Allongé sur une longue nappe bien étendue dans l'herbe, un oreiller sous les bras, un livre juste devant, un jeune blanc révisait ses derniers cours pour s'assurer qu'il avait bien tout compris. Il faisait encore assez chaud pour qu'il puisse ainsi s'installer dans le parc, un peu à part, profitant simplement du soleil et du vent doux qui berçait les branches des arbres au-dessus de lui. Comme les fleurs qui embaumaient l'air de toutes leurs forces.

Méliandre entendait vaguement le chant des oiseaux, les bruits provenant des agitations humaines et créatures autour d'eux. Il balançait lentement ses jambes tout en parcourant chaque ligne de ses yeux bleu clair, repoussant parfois ses mèches blanches qui retombaient sur son front à cause de la brise. Autour de lui, les restes d'un pique-nique, d'autres livres, des cahiers, quelques stylos. Il avait bien envahi son espace et il ne restait qu'une sorte de place libre dans ce petit capharnaüm.

Un peu fatigué néanmoins, Méliandre cessa sa lecture et se frotta les yeux. Il portait son uniforme scolaire, pour ne pas montrer ce que valait son caractère à tout le monde. Il bâilla doucement et s'étira un peu. Il se mit sur le dos, contempla le ciel avec un petit sourire timide, au cas où on serait en train de l'observer. Il aurait bien fait une sieste pour une fois, mais peu de chance qu'il se laisse aller.

Il ne faisait pas confiance.

-C'est quand même une belle journée...

Méliandre l'avait murmuré en anglais, par habitude de marmonner cette langue dans les cours. Mais il ajouta en français.

-La montagne me manque...

Surtout la vue que l'on avait de tout là-haut.

La fin des cours annonçait le début de la liberté. Non pas que je n'aimais pas les cours, mais là j'étais un peu fatigué … Mais souvent la fatigue entraînait plus de maladresse. Je tenais mon sac d'une main et je me couvrais la bouche en baillant de l'autre. J'étais épuisé il fallait le dire. J'espérais ne pas m'endormir en marchant, car oui ça m'était déjà arrivé.

Enfin bref, le plus important était de trouver un endroit tranquille où me poser. Je ne voulais pas rentrer de suite au dortoir, il y avait trop d'animation en général à cette heure là. J'aurais peut être du prendre une place chez les sureaux finalement … Enfin, je me plaignais pas des aconits, mais parfois j'avais besoin de souffler, surtout en ce moment. Ma vie n'était pas des plus joyeuses, mais je ne voulais pas me plaindre. Ma mère disait toujours qu'il valait mieux faire envie que pitié.

Je m'étais trouvé vers le parc, pourquoi ne pas y aller. Après tout j'avais des gâteaux que j'avais fait la veille. Des petites sortes de cookie … J'aurais pu faire autre chose, mais en fait, le fraisier avait fini dans mon estomac et dans celui de ceux de mon dortoir.

J'arrivais enfin dans le parc. Le temps était idéal pour moi, qui n'aimais pas la chaleur, j'allais pouvoir me poser dans un coin pour dormir. J'allais prendre un gâteau dans mon sac mais une racine se plaça devant mes pieds.

Je ne compris pas ce qui se passait.

Le sol se rapprochait de mon visage …

Je lâchais mon sac pour essayer de me rattraper, mais il était trop tard.

Me voilà affalé sur l'herbe, juste à côté d'un gars qui était allongé sur une espèce de nappe.

…

A côté d'un gars …

Merde !

Je me relevais rapidement, vérifiant que je n'avais rien écrasé … Mais en me relevant je me pris les pieds entre eux, retombant sur le sol.

« Aie ... »

Ce fut tout ce que je pouvais dire. Je finis par me mettre en position assise, me massant la tête, puis je regardais le gars à côté de moi. Pourquoi je l'avais pas remarqué ? Qu'est ce qu'il faisait là ? Enfin, je pouvais engager la conversation … Je pris mon sac et j'en sortis une boite que je lui tendis, sans un sourire.

« Un cookie ? »

Manière stupide de dire bonjour … Mais quand on est pas des plus à l'aise, on fait comme on peut.

merci meri

Il n'ouvrit pas les yeux de suite en entendant les bruits.

