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    tout est gore (anna)

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    Message par Invité Mer 26 Aoû - 15:07



    tout est gore (anna) Ed738f336020740cbc753351840bd0a89dac5326 tout est gore (anna) 48adb3e5dd7a6f7ebd37387c5dce1fac6006c56f
    a n n a & c a z
    tout est gore


    Fumée crachée dans l’éther. Grise, comme pour jurer avec le ciel céruléen qui ne porte en son sein que des masses cotonneuses vides de toute colère, des nuages qui ne pourraient se faire orage. Castiel voudrait bien se sentir comme eux, pas sur le point d’éclater, de crier, pourtant, il sait que ça se passera pas comme ça, qu’il est promis à une tempête qui ne pourra que rugir quand se ramènera la cible. Vermine serpentine. Douces lettres féminines, adage des nymphes qui n'évoquent qu’une vipère, un aigrefin aux mains hasardeuses, il les lui couperait bien ses doigts. Il enfonçait bien son visage contre ce mur auquel il est lui-même adossé, crachant toujours plus sur sa clope. Nain qu’il comptait amputer de quelques centimètres à force de cogner dessus. Qu’importent ses raisons, qu’importe ce qu’il dise. Il allait le défoncer. Il allait le…

    r e s p i r e
    c a z ;
    les mots peuvent régler les problèmes parfois ;
    peut-être qu’il va s’expliquer ;
    peut-être que c'est pas ce que tu crois
    peut-être que tu peux le pardonner.


    Raison qui chuchote et il lui lancerait bien des doigts à cette conscience bienveillante. Il l’étrangle, même alors qu’il le voit arriver. Chevelure étrange qu’il se voit déjà saisir, peau qu’il se voit déjà marteler pour atteindre la compréhension. Comprendre le geste qui s’attarde sur ses lettres. Les siennes. Celles de personne d’autre.

    —  Annabeth. Note qu’il gronde pour le sommer de s’arrêter.

    Dur de penser qu’il pourrait s’agir d’un aîné qui culmine plus haut que la cire de ses dix-sept bougies. Caz lui en prêterait quatorze tout au plus, tout comme il se laisserait avoir par ce faciès qui lui semble inoffensif. Mais non, pas aujourd’hui, pas alors qu’il l’a vu ses doigts écailleux se perdre sur son courrier. Il aurait déjà dû exploser, aurait déjà dû l’étrangler, mais il voulait juste voir si l’enveloppe qu’il avait prise plus tôt dans la journée finirait par réapparaître. Elle restait absente et il fulmine.

    —  Rends-moi ma lettre et on en reste là.

    Il ment, alors que lui-même, il les déteste les couleuvres, les mots qui brillent comme véritables, alors qu’ils ne sont que mirages. Étrangement, il était si facile de les produire, il ne suffisait que d’un mouvement de langue pour réinventer le monde. Dire que les doigts resteront sur le mégot fumant. Que les autres resteront dans la poche. Il pourrait, peut-être, s’il s’excuse en exprimant des choses qui semblent justes. Il n’y avait qu’eux deux, il n’y aurait qu’eux deux. Le délégué pouvait bien se rabaisser quelques instants, accepter qu’il n’était qu’un rat aimant s'accaparer les restes des autres pour satisfaire sa morne vie. Grise, elle aussi. C’est peut-être à ça qu’elles servent, se réchauffer dans la malheur ou le bonheur des autres. Ça serait triste, ça serait moche. Dommage que dans tous les cas Castiel s’en balance. Il veut juste sa lettre, lui foutre un coup-de-poing, puis peut-être qu’il le laissera comme ça. Au milieu de ce chemin, de ce sentier qui longe les murs de l’école. Près des arbres qui sifflent impatients que les créatures commencent leur danse sanglante.      
         





    Dernière édition par Castiel Hunnisett le Jeu 27 Aoû - 0:56, édité 8 fois
    Annabeth H. Hawthorne
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    Familier : Conrad, le fabuleux canard mandarin.

    Présentation : 10 ième année, chercheur sur les homoncules. Délégué des Sureaux. Vole votre courrier, le mange dans son lit.


    Liens : https://hellebore-rpg.forumactif.com/t150-des-echardes-dans-mon-coeur-annabeth?highlight=annabeth

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    Message par Annabeth H. Hawthorne Jeu 27 Aoû - 0:20

    TOUT EST GORE

    Je cache mon linge sale
    sous des trésors de douceur.
    Et tout va bien, tout va bien.

