quand les heures s'évanouissent
Les heures s’étaient perdues dans la serre, entre plantes exotiques et plantes magiques. Kieran ne les avaient pas vu passer, il faut dire, elles s’étaient faites discrètes. Ombres furtives. Il n’y avait pas eu d’horloge ou de montre pour les trouver, non pas que Kieran ait cherché à savoir. Peut-être aurait-il au moins remarquer le soleil se coucher s’il avait daigné regarder par les verrières. Peut-être qu’il se serait rendu compte que 16h n’était plus, qu’il était plus proche de l’insomnie de minuit que des pâtisseries de Muffin Tim. Peut-être, oui, mais il n’en était rien. La notion du temps qui passe semblait parfois lui être étrangère. Peut-être un peu trop. Certainement trop. Mais c’était pas de sa faute, vous savez. Il essayait, Kieran, il essayait vraiment de ne pas oublier les minutes, de ne pas oublier les secondes qui partaient sans l’attendre. Obligé de courir après. Quand d’un regard la lune semblait avoir cédé sa place au soleil. Sommeil perdu, restait à le rattraper.
Il essayait vraiment.
Kieran était d’abord venu pour s’occuper des plantes de la serre, récolter quelques graines peut-être, en planter d’autres certainement. Vérifier l’état des unes et des autres. Et puis.
Et puis il s’était arrêté, ici et là, les yeux débordant d’émerveillement. Il s’était arrêté juste pour regarder cette fleur aux couleurs vives de plus près. Juste un peu. Il s’était arrêté pour admirer une goutte d’eau sur une feuille avant que celle-ci ne coule comme une larme sur la joue. Il avait trouvé ça beau, Kieran, et puis il avait continué, comme toujours, comme à chaque fois, d’allées en allées avant de trouver place devant une plante qu’il aimait particulièrement. Elle était constituée de plusieurs petites fleurs d’un bleu pastel presque blanc à certains endroits dont les pétales semblaient se faire coton. Kieran l’aimait et bien qu’il n’aurait su dire pourquoi, cette plante l’apaisait. Alors il passait souvent du temps, assis par terre, à la regarder. Peut-être qu’il semblait un peu bête comme ça mais il s’en fichait, Kieran. Ça n’importait pas. Il n’y pensait pas. Pas sur le moment en tous cas. Sur le moment il pensait à rien. Un peu à tout aussi mais c’était imprécis. C’était brouillon. C’était tourbillon d’idées, pensées à l’envolée.
Sauf que cette fois, il était resté un peu trop longtemps, Kieran. Il avait pas fait attention. Il avait pas senti, s’était arrivé d’un coup. Sa respiration s’était faite saccadée, cherchant dans l’air chaud et humide ce qui se serait fait bouffée d’air frais. Il avait bien essayé de se relever, Kieran, mais peut-être un peu trop brusquement parce que ses jambes s’étaient dérobées sous lui et sa vision était devenue floue. Un soupir s’était échappé de ses lèvres, entraînant une quinte de toux. Gorge à vif. Il l’avait cherché, il fallait le dire. Ce n’est pas comme s’il ne savait pas sa santé fragile. Pas comme si elle lui avait valu bon nombre de séjours plus ou moins longs à l’infirmerie. Cloué au lit. Alors il s’en voulut d’abord, exaspéré avant de lever les yeux et de s'apercevoir qu’il faisait déjà nuit. Des gouttes de sueur perlèrent doucement le long de son cou terminant leur chemin au col de son t-shirt qu’il écarta légèrement d’une main tremblante.
Il avait connu pire.
Bien pire.
Mais s’évanouir dans la serre et y rester tout la nuit n’était pas forcément recommandé.
Ce n’était pas la plus brillante idée.
Sa bouche se faisait pâteuse. La déshydratation se faisait sentir. Même s’il avait voulu bouger il n’aurait pas pu. Son corps semblait être lesté. Membres paralysés. Même s’il avait voulu crié il n’aurait pas pu. Sa gorge s’était nouée et sa voix s’était coincée. Cordes tordues. Il était impuissant. Inutile. Témoin de son corps qui le lâchait. Sa tête aussi. Ca commençait à tourner.
Un peu trop peut-être. Elle était lourde. Ses paupières aussi.
Et il se disait
Alors il avait fait noir et puis plus rien.
