Contexte et intrigues
le contexte
“Au XVIII siècle le monde a subi un bouleversement immense dans son équilibre. Après plus de cent mille ans d’hégémonie, la magie de ce monde se meurt à mesure que son essence s'évapore.
En Europe et aux États-Unis, alors que les machines de métal et de vapeur florissaient dans les industries des grandes villes, l’utilisation de la magie avait déjà été effacée d’une grande partie des mœurs. Les alchimistes exubérants remplacèrent leurs flasques d’argent et leurs onguents de grenouille marinée à l’huile de géant par des blouses blanches et des protocoles de chimie moderne. Les harpies, les trolls ou les sirènes présents en grand nombre dans le monde du spectacle, sont détrônés par des inventions d’acier et d’électricité. Dans les assemblées constitutionnelles, les derniers conclaves de sorciers s’opposent aux économistes, ingénieurs et industriels. Ils tentent en vain de maintenir une présence magique au sein des villes, mais rien n’y fait.
Après une centaine d’années de lutte presque silencieuse aux oreilles de la population, les derniers bonshommes barbus aux chapeaux pointus disparaissent à l’annonce de la disparition supposée des dragons au profit des aéronefs technologiques. Ce sont bien ces mêmes pratiques qui ont fait disparaître les elfes, les fées et autres créatures fantastiques. Plus tard, lorsque la Grande Guerre éclate en 1914, la magie ne semble plus être qu’un lointain souvenir.”
Voilà comment narrent les professeurs d’histoire dans les différents collèges et lycées. Un changement comme il en existe d’autres au sein de l’Histoire. Les récits de puissants sorciers munis de sceptres ne relèvent aujourd’hui plus que du domaine de l’ancestral, tandis que l’apparence des créatures de ces temps est relatée dans les musées qui exposent avec fierté quelques rares squelettes de licornes ou de fées naturalisées.
Mais au creux d’un immense bosquet en Irlande, ce siècle est vu d’une manière plus amère. Cachée entre de grands pins majestueux se trouve une clairière où se dressent quelques bâtiments hétéroclites. Il s’agit de l’académie d’Hellébore, la dernière académie de magie du continent.
C’est un lieu bienveillant où se sont retrouvés les derniers amoureux de cette période fantastique. Pendant de longues années, nombreux sont ceux à avoir parcouru le monde afin de récupérer toute la connaissance si injustement perdue. Grimoires appartenant à la vieille tante, témoignages de petits enfants, manuscrits médiévaux ou encore stèles antiques, tout fut regroupé dans de vieux bâtiments en ruines. Le directeur, assisté par les entités de la forêt et quelques créatures magiques, rendit à ce petit “village” sa gloire d’antan. Depuis, on y enseigne la magie en quasi-secret, loin des maux du monde des personnes ordinaires. Loin du manque de magie dans l’air des landes polluées et saturées de technologie.
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Depuis une trentaine d’années, il arrive de rares fois aux personnes en âge d’aller au collège ou au lycée de recevoir la visite surprenante d’un être tout aussi particulier.
Un jeune homme aux vêtements longs, au chapeau pointu et au visage fin explique d’une voix douce et détachée à celles et ceux qui le reçoivent qu’ils ont un potentiel inné pour la magie. Que le monde ordinaire n’est probablement pas fait pour eux et qu’il serait même, pour les plus doués, dangereux pour leur santé à long terme.
Il leur parle de l’académie d’Hellébore. De ses professeurs, de ses pratiques et des créatures oniriques qui peuplent ses bois. Des ondines parcourant le lac et des murmures au fond des cavernes. Et il leur demande s'ils veulent le suivre. Il ajoute également que ce choix est unique et important, et que si la discussion se termine sur un refus, Ambrose disparaîtra de leur vie et de leurs souvenirs.
Alors, veux-tu suivre Ambrose ?