    Prédateur.

    Ça se lit dans ses yeux, dans les traits étirés de sa jolie gueule de caïd, dans les dégagements trop hormonaux d’une colère qu’il n’arrive pas à juguler. Prédateur, c’est cet adjectif que je lui étale à la face, et qui vient définir la réalité d’un instant que je ne prévoyais pas affronter. Pas le courage, pas le temps, pas l’énergie. Et pourtant, on en est là, il fait trop beau, et je me fige, sans savoir exactement comment j’ai fait pour en arriver là. C’était une journée ok, je crois, c’était une journée sur laquelle je n’assumais pas grand’chose, mais qui ne m’avait pas descendu encore. Une journée avec des heures un peu confortables, les doigts contre les pages imprimées d’un manuscrit dans lequel je me suis oublié. Une journée avec des bonnes odeurs, une journée avec le sang calme, avec ces ébullitions nerveuses étouffées, presque effacées, une journée avec des sourires, des conversations inconsidérées, sans grande portées, mais juste là, présentes, amusantes. Une journée durant laquelle je me suis presque senti là, je me suis presque senti ok, ok d’être ok, et j’ai oublié Hisashi. Une journée durant laquelle j’ai presque fait autre chose que faire semblant, une de ces journées qui pourraient s’achever avec le crâne renversé, une cigarette entre les dents, et la sensation tranquille de ne pas avoir à établir de performance. C’était une de ces journées là, il n’est pas quinze heures, et elle est déjà achevée.

    Les vieux adages, je les hais, surtout “toutes bonnes choses ont une fin”. Je les hais, parce que ça finit toujours par me rattraper et sonner comme la voix d’une vioc qui me murmure dans le creux de l’oreille ces réalités que je n’aime pas considérer.

    Ça me fait toujours me sentir minable, ça me fait toujours me sentir comme un gamin qui n’a pas compris la vie tant que ça.

    Alors j’arrête, je me fige, quand il m’appelle, et prédateur, j’estime que si je cours maintenant, peut-être qu’il n’aura pas les couilles de me poursuivre. Je ne sais même pas pourquoi il m’appelle, je ne sais même pas ce que j’ai fais de mal, et à l’instant où il rouvre la bouche, pour cracher une impérative menaçante, je me souviens.

    Ah. Ah. Fuck.

    Fuck.

    J’ai dans la tête cette locomotive lancée à pleine vapeur, et je le vois déjà, je l’imagine marcher sur moi comme un lion marcherait jusqu’à sa carcasse déjà évidée. Les lèvres pincées, les mains enfoncées dans les poches, j’ai l’attitude nonchalante du condamné silencieux, et je veux savoir, Conrad, je veux savoir si ça vaut quoique ce soit que je dise quelque chose. Parce qu’après-tout.

    I don’t have it. Not anymore.

    Parce que toutes les bonnes choses ont une fin et que cette journée était probablement trop douce. Parce que je suis l’avorton résigné d’une lassitude de vie et que ça, cette idée, cette considération presque injuste du karma, ça me fait presque sourire. Presque. J’ai les lèvres qui se détendent, mes mains qui sortent de mes poches, et je relève les yeux, juste un peu, vers lui, pour le considérer. À bien le regarder, je me dis que j’aurais du me méfier, que j’aurais du avoir peur, que je ne le connais pas assez, et que si j’avais su, si j’avais su, est-ce que j’aurais continué ?

    La voix d’Hisashi me murmure ce que je sais déjà.

    Of course you would have.

    … Why does it matter anyway, Hunnisett ?

    Parce que je me souviens du nom, désormais, celui qui était griffonné sur la lettre que j’ai attrapé comme on choppe un oiseau au vol. Je lui ai brisé les ailes, je l’ai ouvert avec mon ongle.

    I tought you were not the kind to answer.

    Rendu là, il n’y a personne. Rendu là,tu sais,  j’ai sous la myocarde un frémissement résigné. Parce que je crois que ça me définit plutôt bien, quand il n’y a pas Ambre, Max ou Mira pour me regarder. Quand je suis loin des yeux, loin du coeur, ça ne sert à rien de jouer le bon élève bien élevé, ça ne sert à rien d’essayer. Clairement, tu sais, je me dis qu’il y a une loi dans l’univers, un rapport de force, et que tu peux t’acharner à appuyer dessus : ça canalise ton énergie et la redirige sur toi. Quelque part, ça a quelque chose d’amusant, d’un peu épuisant; mais ça ressemble à un but. Ça me permet de considérer si je suis plus fort que ce que je crois, ou si je vais craquer avant.

