made of crushed little stars — ft dalhia

Les pieds bien ancrées sur le sol artificiel, tu n’autorises guère les rêveries cosmiques t’emporter avec elles dans leur magnifique berceau ; la tête sur les épaules, la lueur des astres se reflètent dans tes prunelles vides pour éveiller un soupçon de vie. Peut-être est-ce là le problème qui te définit, l’idée de ne pas oser rejoindre les bouts d’étincelles dans cet océan de noirceur ; une Lumière dans le domaine des études, toutefois ton aura resplendit si peu en comparaison de la douce Prudence. Tu rêves de les rejoindre, sans tendre ta douce main qui pourrait la rattraper.

Serait-elle celle qui t’y guidera ?

Peut-être que dans le fond, tu succombes doucement aux belles rêveries. Néanmoins tu le sais aujourd'hui, ce ne sera pas elle ; il ne faut pas que ce soit elle. Garde la tête sur les épaules comme à ton habitude Dalhia, et préserve ce fossé qui s’écarte entre vous.

Et tout ira bien.

Les légères baskets tapotant l’herbe fraiche, un frisson te parcourt l'échine en sentant la froideur du soir ; les jambes couvertes d’un jeans long d’un blanc éclatant, un top à manches courts aéré et parsemé de motifs étoilés dorés habille ta poitrine, découvrant délicatement ton nombril. Une demi-queue de cheval dompte ta chevelure, décorée d’un chouchou constellé argenté. Tu laisses également flotter une odeur de lavande – tu sais qu’elle l’adore. Un monde stellaire t’attend, un univers duquel tu espères ne jamais repartir ; alors on se mêle à la galaxie. À peine le seuil franchi, on découvre déjà les teintes rosées mariées au tissu de la nuit.

Un sourire imprégné d’un rose pâle fend la fine chair du faciès.

— C’est bien rare. un léger silence. Je te prie d’excuser ma ponctualité, dans ce cas. J’espère ne pas t’avoir fait trop attendre.

Puis la courbe s’évanouit, devenue l’illusion de quelques secondes ; l’eye-liner pourvu de magie, les cils animent de petites paillettes au clair de lune. Tu aurais souhaité ajouter une touche de phare à paupières aux couleurs des émotions, cependant au vu de l’état de ton cœur émietté, tu préfères t’en abstenir. Délicatement, tu t’étends aux côtés de l’Aconit sur le tapis de verdure.

— Je savais que tu en profiterais pour sortir la garde-robe étoilé. pouffement de rire. Néanmoins, je me moque mais je ne suis pas mieux...

Le ton monotone, légèrement animé de vitalité, rythmes tes paroles. Le regard se perd, flotte dans les airs pour ne pas croiser le sien. Alors, tu t’empresses de dévier.

— As-tu déjà repéré une constellation en cette soirée ?

Afin que, sous cette contemplation, tu puisses t’oublier.

Nombreux préfèrent se bercer d’illusions et de mensonges consolateurs, entretenir une euphorie falsifiée dans laquelle se complaire pour s'évader dans les vaines espérances ; pourtant Dalhia, que tu aurais souhaité qu’elle se prive de ces allusions, qu'elle n'emploie ce langage qu'en présence de son bien-aimé – à quoi bon tendre cette confiserie devant tes yeux affamés qu’elle ne te laissera jamais goûter. Pour quelle raison ses paroles doucereuse et mielleuses s'enrobent d'une telle amertume ?

Un rire carillonne, d'une voix presque gênée pour camoufler parfaitement la nervosité. Ces éclats si rares et qui sortent si naturellement en sa présence.

— Tu me flattes voyons. J'étais simplement d'humeur à essayer cet ensemble et ce maquillage pour l'occasion.

Toi-même tu ne saurais répondre à sa question, ce que dissimule ce temps de préparation tandis que la logique t'interdit de t'approcher du fruit défendu ; elle a déjà offert son cœur à Robin. Et la loyauté préfèrera toujours souffrir que de transgresser les règles. Est-ce pour sa compagnie que tu resplendis ou est-ce cette minutie innée qui justifie ton allure d’aujourd’hui ? Qui sait…

Tu as toujours su admirablement bien te contrôler.
Alors pour la bonne cause on n’avouera
R i e n.
Pour la bonne cause on n'aimera
P l u s

C'est ta nouvelle vérité implantée.

