Elle est face à la colline, au milieu de la tourmente. Le vent fouette son visage, arrache son manteau, s’infiltre dans ses poumons lorsqu’elle entrouvre les lèvres, menaçant de les faire exploser. La pluie recouvre ses lunettes roses, l’empêchant d’y voir clair. Elle n’a pas le temps de les retirer que leur verre cède au rythme d’un coup de tonnerre, envoyant des éclats dans ses yeux. Sa vision se teinte de rouge puis redevient claire alors qu’elle sent ses pieds décoller du sol. Juste à temps, elle s’agrippe à l’herbe. La tête en bas tandis que ses pieds sont happés par la force au-dessus. Elle avance, prise par prise. Elle veut voir ce qui se trouve au sommet de la butte. Des brins d’herbe restent en main à chaque fois qu’elle resserre sa poignée, un peu plus loin. Ses lèvres bougent mais le son ne sort pas. Elle se sent hurler, pourtant, mais la tempête parle plus fort qu’elle ne pourra jamais crier. Et alors qu’elle atteint le sommet de la colline, le vent la happe enfin. Ses mains arrachent de la terre par poignée, dans une tentative désespérée de rester arrimée au sol. Mais c’est un effort futile. Elle est projetée, poupée de chiffon dans la violence du vent. Juste avant d’être balancée dans la colère du ciel, elle a juste le temps de voir ce qui se trouve au sommet.
Un cercle de pierres.
Erin Kelly se réveilla en sursaut, en laissant s’échapper un cri.
Envie de vomir.
Dans sa main droite, la feuille de brouillon roulée en boule, maltraitée, qu’elle a empoigné dans son sommeil. Sous son visage, sa feuille de notes, ornée d’un point humide en son centre, la faute à la salive ayant coulé à la faveur de sa torpeur. On pouvait lire dessus "Réaménagement de la bibli". Des gribouillages improbables la recouvraient, gribouillages parmi lesquels on pouvait toutefois distinguer la forme de polygones supposés représenter tables, étagères, kiosques et des flèches en tous sens.
Elle se redressa dans sa chaise et prit conscience de son mal de dos lancinant. Son bras droit, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, lui faisait également souffrir le martyre. Elle avait également mal aux yeux, mais impossible de savoir si c’était dû à sa fatigue, ou s’il s’agissait d’une affliction purement psychologique liée à son cauchemar.
Pas d’envie de dormir.
Erin se leva. Lentement, fastidieusement. Encore un peu dans le coma, mais ça allait partir. Une fois debout, elle prit une grande inspiration, puis souffla. Lentement. Elle regarda sa montre. 3H34.
"Fuck."
Nuit blanche en perspective.
Envie de boire.
Elle se massa les yeux. D’un coup, elle sentit quelque chose agripper son épaule, et manqua de frapper dans le vide, par réflexe. Elle se calma en sentant la boule de plumes lui caresser le creux du cou. Dagda. La jeune femme gratta le haut du crâne de la petite chouette.
"Merci… Laisse-moi un peu d’espace s’il-te-plaît. J’ai des trucs à faire puis on va sortir un peu."
Dagda laissa s’échapper un petit hululement, puis s’envola jusqu’à son perchoir, plus loin dans la pénombre de la maison. Sa maîtresse se rendit dans la cuisine et but quelques gorgées d’eau à même le robinet. Elle laissa couler l’eau froide et passa sa main endolorie dessous. Après quelques secondes, ses paupières tombèrent d’elle-même et des images de la colline sous la pluie s’imposèrent à son esprit. Un spasme la parcourut et elle rouvrit les yeux. Son cœur battait la chamade. Elle plaça sa tête sous le robinet et resta là quelques instants, ses longs cheveux alourdis par l’eau raclant le fond de l’évier.
Elle finit par couper l’arrivée d’eau. Lentement, elle redressa la tête puis alla dans la salle de bain, balança une serviette propre sur son crâne et frotta vigoureusement. Elle n’avait pas la tête à utiliser la magie. Dans cet état, elle risquait de faire des erreurs idiotes. Erin eut le déplaisir d’apercevoir son reflet dans le miroir. Elle avait mauvaise mine. L’air en colère contre quelque chose. Une fois ses cheveux à peu près secs, elle se donna trois coups de peigne, deux de brosse, présenta son majeur tendu à son reflet et quitta la salle de bain.