    Et quand je suis face à un individu qui a la possibilité de m’enfoncer dans la gueule ses phalanges bien acérées, je me dis que c’est facile de déterminer le résultat.

    Je relève les yeux, vers le ciel.

    And that is why big sister is so mad at you. This is why she’s always writing all these letters. Because you don’t answer, because it is driving her mad, because mommy is getting worse and worse, and you’re just hiding.

    Je me tourne vers lui, maintenant, avec le coin des lèvres relevés en ce qui, tu sais, a presque l’air d’un sourire désolé.

    So tell me, now. Please, please praytell. What does it feel to be such a coward ? You’re running away, aren’t you ?

    Moi, c’est ce que je fais. C’est ce qu’on fait.

    You’re a pitiful little boy, after all. To think that you’re trying to play the bad guy, all tough and sharp. But the truth is, the truth is…

    Au final, ça a quelque chose de réconfortant, cet instant. C’est comme me confronter moi-même à mes démons. J’ai cessé de sourire, j’ai presque baissé la voix. Ça résonne à peine, je veux simplement savoir.

    How does it feel to be a disappointment ?

    Tu projettes trop.

    I hope for you she’ll forgive you before she dies.

    Anonymous
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    Message par Invité Jeu 27 Aoû - 4:14



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    tout est gore


    tw. violence physique.

    Il ne l'a plus. Le poing se crispe dans la poche, alors que le corps était déjà tendu, prêt à bondir. Au moins, il ne dément pas, n’essaye même pas de s’en tirer d’une excuse foireuse. Pas dans le brouillard dans lequel se glisser, pas de nuée dans laquelle s’envoler. Il a craché ça avec une simplicité qui fait gronder. Il n’a honte de rien et c’est maintenant que Caz se dit qu’il aurait préféré qu’il piétine du pied, se tortille gracilement, les joues un peu rouge. Ca aurait été plus facile de résister aux envies qui l’assaillent, à l’envie des entailles. Il n’aime pas son sourire. L’ornement de ses lippes trop fines qu’il aurait pu mordre s’il n’était pas promis à une autre de ses famines. Ses iris s’en vont légèrement dans les siennes et ils savent sûrement tous les deux, en même temps que les mots sortent, qu’il y a quelque chose qui se scelle. Les regards se piquent, le myocarde de Castiel s’agite. Il va se le faire, avec violence, avec ses poings, avec ses mains. Il allait les tordre, lui et sa langue qui racontent des choses qu’il peine à comprendre, qu’il peine à saisir. Trop tôt. En attendant, il le regarde juste jouer de sa langue perfide, alors que les lueurs dansent dans les azurs. Ciel ombragé au moins ici, tandis que le soleil et d’autres feux réchauffent le derme fiévreux. L’angelot se rend enfin compte que c’est l’intimité qu’il dévoile. Cette page tachée qu’il aurait froissée sans lire, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne. Il se demande tout de même laquelle des trois érinnyes se serait attardé à écrire un courrier qui lui serait destiné. Maman malade, maman fanée et ça l’égratigne un peu la mention de la matriarche qui irait mal à cause de lui. D’ailleurs, Caz y croit, à tous ces mots sifflés à son encontre. Sauf ça, jamais ça.


    Me cacher ? Qu’il ricane entre la surprise et l’incompréhension.

    C’est bien une chose qu’il fait pas ça, s’abriter sous quoi que ce soit. Quand on ne sait pas, on se tait. Quand on ne sait rien, on ferme sa putain de gueule, mais ça Anna, il a pas franchement l’air au courant parce qu’il veut pas se taire, qu’il ne fait qu'attiser les canines et les artères qui bouillonnent. Castiel, il lâche des braises, les mêmes qui s’animent dans les entrailles, promettent des flammes. Mais là, c’est juste celle au bout du tabac calciné. Il sait pourtant que ça arrivera pas à le calmer, souhaite juste la finir avant de la lâcher, avant qu’il aille l’éclater. Parce que le pire dans tout ça, c’est que le serpent, il sait plus s’arrêter, qu’il déverse une litanie vénéneuse sur laquelle Caz tient des comptes. Il en a noté six. Six de trop. Six trucs qui débordent depuis qu’il a ouvert la bouche.

