’il ne parvient plus à retrouver sa zone de confort dans cet endroit qui refermait auparavant un havre de paix sommaire, mais malgré tout salutaire. Quelque chose qui s’était altéré avec la fin de l’été. Comme s’il avait oublié que tous les autres élèves finiraient par revenir. Comme si par hasard, le reste du monde s’était accordé à retrouver la tanière de celui que personne ne connaît. La faute était certainement de son propre tort.

    Là où Lion lui manque, la réalité de l’existence de tous les autres l’étouffe. Pour chaque murmure, chaque rire, chaque respiration. La solitude est sûrement la seule chose qu’il devrait préserver. Persévérer dans ce monde où lui seul existe. Fuir cette école pour s’assurer que personne ne viendra l’y cueillir. Qui voudrait, après tout, de l’enfer qu’est un monstre tel que lui ?

    Il ne se souvient plus quel a été le premier geste, le premier désir de retrouver la sécurité. Il n’est pourtant pas faible, pas moins fort que la majorité. Au corps à corps, il serait vainqueur. Chasseur d’exception, une force silencieuse qui pourrait frapper sans le moindre signal de départ. Mais les couleurs avaient pris la tournure d’une nuit d’hiver, sombres, grisâtres, froides et ternes. Ou était-ce plutôt sa respiration, hyperventilée, qui était enfin parvenue à modifier sa perception du reste du monde ? Là où son coin de lecture paisible était devenu une jungle où tous étaient une menace. Quelle douce ironie, pour un meurtrier tel que lui, de trouver la peur contre les âmes les plus vulnérables et fragiles. Leur tordre le cou ne lui prendrait pourtant pas grand effort. Mais il est celui brisé par leur existence. Celui qui ne trouve plus le seuil de sa propre conscience.

    Depuis combien de temps a-t-il trouvé ce refuge désobligeant ? Là où le soleil décline derrière les grandes fenêtres, où les pas s’essoufflent au gré de la faim de ceux qui vivent leur journée comme il se doit. Lui reste prostré, courbé, ayant paré sa peau d’une toile glaciale, là où le froid mord sa chair. Recroquevillé sous l’un des bureaux réservés à la remise tardive des emprunts, personne ne viendrait le retrouver. Peut-être parviendrait-il même à se faire oublier. S’il ne fait aucun bruit, peut-être même que Lion ou même Ambrose se souviendra de son existence et le cherchera là où il n’est pas.

    Mais la peur le ronge, et laisse chacun de ses souffles tremblants. L’été se mourant ne laisse rien de sa douceur contre le cœur déchiré de l’étudiant. Et Senrhys, dans un frisson d’effroi, ne se surprend même pas de vouloir disparaître ici-bas.

    Peut-être est-ce pour le mieux. Peut-être qu’il avait enfin trouvé le bout de ce temps qu’il avait volé. Peut-être était-ce ici que la fin trouvait sa propre justice. Là où toutes les histoires commencent pour parvenir enfin à se finir. Là où trois lettres seulement peuvent justifier qu’il disparaisse enfin.  

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    Message par Invité Lun 28 Sep - 3:24

    "Au revoir, Miss Kelly."

    "Au revoiiiiiiiir..."

    La porte se referma derrière le dernier étudiant à quitter la bibliothèque aujourd’hui. Après quelques secondes, un soupir déchirant s’échappa d’Erin, qui s’avachit dans la chaise derrière son bureau.

    Quel beau métier.

    Quelle dure journée.

    Deux ans passés en tant que bibliothécaire d’Hellébore. Et à l’aube de sa troisième année, elle n’avait pas encore maîtrisé l’équilibre délicat de la rentrée. Combien étaient-ils à rester à l’école pendant les grandes vacances ? Peu, même parmi les plus âgés. La plupart des étudiants n’avaient pas laissés derrière eux leurs familles. Et bien sûr, l’ambiance était tout autre dans son domaine, lorsque la reprise des cours s’annonçait. Elle devait rouspéter plus souvent. Elle avait à peine le temps de s’asseoir à sa chaise qu’on souhaitait lui rendre de nouveaux ouvrages. Ô comme elle souhaiterait se dupliquer. Mais elle était bibliothécaire, alchimiste, historienne, enchanteresse. Pas mage des corps. Et les homoncules la mettaient mal à l’aise, donc impossible de faire pousser un assistant en éprouvette.

    Et puis pourquoi se mentir ? Elle adorait ça. Jamais elle ne s’ennuyait. Il y avait toujours quelque chose à faire, un élève à qui parler, un papier à signer, un livre à couvrir. Elle avait beau abattre des tonnes et des tonnes de travail chaque jour, il lui suffisait de tourner à un angle, de soulever un livre, d’entrer dans une remise, et une nouvelle tâche lui tombait dans les bras.

    Peut-être qu’elle aurait bien aimé avoir le droit de s’ennuyer. Son esprit avait du mal à respirer, par moments. Et lorsqu’elle s’endormait, ses rêves s’étouffaient et devenaient cauchemars, sans exception. À force de ne plus pouvoir se permettre de rêver éveillée, elle avait perdu la faculté de rêver une fois endormie. C’était dans les yeux des usagers, dans les doigts qui parcouraient les pages, dans les mots couchés sur le papier après la lecture d’un ouvrage de son domaine, qu’elle trouvait ses nouveaux rêves.

    Un onirisme par procuration.

    Erin referma son ordinateur portable recouvert de stickers et débrancha le câble Ethernet qui y était accroché. Trois mots avaient été ajoutés à son livre, aujourd’hui. Une baisse de 51133.33 % par rapport à sa production d’il y a cinq jours. Pas mal, quand on savait qu’hier elle avait tout juste trouvé le temps d’ajouter un retour à la ligne à son tapuscrit. Elle se leva, s’étira, puis enfila son manteau brun avant d’entamer sa ronde finale de la bibliothèque.

    Méthodiquement, elle éteignait les lumières sur son chemin, effectuant la boucle quotidienne. Les ordinateurs n’avaient pas été éteints par les derniers utilisateurs (classique, hors vacances), alors elle s’y attelait au passage.

    Au final, ils étaient là, ses instants de détente véritable. Dans son errance nocturne, à travers les étagères. Les livres. Les bureaux. Les…

    Du bruit. Sous le bureau, juste là. Elle retint son souffle. Une farce ? Non. C’était un souci. Ou un élève vraiment très très excentrique, mais elle n’y croyait pas trop.

    Doucement, Erin se baissa pour voir ce qui se terrait sous le bureau. La vision de Senrhys lui fit instantanément quitter son état d’esprit d’employée ayant presque fini sa journée. Son travail d’aujourd’hui, non, tout son travail du dernier mois, n’était pas aussi important que ce qui allait se jouer là.

    Dans la lumière tamisée de la bibliothèque partiellement éteinte, la bibliothécaire prit la parole, le plus doucement possible. Il s’agissait de ne pas faire peur.

    "Senrhys. Comment est-ce que je peux t’aider ?"



      La date/heure actuelle est Mar 7 Mai - 11:42