Les heures s’étaient perdues dans la serre, entre plantes exotiques et plantes magiques. Kieran ne les avaient pas vu passer, il faut dire, elles s’étaient faites discrètes. Ombres furtives. Il n’y avait pas eu d’horloge ou de montre pour les trouver, non pas que Kieran ait cherché à savoir. Peut-être aurait-il au moins remarquer le soleil se coucher s’il avait daigné regarder par les verrières. Peut-être qu’il se serait rendu compte que 16h n’était plus, qu’il était plus proche de l’insomnie de minuit que des pâtisseries de Muffin Tim. Peut-être, oui, mais il n’en était rien. La notion du temps qui passe semblait parfois lui être étrangère. Peut-être un peu trop. Certainement trop. Mais c’était pas de sa faute, vous savez. Il essayait, Kieran, il essayait vraiment de ne pas oublier les minutes, de ne pas oublier les secondes qui partaient sans l’attendre. Obligé de courir après. Quand d’un regard la lune semblait avoir cédé sa place au soleil. Sommeil perdu, restait à le rattraper.
Il essayait vraiment.
Kieran était d’abord venu pour s’occuper des plantes de la serre, récolter quelques graines peut-être, en planter d’autres certainement. Vérifier l’état des unes et des autres. Et puis.
Et puis il s’était arrêté, ici et là, les yeux débordant d’émerveillement. Il s’était arrêté juste pour regarder cette fleur aux couleurs vives de plus près. Juste un peu. Il s’était arrêté pour admirer une goutte d’eau sur une feuille avant que celle-ci ne coule comme une larme sur la joue. Il avait trouvé ça beau, Kieran, et puis il avait continué, comme toujours, comme à chaque fois, d’allées en allées avant de trouver place devant une plante qu’il aimait particulièrement. Elle était constituée de plusieurs petites fleurs d’un bleu pastel presque blanc à certains endroits dont les pétales semblaient se faire coton. Kieran l’aimait et bien qu’il n’aurait su dire pourquoi, cette plante l’apaisait. Alors il passait souvent du temps, assis par terre, à la regarder. Peut-être qu’il semblait un peu bête comme ça mais il s’en fichait, Kieran. Ça n’importait pas. Il n’y pensait pas. Pas sur le moment en tous cas. Sur le moment il pensait à rien. Un peu à tout aussi mais c’était imprécis. C’était brouillon. C’était tourbillon d’idées, pensées à l’envolée.
Sauf que cette fois, il était resté un peu trop longtemps, Kieran. Il avait pas fait attention. Il avait pas senti, s’était arrivé d’un coup. Sa respiration s’était faite saccadée, cherchant dans l’air chaud et humide ce qui se serait fait bouffée d’air frais. Il avait bien essayé de se relever, Kieran, mais peut-être un peu trop brusquement parce que ses jambes s’étaient dérobées sous lui et sa vision était devenue floue. Un soupir s’était échappé de ses lèvres, entraînant une quinte de toux. Gorge à vif. Il l’avait cherché, il fallait le dire. Ce n’est pas comme s’il ne savait pas sa santé fragile. Pas comme si elle lui avait valu bon nombre de séjours plus ou moins longs à l’infirmerie. Cloué au lit. Alors il s’en voulut d’abord, exaspéré avant de lever les yeux et de s'apercevoir qu’il faisait déjà nuit. Des gouttes de sueur perlèrent doucement le long de son cou terminant leur chemin au col de son t-shirt qu’il écarta légèrement d’une main tremblante.
Il avait connu pire.
Bien pire.
Mais s’évanouir dans la serre et y rester tout la nuit n’était pas forcément recommandé.
Ce n’était pas la plus brillante idée.
Sa bouche se faisait pâteuse. La déshydratation se faisait sentir. Même s’il avait voulu bouger il n’aurait pas pu. Son corps semblait être lesté. Membres paralysés. Même s’il avait voulu crié il n’aurait pas pu. Sa gorge s’était nouée et sa voix s’était coincée. Cordes tordues. Il était impuissant. Inutile. Témoin de son corps qui le lâchait. Sa tête aussi. Ca commençait à tourner.
Un peu trop peut-être. Elle était lourde. Ses paupières aussi.
Et il se disait
Sauf qu’il décidait pas Kieran.reste éveillé
reste éveillé
reste éveillé
Alors il avait fait noir et puis plus rien.