    Il tire dessus une dernière fois, puis il l’écrase la cigarette. Oui, c’est un présage. Oui, c’est un message. Parce qu’il le fait furieusement, sortant son autre main des poches, fixant la créature qui se croit trop maligne, qui croit tout savoir tirer d’un simple bout de papier, de quelques gouttes d’encre qui ne savent que se faire remontrance. Il y a ses pas qui se font, grands, rapides, sans qu’il ne court. C’est l’autre qui devrait le faire, l'autre qui devrait savoir aussi bien agiter ses jambes que ses lèvres. Mais c’est trop tard. La dextre se fait puissante sur le textile, qu’il saisit, tire pour rapprocher les deux faciès,jusqu’à le soulever si nécessaire. Les poings sont étaux, promettent mille maux. Les mirettes se cognent sauvages alors qu’il le force à reculer jusqu’à ce que l’échine du dragon face craquer l’écorce d’un arbre qui soupire. L'air de sa gorge doit caresser son visage.


    C’est quoi ton problème ?

    Souffle chaud. Aride. Les yeux hurlent, une fureur, une colère. Un enfer. Le front s'abat sans qu’il ne veuille entendre la moindre réponse. Il cogne l'arête d’un nez qu’il veut entendre craquer. un. (tu te caches pas)


    Dis-moi juste où est ma lettre putain.

    Parce que c’est pas avec lui qu’il allait parler de sa vie, pas avec l’inconnu qu’il allait étaler le pourquoi du comment, débattre sur les liens familiaux qu’il étiole du mieux qu’il peut. Parce qu’il se cache pas Caz. De rien, pas de ses parents, ou de la suite fraternel. C’est pas sa faute si le coeur bat plus autant qu’avant pour les bras de maman, ce n'est pas sa faute si la voix de papa n'apporte que du tracas. Ils sont lambda, terriblement humain puis ça s’appelle grandir. Non ? C’est ce qu’on lui disait à Caz quand il se plaignait qu’il y avait que les ombres pour s’amuser avec lui le soir. grandis un peu. amuse toi tout seul. C’est ce qu’on lui disait quand il demandait de l’aide pour se mettre un dessin-animé, et qu''il finissait par pleurer devant l’écran noir. grandis un peu. débrouille-toi tout seul. L’un de ses poings s’écrase sur la tempe. deux. (t’es pas un lâche)


    Tu sais même pas de quoi tu parles.

    Qu’il murmure, le tenant fermement pour qu’il puisse recommencer, encore au même endroit. trois. (tu t’enfuis pas). encore une fois, juste pour voir. quatre. (t’as rien de pitoyable). Les phalanges rougissent, se font supplices parce qu’il ne veut pas s’arrêter, que c’est agréablement bien de le frapper. De cogner cette tête de con qui semblait vouloir lui faire la leçon. cinq. (t’es pas une déception). C’est un champion Caz, même s’il y a pas encore tout le monde qui le voit, même s’il y a personne qui y croit. Sa foi en lui-même lui suffit. Il a pas besoin de celles des autres, se contente de leur souffrir, de ce qu’ils ont à lui offrir. Il veut rien d’Annabeth pourtant, se contente de donner pour mieux recevoir ce qu’il lui est dû. Dernier coup. six. (parce que ta mère et la mort, ça ne va pas à côté, que tu veux pas y penser.)


    Fait pas le con, dis moi juste ce que t’en as fais.

    Qu'il puisse la jeter. Mieux oublier. Il tapote son visage abîmé presque amicalement du bout des doigts. Faut qu'ils passent à autre chose. Avant que ça gronde trop fort. Que l'incendie rugisse pour de bon.            
         
         



    Annabeth H. Hawthorne
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    Message par Annabeth H. Hawthorne Ven 28 Aoû - 21:31


    Ma paresse mentale consiste en cet abandon de mes propres croyances.