Le doux son des pages éveille ton attention nébuleuse en cet instant de détente ; la couverture parsemée de constellations t'aide à réaliser bien aisément l'objet de l'ouvrage. Et lorsque sa langue se délie délicatement pour te délivrer un nouveau coup de poignard, tu feins un ricanement en fermant les paupières.

— Tu m’enlèves les mots de la bouche dis donc ! Il est vrai cela dit que la galaxie de ton ensemble étincelle plus que le ciel, ce soir. Silence Mais tu sais très bien que je ne suis pas une étoile : j'ai trop les pieds sur terre pour cela.

Et on craint tant de perdre pied.
C’est pour cela qu'on énonce la distance
Qui vous sépare.

— Pour répondre à ta question, à défaut d'être originale, j’aime la constellation de la Vierge. Plus que l’horoscope, j'aime chercher les constellations de chaque signe à chaque nouveau mois. on rouvre les globes. Aujourd'hui, on la voit bien.

Le concret te fascine plus que les superstitions, bien que tu apprécies l'étudier. On se laisse porter par le calme, le vide de l'esprit pour poursuivre cette recherche de sérénité.

— Et toi ?

Et par pitié ne réponds pas
« toi »

Tu traces les frontières timidement dans le sable du bout des doigts, dans l’espoir qu’elle respecte les sentiments qui t’obligent à dessiner les distances ; quelle douloureuse justification anime ses approches, la pousse à effacer effrontément les marques dessinées – même si le vent s’en serait chargé de toute manière. Les joues s’empourprent lorsqu’elles rencontrent les siennes. Et vos chevelures se mêlent comme pour tisser une nouvelle harmonie.

Un regard furtif et intrigué se dépose sur elle.
Que cherches-tu à me communiquer, Prudence ?

La confusion s’empare de tes pensées afin d’y faire régner la discorde ; tu en viens même à remettre en question les détestables rumeurs d’Eira ; Robin a-t-il réellement dérobé son cœur ou n’était-ce qu’une manigance afin de briser le tien ? À défaut de ressentir une tristesse sincère pour le sort de l'innocent volatile, tu soupires amèrement.

— C’est vrai… Ce sont souvent les plus démunis qui se retrouvent victimes de tragédies.

Ironie qu’on énonce sans réaliser que l’inconscient se plaint enfin.
Ses prunelles attendris s’ancrent dans tes pupilles, transpercent ton âme afin de fragiliser ce qui te permet de ne guère chuter en enfer. Lèvres entrouvertes, balbutiant péniblement une réponse convenable en esquissant un sourire amical.

— Bien sûr. Je te montrerai pour une prochaine occasion. Pour Halloween ou une fête si cela te dit ? Tu feras naître des étoiles dans les yeux de beaucoup de monde avec ça.

J'aurais souhaité provoquer cet effet chez toi aujourd'hui. Mais tant pis.
La vérité se dégage de ta faible emprise, lutte contre l'auto-persuasion affaiblie ; le mensonge n'a jamais été taillé pour ta droiture et ta philosophie de vie ; le rôle de meilleure amie tangue dans cette ambiguïté tentatrice. Et lorsque son beau visage se niche dans ton cou, une sensation de chaleur envahit chaque parcelle de ton épiderme, le rythme cardiaque s'accélère promptement. Tu n'oses rien répondre afin qu'aucun sanglot ne s'échappe de ta gorge. Simplement, tu déposes doucement ton crâne sur le sien.

Comme si quelque chose en toi s'effritait.

Comme c'est
I n j u s t e.

Injuste que votre relation doive se résumer à une proximité limitée ; injuste qu'elle mette à l'épreuve ton sang-froid malgré cela ; injuste que l'incertitude te contrôle et t'empêche de connaître la vérité. Ai-je le droit de dévoiler toute mon affection ?
Ai-je le droit ?
Ai-je le droit…?

L'amour nous rend forts et puissants aux yeux du monde, toutefois dans ses bras tu te sens si faible, aussi vulnérable qu'une poupée de chiffon. Alors, après quelques instants de silence, un soupir secoue ta cage thoracique ; la main libre se dépose délicatement sur son épaule et ton visage s'approche du sien.

— Prudence ?

Stoppée à plusieurs centimètres de son faciès, lui laissant le choix de franchir la distance restante, tu plantes un regard mélangeant une tendresse amoureuse et une tristesse suppliante. Car peu importe si elle accepte ta demande implicite ou la rejette, tu veux en avoir le cœur net.

Car en ces instants,
Les doutes sont meurtriers.
J'aurai ce que je mérite,
que ce soit l’échec ou la réussite.