Elle enfila un hoodie confortable et chaud par-dessus son haut de pyjama et un jogging par-dessus son bas. Elle enroula une écharpe autour de son cou et enfila une paire de baskets. Elle ne prit pas ses lunettes fétiches, son cauchemar lui ayant laissé un souvenir désagréable, trop récent. La bibliothécaire se saisit d’une bière dans son frigo et, après l’avoir décapsulée d’un coup sec contre le meuble de l’entrée, ouvrit la porte et s’engouffra dehors, rejointe expressément par Dagda avant qu’elle ne referme derrière elle.
Elle avait besoin de marcher un peu.
Un cercle de pierres.
Erin Kelly se réveilla en sursaut, en laissant s’échapper un cri.
Envie de vomir.
Dans sa main droite, la feuille de brouillon roulée en boule, maltraitée, qu’elle a empoigné dans son sommeil. Sous son visage, sa feuille de notes, ornée d’un point humide en son centre, la faute à la salive ayant coulé à la faveur de sa torpeur. On pouvait lire dessus "Réaménagement de la bibli". Des gribouillages improbables la recouvraient, gribouillages parmi lesquels on pouvait toutefois distinguer la forme de polygones supposés représenter tables, étagères, kiosques et des flèches en tous sens.
Elle se redressa dans sa chaise et prit conscience de son mal de dos lancinant. Son bras droit, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, lui faisait également souffrir le martyre. Elle avait également mal aux yeux, mais impossible de savoir si c’était dû à sa fatigue, ou s’il s’agissait d’une affliction purement psychologique liée à son cauchemar.
Pas d’envie de dormir.
Erin se leva. Lentement, fastidieusement. Encore un peu dans le coma, mais ça allait partir. Une fois debout, elle prit une grande inspiration, puis souffla. Lentement. Elle regarda sa montre. 3H34.
"Fuck."
Nuit blanche en perspective.
Envie de boire.
Elle se massa les yeux. D’un coup, elle sentit quelque chose agripper son épaule, et manqua de frapper dans le vide, par réflexe. Elle se calma en sentant la boule de plumes lui caresser le creux du cou. Dagda. La jeune femme gratta le haut du crâne de la petite chouette.
"Merci… Laisse-moi un peu d’espace s’il-te-plaît. J’ai des trucs à faire puis on va sortir un peu."
Dagda laissa s’échapper un petit hululement, puis s’envola jusqu’à son perchoir, plus loin dans la pénombre de la maison. Sa maîtresse se rendit dans la cuisine et but quelques gorgées d’eau à même le robinet. Elle laissa couler l’eau froide et passa sa main endolorie dessous. Après quelques secondes, ses paupières tombèrent d’elle-même et des images de la colline sous la pluie s’imposèrent à son esprit. Un spasme la parcourut et elle rouvrit les yeux. Son cœur battait la chamade. Elle plaça sa tête sous le robinet et resta là quelques instants, ses longs cheveux alourdis par l’eau raclant le fond de l’évier.
Elle finit par couper l’arrivée d’eau. Lentement, elle redressa la tête puis alla dans la salle de bain, balança une serviette propre sur son crâne et frotta vigoureusement. Elle n’avait pas la tête à utiliser la magie. Dans cet état, elle risquait de faire des erreurs idiotes. Erin eut le déplaisir d’apercevoir son reflet dans le miroir. Elle avait mauvaise mine. L’air en colère contre quelque chose. Une fois ses cheveux à peu près secs, elle se donna trois coups de peigne, deux de brosse, présenta son majeur tendu à son reflet et quitta la salle de bain.
Elle enfila un hoodie confortable et chaud par-dessus son haut de pyjama et un jogging par-dessus son bas. Elle enroula une écharpe autour de son cou et enfila une paire de baskets. Elle ne prit pas ses lunettes fétiches, son cauchemar lui ayant laissé un souvenir désagréable, trop récent. La bibliothécaire se saisit d’une bière dans son frigo et, après l’avoir décapsulée d’un coup sec contre le meuble de l’entrée, ouvrit la porte et s’engouffra dehors, rejointe expressément par Dagda avant qu’elle ne referme derrière elle.
Elle avait besoin de marcher un peu.