Qui dit santé dit endurance ! [PV Cyan]

Samedi matin, il faisait clair pour un jour qui s'annonçait pluvieux par la suite.

Méliandre était en train de courir depuis une petite heure déjà, il se maintenait en forme. Travailler la magie demandait de l'endurance et il savait qu'il ferait mieux de la construire et de la garder le plus longtemps possible dans ces jeunes années. Il n'aimait pas du tout courir, loin de là. Cependant, c'était un travail à faire sur lui-même et il le faisait.

Alors que le soleil lui tapait encore plus dans les yeux, il se décida à faire une pause quand il arriva à sa bouteille d'eau et sa serviette. Méliandre s'essuya d'abord les yeux puis la nuque et il but de longues goulées avant de se mettre à marcher. Règle de base, ne jamais s'asseoir après avoir couru autant, cela ne faisait que donner des courbatures. Il fit donc un tour lentement, laissant son corps comprendre que l'effort était terminé.

-Je pense que j'en fais trop.

Il secoua son débardeur qui lui collait à la peau, secoua sa chevelure humides et vint récupérer son sac. Méliandre chercha une barre énergétique, les fesses en l'air, un peu inconscient de son environnement comme le soleil achevait de lui faire tourner la tête. Il avait bien besoin de se mettre à l'ombre.

-Je pense que le temps est vraiment détraqué...

Pour qu'il trouve qu'il fasse trop chaud.

Un petit frisson lui parcourut l'échine, comme s'il venait d'entendre quelque chose.

Méliandre finit pourtant de récupérer ses affaires jusqu'à ce qu'il sente une présence près de lui. Pas menaçante mais très proche, trop proche. Il reconnut de suite cette voix et chercha à s'écarter pour apercevoir son interlocuteur. Il écarquilla légèrement les yeux de choc alors que son esprit traduisait enfin la question et il recula pour l'espace entre eux. Il ne croisa pas les bras, il n'avait pas de raison d'être sur la défensive. Il retint aussi le geste puéril de couvrir son fessier alors que ses yeux tombaient sur tout l'être de Cyan.

Son aîné était torse nu, montrant au monde qu'il avait un physique aussi bien agréable sous les vêtements. Méliandre se sentit rougir parce que bien sûr, il n'avait pas oublié que le blond et lui étaient dans un jeu de séduction. Utiliser le corps était un peu de la triche mais le blanc n'avait pas la prétention de se dire que Cyan s'était ainsi dévêtu pour lui. Clairement, il faisait du sport lui aussi.

-Je pensais qu'il n'y avait personne. Yué était censé surveiller mais il n'a pas résisté à l'appel de la forêt.

D'être loin des humains surtout. Le Kirin noir n'était pas de ceux qui supportait l'humanité très longtemps. Comme son partenaire, Méliandre apprenait juste à mieux le cacher. Il se lécha les lèvres de timidité mais il se reprit intérieurement juste après cela.

-Bonjour, Cyan. Tu es vraiment de ceux qui prennent soin d'eux alors.

Le blond marquait assurément un point avec ça. Méliandre ignora son air faussement angélique, cela ne pourrait pas le duper par contre. Il souleva son sac et mir une sangle sur son épaule.

-J'allais continuer par les pompes si tu veux te joindre à moi.

Après tout, s'il pouvait faire du sport avec quelqu'un et trouvait de l'encouragement là dedans, Méliandre prenait. Il se permit un sourire avant de se détourner pour aller vers l'arbre sous lequel il avait compté s'abriter. Il savait qu'il ne devait pas trop regarder, Cyan allait sûrement le railler un peu si son regard s'attardait trop sur lui.

-Je déteste courir alors oui, je capitule assez vite sur cette épreuve.

Même s'il savait bien que ce n'était pas sur cela que le blond avait posé la question.

Où quand Cyan rappelait qu'au fond, il était un animal sauvage...

Mais Méliandre ne trouvait pas qu'il s'en cachait, c'était juste les autres qui ne comprenaient pas ce fait. Il eut l'impression d'aspirer un peu plus l'attention du blond sans bien savoir pour quoi. Il n'avait rien fait d'étrange en soi, juste s'écarter pour retrouver son espace personnel, ce qui était des plus compréhensibles. Il supposa de fait que c'était son rougissement intempestif et incontrôlé qui avait attiré l'attention. Mais dans le même temps, comment se retenir quand c'était l'homme qui voulait vous séduire qui vous montrez ses abdominaux ?

-Pas vraiment mais il est agréable d'avoir une bonne confirmation.

Prince ? Comment ça, prince ? Méliandre fut amusé que le blond se permette un tel qualificatif pour lui-même. Il haussa une épaule avec un sourire aux lèvres.

-Le genre de prince qui laisse les autres aller au casse-pipe à sa place. Tu fais donc bien de montrer que tu veux mener les troupes.