Méliandre se disait que cet élève là se ferait de suite remarquer dans la nature tant il était peu silencieux. Il supposait que celui-ci était simplement venu se promener mais que même une promenade était une chose compliquée à faire pour lui. Il tourna enfin la tête et ouvrit les paupières pour se retrouver face à un spectacle assez hilarant, il devait l'admettre. Il se redressa lentement et vit les égratignures sur les mains de l'inconnu comme sur le fait qu'il se soit fait mal à la tête.

Attendant la suite, pour voir si ce serait autant un massacre que le reste, Méliandre se vit finalement tendre un cookie. Il le prit lentement et répondit doucement.

-Je suppose que c'est un paiement pour ce que je vais faire...

Posant cette nourriture imprévue à côté de son livre, Méliandre s'assit sur ses genoux, attrapant par la même occasion la main de l'inconnu. Cependant, alors qu'il allait le soigner, il se vit interrompu par une jeune fille aux cheveux roses avec une sollicitude inattendue. Il leva un sourcil, sentant que quelque chose sonnait faux. Il fallait dire que le garçon avait déclenché son empathie en s'étalant de la sorte deux fois et qu'elle semblait presque déplacée de fait.

-Il n'a rien qui ne soit pas guérissable.

Méliandre se concentra donc sur ses pouvoirs, ses manchettes luirent un peu alors qu'il se mettait à soigner les petits dommages que connaissaient le brun. Tout en exécutant sa magie, il demanda calmement.

-Puis-je savoir qui vous êtes ?

Surtout pour la fille en vérité. Il avait vraiment une drôle d'impression à son sujet. Il ne quittait pas le jeune homme des yeux cependant, s'assurant que sa magie faisait exactement ce qu'il voulait pour le soigner. A cause de cette guérison imprévue, son compagnon le rejoignit et Yué, son kirin noir vint s'asseoir à la place libre sur la nappe, observant attentivement ce qu'il se déroulait là. Enfin, Méliandre relâcha son ancien blessé et remua les épaules pour se détendre.

-As-tu encore mal ?

Il devait s'assurer que non alors qu'il s'installait plus confortablement sur sa nappe, rangeant un peu en attaquant le cookie. Bon. Il y mordit plus fortement et mâcha en attendant une réaction des deux autres. Observant la fille du coin de l'œil.

Décidément les choses étaient très embarrassantes … Alors que je lui tendais son cookie, qu'il prit, il m'attrapa le poignet. Et comme si ça n'était pas suffisamment difficile pour moi, une personne s'incrusta à cela pour me demander comment j'allais. Elle m'avait vu tomber … Elle avait l'air gentille, mais apparemment ce n'était pas l'impression que donnait le garçon, il semblait plus sceptique vis à vis d'elle. Il avait répondu de manière un peu sèche …

Alors qu'il commença à me soigner, il y avait ses manchettes qui brillaient un peu. C'était … à la fois étonnant et magnifique … Pourtant je n'avais toujours pas de sourire, trop peu de sourire en moi ! Mais mes blessures guérissaient, j'avais des étoiles dans les yeux, même si mon visage ne montrait aucune autre forme d'admiration. J'en écoutais à peine ce qu'il disait, mais quand il s'arrêta de me soigner, je regardais mes mains. Toutes les égratignures étaient parties.

« Euh … N … Non, je n'ai plus mal … »

Puis je réalisais qu'il avait demandé qui on était. Je devais lui répondre là ? Hein ? Oh personne en me répondrait à cette question ? Bon bah, je n'avais plus qu'à m'écouter moi même, je n'avais pas le choix. Du coup, devais-je répondre ? Certainement … Je pense que ça serait mieux … Je vis du coin de l’œil Tori, le faucon qui était mon familier. Il semblait toujours veiller sur moi, c'était certainement ce qu'il faisait actuellement, avec ma maladresse habituelle je devais l'inquiéter.

« Je … M'appelle Kakeru ... »

Bordel Kakeru, reprend toi ! Partage tes cookies … Ne reste pas sans rien faire …

Mais je n'arrivais presque plus à bouger, de peur de refaire une maladresse … Aussi, je pris un cookie, sans savoir si je devais en proposer un à la jeune fille. Ainsi, je restais immobile, avec un cookie dans la main.