    J’aurai du arrêter, j’aurai du l’écouter. Mettre un terme au jeu absurde de l’intimidation qui lui coulait entre les yeux, qui me retombait dessus avec son souffle. Avant même qu’il ne lève la main, j’aurai du comprendre, réaliser que c’était la fin, et m’y résigner. Mais maman, papa, Hisashi, je suis un idiot fini, qui n’aime pas ne pas gagner, qui n’aime pas me résigner. Parce que ça me colle toujours trop fort à la peau. Comme la malédiction, comme la sueur, ça colle et ça s’enfonce au plus profond, et je ne peux pas arracher ça, je ne peux jamais arracher ça. Je suis prisonnier de ma propre tête, prisonnier de cette résignation taciturne, et elle adopte les formes anguleuses d’une lassitude, de quelque chose de blasé qui me fait baisser les yeux, dans un mélange de terreur et d’exaspération. Je suis un idiot, et lorsqu’il arrive à ma hauteur, j’ai déjà perdu le combat. Parce que lorsqu’on se bat, il y a la technique, la force : ce qu’il a. Et il y a la volonté de survivre, et je ne l’ai pas. Lorsqu’il me saisit, avec ses doigts qui accrochent et son front qui s’abat, je suis déjà dans cette zone vide que les peureux et les suicidaires partagent doucement.

    C’est le premier mouvement, et j’ai déjà perdu.

    Ça s’écrase contre mon front, ça implose dans mon nez, et les cartilages sont ces chateaux de cartes qu’une explosion a envolé. Des chateaux de cartes en coeur et pique, couleur rouge, qui giclent dans tous les sens, et si ça ne brise pas, si ça ne craque pas, ça n’en explose pas moins en cette bouillie sombre, chargée, qui vient me dévaler les sinus et m’inonder les lèvres. Ça pisse le sang, et Castiel m’a déjà attrapé.

    C’est le second mouvement.

    Et je veux louer son nom.

    Le poing s’abat une fois, et c’est une fois de trop. Ça heurte ma tempe, le cerveau est balancé, et je ne réfléchis plus vraiment. Mon corps, mon corps c’est cette poupée secouée, cet amas un peu édulcoré de ketchup qui s’éparpille, de phéromones paniquées. Mais c’est ma faute, j’ai cherché, et alors qu’il abat une seconde fois son poing, je me répète que je l’ai cherché, que ces mots de provocation, c’est moi qui les ai imposés. Qu’est-ce que j’essayais vraiment de faire, au final ?

    Troisième mouvement, mes idées propulsées, ma mâchoire défoncées. Il vient de frapper fort, et sa main me retient. Je vais tomber.

    Je vole le courrier pour moi. Pas pour eux, pas pour savoir ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent, je le fais pour moi. C’est mon trésor, mes secrets, ce sont ces mots dont j’ignore les contextes, mais dont je veux m’approprier les affects. Parfois c’est puéril, parfois c’est pour avoir l’impression que c’est à moi que c’est adressé. Et parfois c’est autre chose, ça n’a pas de logique, et il n’y a rien au bout du chemin. Parfois ce sont ces mots que je regrette avoir lu, qui ne signifient rien, parfois ce sont ces bouts de papier que je prends le soin de replier, et encore plus rarement, de relâcher. Ce n’était pas son cas, pas le sien. Je l’ai lu, sa lettre, j’ai eu un mouvement d’exaspération, je crois avoir roulé des yeux. Mais il n’y avait rien de spécial, pas à ce moment-là, je ne projettais pas. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ne lui ai pas dit, pourquoi est-ce que je ne me défends pas ? Il frappe une quatrième fois, et je titube, avant la mâchoire qui part sur le côté.

    J’aurais pu lui dire, mais je crois que c’est une question de fierté.

    Mais. Ça aurait enlevé toutes ces possibilités, n’est-ce pas ?

    Cinquième mouvement, et c’est cinq de trop. Quatre coups dans la gueule, et ça résonne comme un grand tambour contre l’horloge remontée de mon endurance. Je vais tomber, et sa main, sa main est cette barrière à laquelle j’ai accroché mes doigts. Si je reste debout, si je reste debout encore quelques instants, alors j’aurais réussi, peut-être, à me prouver que je suis parvenu à dépasser tout ça. À dépasser la paresse mentale, la lassitude, la résignation. Si je reste debout, -Et Conrad hurle, secoue ses plumes, piaille désespérement-, alors j’aurais réussi, n’est-ce pas ? C’est ce que je venais chercher, en m’engageant dans le terrain de la provocation. Mes doigts glissent contre les siens, griffent son poignet, et il ne sent rien, il abat son poing. Sixième mouvement, mon nez en sang, mon coeur qui bat, et cinq coups, c’est cinq coups qu’il m’a martelé sur la face. Ça burine mon coeur avec les odeurs trop rances de la satisfaction.