Même si Cyan pourrait bien les mener à leur perte au fond. Un prince démon de premier choix. Méliandre n'en dirait rien cependant, fronçant plutôt les sourcils à la réponse de son aîné à sa proposition. Non. Oh non. Ils n'allaient pas faire ça. Le blanc secoua la tête tout en marchant, imaginant malgré lui la scène. Ce serait tellement gênant. A vivre déjà. Et en plus, si on les voyait faire... Il ne préférait pas penser aux railleries qui en découleraient. Et de toute façon, il ne perdrait pas son premier baiser ainsi, merci bien.

-Tu sais déjà que je vais dire non. Mais tu avais le droit à cette tentative de corruption.

Qui n'aurait vraiment eu aucune chance d'aboutir. Méliandre prenait l'entraînement au sérieux et ce genre de choses semblait toujours tourner au câlin et plus si affinités dans les films et les livres. Son sac posé contre le tronc du chêne massif, il écouta la réponse de Cyan, gardant l'information dans un coin de sa tête. Mais pas réellement surpris. Les renards ne tenaient pas en place habituellement, de ce qu'il en savait. Méliandre se mit en position après s'être encre un peu étiré au cas où.

-Deux fois par semaine mais j'essaie de varier les endroits pour ne pas être déprimé de voir le même paysage à chaque fois. L'endurance, c'est important pour tirer plusieurs sorts à la suite.

Méliandre jeta un coup d'oeil à Cyan après sa série de vingt pompes. Il en faisait cinq séries de vingt avec des pauses d'une minute entre chaque pour ne pas trop enflammer ses muscles.

-... L'herbe ne te chatouille pas ?

Lui, il ne pourrait pas. Méliandre se lança dans une nouvelle série, comptant bien mentalement, sentant la sueur courir le long de sa tempe et de sa nuque. La douche serait obligatoire, bien que c'était une bonne chose pour finir de calmer le corps et lui faire savoir que le pire était passé. Il avait le visage rougi par l'effort cette fois.

-N'hésite pas à me dire si tu te fais mal, je te soignerai.

Méliandre souffla lourdement à sa centième pompe et s'assit pour mieux récupérer sa respiration ensuite. Il laissa sa tête aller en arrière, essuyant des doigts la sueur pour ensuite sécher sa peau sur son débardeur humide.

-C'est regrettable que d'autres n'en fassent pas autant.

Son regard glissa sur la silhouette de Cyan...

Satyre ? Cyan se prenait pour une chèvre et non un renard ?

Méliandre rigola intérieurement, se doutant bien de la raison pour laquelle ce mot avait été employé. Il se retenait tout simplement d'imaginer le blond dans une quelconque position compromettante ou libidineuse. Il rougissait déjà trop à son goût et puis son imagination ferait sûrement pâle figure à côté de la réalité s'il en venait un jour à la rencontrer. Il valait ne présumer de rien pour mieux apprécier les surprises, même si ce n'était pas exactement sa tasse de thé.

Quant à la tentative "d'option stimulante", Méliandre n'avait pas besoin de cela. Il continuait de penser que cela ne ferait que distraire au lieu de fournir un véritable entraînement correct. Le commentaire qui s'en suivit le laissait perplexe plusieurs secondes et alors qu'il allait demander de quoi le blond parlait, ça le frappa comme un train qui roulait sur ses rails. Son aîné parlait encore de sexe, évidemment. A croire que tout tournait autour de cela dans son esprit. Mais si c'était bien le cas, c'était un peu triste en soi. Certes, le sexe semblait être une chose merveilleuse mais le monde lui-même savait être merveilleux.

-Je n'y arriverai pas moi, je suis très chatouilleux...

Et il aurait probablement mieux fait de garder cette information pour lui. Le blanc sentait que le blond l'utiliserait comme arme tôt ou tard. Le voyant finalement abandonner pour les pompes, il ne se relâcha pas de son côté alors que son vis-à-vis lui assurait qu'il viendrait à lui en cas de blessures. C'était plutôt valorisant, aussi Méliandre esquissa un sourire vers son aîné.

-Tu... Tu dis ça comme si j'étais irrésistible alors que je sens la sueur, que je suis rouge comme une pomme trop mûre et que je peine à respirer correctement.

Méliandre changea de position pour commencer les abdominaux, finissant avant de s'essuyer le visage, dévoilant un ventre plat. On ne voyait pas les muscles mais on les devinait quand même. Le blanc n'aimait pas quand c'était trop perceptible, trop de garçons se la pétaient à montrer leurs tablettes de chocolat comme ils les appelaient. Bien allongé dans l'herbe, il dut déloger un gland de sous son épaule tout de même et plaça soigneusement ses jambes.

-Prêt à reprendre ? Cent abdominaux, c'est du gâteau, non ?

Le plus jeune jouait sur le désir de Cyan de lui plaire. Même si c'était aussi pour son bien, évidemment, pas juste pour voir le blond souffrir l'exercice. Après les cent abdominaux en série de vingt-cinq, il fit encore une pause, les yeux sur le ciel.