    If I stand, am I doing enough ?

    Une sixième fois, et la bulle craque, mes genoux plient. Il parle, tu sais. Il parle depuis le début et je n’entends rien parce que mon cerveau ne capte plus. Mes oreilles se sont éteintes, mes tympans se sont refermés, j’ai oublié comment on écoute, et je vois ses lèvres s’agiter, sans qu’aucun son n’en sorte. Il y a cette ampoule, dans le fond de mon crâne, qui s’est mise à grésiller, et je suis ce chat idiot, mouillé, qui s’accroche fébrilement à son poignet. Parce que si je lâche, si je lâche je vais tomber. Je ne-

    Am I doing enough ?

    Je crois que le monde est devenu un peu plus fou que moi, et lorsque je relève le visage vers lui, ça mouille dans ma bouche, et ça mouille sur mes joues. Ce n’est pas comme si j’avais fait exprès, au final, mais les larmes sont ces idiotes qui se soumettent à la gravité, et le sang, le sang trace ce parcours trop froid, trop poisseux, et ça me glisse entre les dents. J’ai envie de cracher, de vomir, et mon cerveau est cette éponge crevée qu’on a laissé sécher au fond d’un lavabo mal rincé. Je ris, je ris un peu, avec mes larmes qui fusent, et ça déborde de mes yeux, ça se coule dans les plis de mes joues, je gazouille un rire.

    “… what did’ya say ?”

    J’ai murmuré, et il me lâche, et Hisashi, Hisashi, je tombe. Mes genoux heurtent le sol, mes coudes aussi, et ça m’éclate le nez contre la poussière.

    J’ai cet espèce de feulement de douleur.

    Et ça n’est rien. Ça n’est rien.

    C’est rien qu’un instant que je peux faire semblant d’ignorer. Rien qu’un moment où, les doigts refermés, je peux imaginer que ça n’existe pas. Je ne me souviens plus ce qu’il a dit, je ne me souviens que de la dernière pression de ses doigts, contre mes joues, avant que ça ne déborde et soit mouillé, et ça n’est rien. Je peux faire comme si ça n’existait pas. Comme si ses yeux, prédateurs, n’avaient plus rien de terrifiant. Comme si la menace d’être découvert, balancé, renvoyé, n’avait rien à faire ici. Comme si la provocation avait été futile, et on pourrait simplement l’oublier. Ce n’est rien, ce moment n’est rien, et je pourrais faire comme si c’était autre chose, que je décidais de ne pas définir comme réalité. Je pourrais.

    Je murmure.

    “What did’ya say, Hussi-… Hussi…”

    Ça patauge sur mes lèvres, entre mes dents. Ça patauge dans mes synapses, mon cerveau est écrasé.

    Touch me, touch me, look at me and prove me that I exist.

    C’est ce que je voudrais lui dire. Ce que je voudrais lui demander. Alors je me redresse, tout doucement, en poussant sur mes mains, en roulant le dos, et je suis ce chat, tu vois, je suis ce chat qui relève les yeux pour mieux regarder, au travers de mes cils froissés. J’ai du sang dans les yeux, du sang dans la bouche, et un sourire que je n’arrive plus à dessiner.

    “Huss-”

    Ma gorge découpée, mon souffle étriqué, je tends les doigts, tout doucement, et j’ai le monde qui vacille. Ça se referme sur ma nuque, comme un piège qui claque, et je tombe en avant.

    So I wasn’t able to do it, after all.

    Je tombe contre ses genoux, j’ai le crâne qui torpille. Sept mouvements, c’était sept de trop, et je le savais depuis le début. Mais j’ai essayé. J’ai essayé, Mother, Father, Hisashi, I tried. And it failed, it failed, and I’m sorry. Mon front appuie contre ses cuisses et je suis idiot, putain, je suis cet idiot qui me dit que c’est stupide de mener des combats que tu ne peux pas gagner. J’ai mes doigts qui l’accrochent, mes cuisses ouvertes, et je tremble, je tremble, parce que je suis terrifié par ce manque d’équilibre qui s’instaure. I can’t stand, I can’t.

    “I don’t have it.”

    Mes doigts serrent, fort, contre ses cuisses, et ça tremble dans ma tête, ça tremble dans mon corps. Am I pathetic enough, father ? Am I that sissy you were so regretful, so bitter toward - The truth is, the truth is that -

    “I ate it. It was ugly, and painful to read, and awkward, and I wanted to ignore it, I didn’t want to keep it, so I ate it.”

    Je voudrais arrêter de pleurer, arrêter de saigner, et ça coule tout seul, ça lui tâche son joli pantalon denim. Je voudrais contrôler mon corps, contrôler l’univers, j’aimerais bien être un peu dieu, et ça ne marche jamais comme ça : tout finit toujours par se sâlir, par se tacher, par se souiller. Et je fixe, je fixe les formes sombres que je lui ai collé contre l’aine. Y’a du sang, du sel, et je ricane.

    “I didn’t feel anything at all, you idiot… You should have tried harder… sharper… you know…”

    J’ouvre la bouche, et ça dégouline, Hisashi. La salive, le sang, la haine. J’ouvre la bouche, et mes mains appuyées contre ses hanches, j’ai le cerveau qui danse à l’envers. I’m tired tired tired and everything is painful.

    Mes dents près de sa bite, ma vengeance au bout de la langue.

    Et je ne le fais pas. Je ne le fais pas.

    I don’t want to get fired, I don’t-

    Mes doigts tirent, fort, et je me relève comme on émerge un noyé. C’est trop dur, trop lourd, et j’y arrive pas, pas vraiment, je lui titube dessus, mes bras enroulent ses reins. Je balbutie son prénom, le ceinture avec mon sang, et tu sais, tu sais, je crois que j’ai aimé. Je crois que s’il le fallait, je recommencerai, pour mieux comprendre, pour mieux savoir. And I’m sorry, I’m so very sorry, I hope your mother won’t die, not today. I’m so sorry, I want to-

    “Hey, Hunnisett…”

    Si il se débat, je tombe. Si il s’écarte, je m’écroule.

    “You look like a chirping cat.”

    Tu te souviens des chateaux de cartes qui explosent ? C’est ma tête. C’est mon coeur. Je suis un minable et tu es magnifique. Dis moi, dis moi, qu’est-ce que ça fait d’être comme toi, when I am not ? Please, tell me. What does it feel to be something, to be somebody ?

    You’re not a failure and I understand, now, why the hell I stole this letter.

    I do, I promise I do.

    Mon corps lâche et je me laisse tomber contre sa poitrine. Je ris, je pleure, je suis cet idiot peint en rouge, peint en pathétique. Je suis cet idiot qui veut me prouver que je peux être là.

    “Date me, just once.”

    Please, please, I promise it will be fun. We could just forget what happened today. Please, please. Si je ne te mords pas, laisse moi au moins gagner, rien qu'un peu. Parce que je suis debout, tu vois, j'ai réussi à me relever. Si je ne te mords pas, avec mes crocs dans la fémorale, laisse moi au moins essayer. Faire comme si c'était joli, comme si tout allait bien, et comme si je pouvais contrôler. Alors laisse moi faire comme si on pouvait faire semblant d'être ami, rien qu'un peu, histoire que je sache exactement ce que ça fait que d'avoir ta lettre dans l'estomac, que d'avoir ces affects en moi. On en fera un jeu, on fera semblant d'être quelque chose d'autre. Tu souriras, je ne pleurerais plus, on sera heureux.

    Je ne sais pas pourquoi je fais ça, Castiel.
    Je ne sais pas pourquoi est-ce je suis comme ça. Ce que je sais, c'est que tu es quelque chose contre lequel je veux enfoncer mes dents, et mes griffes, pour voir ce que ça fait, ce que je peux ressentir.

    "Or kiss me, and we're even."

    Look at me, prove me that I exist. Même si ce n'est pas le cas pour toi. Même si tu ne me connais pas. Même si certains racontent que tu fuis la nuit, en compagnie d'un certain roux. Fais comme si ça n'existe pas, et joue dans ma tragédie. Je suis un idiot, et j'ai laissé du sang dans ton aine.

    Alors. J'aimerais que ça ne soit pas que pour rien. Parce que je me tiens debout, sous tes yeux trop clairs.


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