-Quand tu as su que la magie était réelle, qu'est-ce que tu as ressenti ?

Méliandre tourna la tête vers son interlocuteur, le trouvant tout aussi suant que lui. Mais plus libre quelque part, sans bien pouvoir l'expliquer.

-Pour moi, ça a été comme comprendre que l'univers est infini. Une évidence. En fait, j'étais même tellement soulagé qu'elle existe que j'ai dû avoir l'air sous le choc...

Il esquissa un doux sourire.

-Avec la magie, je ne me sens jamais seul. Ce n'est pas qu'une simple force, elle est, elle sera toujours plus que ça. Je me sens honoré de pouvoir l'utiliser et c'est dans ce sens que j'ai pensé à guérir. C'est une façon de partager ce don, de le faire fructifier. Je n'ai pas pensé en notion de bien et de mal, la magie n'est pas comme ça. Je me suis simplement demandé comment je pouvais faire pour avoir l'impression qu'elle soit réellement partout.

Et il se sentit tout gêné d'un coup et Méliandre toussota.

-Et je ne sais pas pourquoi je t'ai dit tout ça...

Il n'était pas prudent à agir ainsi. Il reprit les abdominaux mais cette fois, au lieu de les faire droit, il les faisait sur les côtés. C'était encore plus difficile mais il fallait ce qu'il fallait, il en était bien conscient. Se forçant à ignorer le regard de Cyan s'il était trop insistant...

Aussi, Méliandre supposait que Cyan serait capable de dormir toute la journée dans l'herbe fraîche...

Quant à la séduction qu'il dégageait présentempent, le blanc n'y croyait pas trop. Bien sûr, l'on était toujours dur avec soi-même et qu'il pense si volontiers qu'il n'était pas si attirant que cela normal. Cependant, aux regards de Cyan, il se savait au moins apprécié de ce blond qui parlait sans détour. Avec une idée derrière ses flatteries, certes, mais rien de méchant. Son aîné savait ce qu'il voulait et même si Méliandre ne comprenait pas encore toute la dimension de la chose, il attendait de connaître les prochains mouvements de son partenaire envers lui.

Méliandre sursauta légèrement quand il sentit le pouvoir de Cyan se diffusait sous ses fesses pour froncer des sourcils. La réponse à sa question informulée vint bien vite, quand il vit la racine entourée les chevilles du blond, sûrement pour le maintenir. Malgré la curiosité, il refusa la proposition de son aîné d'être soutenu par l'arbre. Il avait l'habitude, il pouvait donc se passer de support. Et tout à son exercice, il contempla aussi comment son compagnon s'y prenait. Clairement, oui, les abdominaux n'étaient pas un problème, pas plus que la sueur qui coulait sur cette peau dévoilée.

-Tu es vraiment bien plus doux avec la nature elle-même.

Chose que le blanc pouvait parfaitement comprendre. Pour rire à la réponse de Cyan à sa question. Il était bien vrai que Ambrose ne laissait pas indifférent de prime abord. Il attirait au moins une petite dose de curiosité. Mais il redevint plus sérieux en entendant la suite. Plume, princesse... Une petite soeur ? Le sister-complex le faisait pencher encore plus pour cela, oui.

-C'est incroyable. Je n'ai pas vu beaucoup de gens abandonnés quelque chose pour eux pour une personne aimée.

Bien que quelque part, ça restait un geste égoïste, non ? Méliandre se tenait à présent sur le côté, la tête soutenue par son poing alors qu'il écoutait la suite, essayant de percevoir toute l'essence de Cyan. Qui était donc à la limite de la misanthropie. Il fallait dire que le monde le cherchait un peu, il l'avait noté lui-même même s'il ne voulait pas juger. Il hocha la tête.

-Donc Cyan et Ruby. Amusant que vos parents vous aient appelé ainsi.

Le sourire de Cyan était beau, Méliandre pouvait l'admettre facilement.

-Tu as le droit d'être ce genre de personnes. Ca ne me pose aucun problème, chacun son caractère et sa façon de voir le monde. Je sais que l'humanité a un problème avec elle-même.

Méliandre se remit sur le ventre et inspira plusieurs fois prodondément avant de se mettre à faire la planche. Corps bien tendu, appuyé sur la pointe des pieds et les coudes. Cette position était une torture. Pourtant, il tint bien une minute et se laissa retomber.

-As-tu eu déjà envie de détruire le monde toi-même ?

Le blanc refit la planche. Il le faisait au moins cinq fois. Il retomba donc une deuxième fois.

-Je n'en ai jamais eu envie. Mais je me suis promis que si l'humanité venait à faire une chose pareille... Je forcerai la personne que j'aime à rester avec moi pour boire du champagne en faisant l'amour. Parce que fuir... C'est nul.

Comme il ne pouvait pas être plus rouge qu'il l'était déjà...